VIDÉO. « Garé comme une m... » : ils traquent les voitures garées sur les pistes cyclables

BICLOU, ÉPISODE 42. Des pistes cyclables franciliennes sont utilisées par certains comme des parkings automobiles ! Alors face au risque d’accident, quelques cyclistes ripostent.

    « Je me gare où je veux, et je vous e****** ». « Même une vache pose mieux sa bouse » ces slogans, le cycliste et YouTubeur 50 Euros les colle sur les voitures mal garées avec des stickers colorés.

    Sous le masque et les lunettes noires, se cache le visage de Raphaël* qui souhaite rester anonyme. Ce Rouennais s'est donné une mission : défendre les intérêts des cyclistes sur la route. « Je n'ai aucun problème avec les automobilistes dans leur grande majorité, ils ne nous veulent pas de mal », explique-t-il. « Le problème c'est les mauvais conducteurs, les gens qui se croient tout seuls sur la route ».

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    Au milieu de la voie face aux voitures

    Ce problème des voitures mal garées, Nicole Bunel, 65 ans, le rencontre quotidiennement dans sa ville d'Argenteuil (95). Sur un trajet d'environ 3 km, filmé par la caméra de Biclou, Nicole a rencontré 25 intrus motorisés sur sa piste cyclable.

    Alors, à chaque fois, la jeune retraitée cherche à avoir un dialogue avec les automobilistes. En doublant une femme mal garée, elle lui fait remarquer : « Vous voyez il y a une voiture qui arrive en face, eh bien je suis au milieu de la voie ». « C'est tous les jours comme ça » lui répond un autre automobiliste.

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    « Argenteuil est une ville de 114 000 habitants environ et elle a beaucoup de progrès à faire pour qu'on partage mieux l'espace public » explique Nicole en pédalant.

    Pour elle, il y a deux explications à ces écarts au code de la route des motorisés : des infrastructures pas très claires et trop peu de considération pour les cyclistes.

    « Les pistes cyclables sont délimitées par des bandes discontinues et certains automobilistes ne savent pas qu'on n'a pas le droit d'y stationner et même de s'y arrêter » précise-t-elle. Une solution ? Pour Nicole, elles devraient être peintes en vert, afin d'être plus visibles.

    Puni par 135 € d'amende

    Pour le Youtubeur cycliste 50 Euros, ce problème perdure en ville car les automobilistes ne sont pas suffisamment verbalisés. Près des Grands Boulevards, il s'apprête à coller un sticker sur une voiture garée sur une coronapiste (piste cyclable temporaire) quand il voit un policier à moto.

    50 Euros lui fait alors un signe du bras : « S'il vous plaît bonjour, est-ce qu'il est verbalisable ? » Le policier répond que oui. « Mais je suis sur une manifestation actuellement donc je ne peux pas la verbaliser. Appelez le commissariat de l'arrondissement, il va vous arranger » lui explique l'agent.

    Depuis 2015, se garer sur une piste cyclable ou un passage piéton, c'est considéré comme un « stationnement très gênant » aux yeux de la loi. Cette infraction est punie d'une contravention de 4e classe, d'un montant de 135 €.

    Selon les chiffres de la mairie de Paris, les verbalisations sont de plus en plus fréquentes. En 2019, le nombre de PV pour circulation et stationnement sur piste cyclable a augmenté de 46 % par rapport à 2018 (53 467 contraventions).

    Mais 50 Euros lui, a sa méthode. Ses petits stickers, qu'il a fait lui-même, arborant des slogans anti voitures mal garées. « Je milite sur le terrain pour les gens qui n'osent pas le faire » précise-t-il. « Je pense à tous les gens qui marchent dans leur quartier et ont tout le temps des problèmes sur les trottoirs et les passages piéton ».

    Un peu plus loin, un homme au premier étage intrigué par le bruit que fait 50 Euros autour d'une voiture mal garée, lui jette lui aussi des stickers par la fenêtre. « Il vient de me jeter des autocollants GCUM (Garé Comme Une M****) » dit 50 Euros. « Excellent ! C'est magique, ça tombe du ciel ».

    Protège ta piste

    Derrière toutes ces tensions sur la route, il y a surtout le problème d'une ville saturée, avec des infrastructures pas toujours très adaptées. Les pistes cyclables temporaires, construites au premier déconfinement et baptisées « coronapiste », cristallisent beaucoup de tensions.

    Avenue Charles-de-Gaulle aux abords de La Défense, l'une d'entre posait de nombreux problèmes. Peinture jaune très effacée, pas de démarcation physique, les cyclistes qui l'empruntaient devaient se frayer un chemin entre les voitures qui utilisaient la piste pour stationner.

    Alors le 11 février 2021, Nicole Bunel et ses camarades militants pro vélo de l'association Mieux Se Déplacer A Bicyclette, ont organisé une opération « Protège ta piste ». Le principe? Constituer une chaîne humaine de cyclistes tout le long de la piste pour être visibles et protéger ceux qui l'empruntent.

    Le tout dans une ambiance joyeuse. Nicole félicite ceux qui se déplacent à vélo « Bravo ! Bonne journée ».

    Ces opérations ont parfois des conséquences très concrètes sur le terrain. Car cinq jours après la petite manifestation, la piste a reçu un nouveau coup de peinture, la rendant ainsi bien plus visible.

    *Le prénom a été modifié