VIDÉO. Prendre le train avec son vélo : plus facile à Strasbourg qu’à Paris

BICLOU, la série vélo du « Parisien ». Avec ses trains équipés de 18 places pour les vélos, la région de Strasbourg est un petit eldorado pour les vélotafeurs qui choisissent l’intermodalité, une pratique qui combine plusieurs moyens de transport pour un même déplacement.

    BICLOU, ÉPISODE 44 - Il est 7h30 du matin, Guillaume Andres fonce au travail. Casqué, vêtu d’une veste jaune fluo, il file sur son vélo, mais seulement pour quelques minutes. Arrivé à la gare de Hœrdt (Bas-Rhin), il descend déjà de sa monture pour monter à bord d’un train, direction Strasbourg. La bicyclette trouve facilement un endroit où se loger dans la rame et le cycliste une place assise. Un siège depuis lequel, Guillaume peut observer les voitures au ralenti sur l’autoroute qui mène à la capitale alsacienne.

    Le jeune homme de 25 ans qui possède aussi une voiture, savoure son choix de vélotafeur intermodal, « On n'a pas les bouchons, on peut se vider la tête sur le trajet ». Cette option est possible car Guillaume vit dans une région où les trains comportent beaucoup plus d'emplacements pour les vélos non démontés que dans les autres régions de France.

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    Mettre son vélo dans le train à Paris, mission impossible

    Dix-huit places dédiées au vélo dans le train de Guillaume contre une moyenne nationale de 6 emplacements par rame. C'est beaucoup lui demande-t-on, « Non, pas forcément quand on regarde aux Pays-Bas, il y a des wagons entiers pour les vélos », répond-il, envieux.

    La SNCF indique que 95 % des TER sont équipés de places pour les vélos. Mais le problème c'est que de nombreux trains régionaux, comme le Transilien en Ile-de-France interdisent les bicyclettes aux heures de pointe en semaine, donc aux moments où la majorité des vélotafeurs aimeraient pouvoir le prendre. Pour emprunter le Transilien avec son vélo il faut soit se lever très tôt, soit avoir des horaires de travail très décalés. Les vélos y sont en effet autorisés du lundi au vendredi avant 6h30, entre 9h30 et 16h30 et après 19h30.

    Une solution pratique et écologique pour le vélotaf longue distance

    Tripler la part modale du vélo à l'horizon 2 024 c'est l'une des ambitions de l'Etat pour répondre aux objectifs fixés par la Loi d'Orientation des Mobilités (LOM). Permettre aux navetteurs d'emporter leur vélo dans le train est l'un des moyens d'atteindre cet objectif. La combinaison train-vélo ou vélo-train est une solution pratique et écologique pour les personnes qui travaillent loin de leur domicile.

    Guillaume habite à 20 km de Strasbourg, son train régional lui permet donc de faire cette première partie de déplacement sans transpirer. En quittant les rails, il roule ensuite 7 km sur son biclou pour gagner son bureau à Illkirch (Bas-Rhin). Même si l'ingénieur est très sportif, un trajet à vélo de plus de 50 km aller-retour, serait difficilement tenable au quotidien.

    Virginie utilise deux vélos différents chaque jour

    Virginie Haumbrecht, chargée de communication à Strasbourg, a trouvé une solution pour éviter le problème des heures de pointe : elle utilise deux vélos. Un premier vélo au départ de son domicile, à Eckwersheim (Bas-Rhin), pour gagner la gare où elle stationne son véhicule. Et un deuxième vélo qu'elle laisse dormir sur le parking de la gare de Strasbourg et qu'elle récupère en arrivant.

    Et c'est bien la question du stationnement à proximité des gares qui est l'une des clés de l'intermodalité comme le souligne Antoine Coué chargé d'études pour Vélo et Territoires. « On ne pourra jamais proposer assez de places dans les trains pour absorber le flux de vélotafeurs, le vrai défi de la SNCF, c'est de garantir des places de parking sécurisées au départ et à l'arrivée de ses trains ».

    SNCF Gares & Connexions a inscrit dans son plan stratégique, en septembre dernier, l'objectif de construire 70 000 places supplémentaires de stationnement sécurisés. Aujourd'hui le gestionnaire des gares de France en propose 19 000.

    « On a retiré le vélo des TGV »

    Le choix d'équipement pour les trains régionaux relève de la compétence des Conseils régionaux. Ainsi, certains vont favoriser l'accès au vélo et d'autres le bloquer. Pour les lignes nationales, la SNCF a connu plusieurs périodes que nous détaille Erick Marchandise de l'association CyclotransEurope.

    « Les TGV à un étage qui circulent depuis une trentaine d'années, vont être réformés, à leur bord, on comptait 4 places pour les vélos. » C'est ce type de TGV qui relie encore Paris à Strasbourg.

    « De 2 000 à 2 010 on a mis en service les TGV à deux étages et retiré le vélo des TGV. Pour la période 2 020 à 2030, la SNCF remet les vélos dans le train. On espère que cela va mettre moins de dix ans », conclut Eric Marchandise.

    À l'avenir, le transporteur public ne pourra plus jamais ignorer la petite reine, un décret de janvier 2021 l'oblige à prévoir huit emplacements à vélo dans tout train neuf ou rénové.

    Le casse-tête des réservations de billets

    De nombreuses autres améliorations sont attendues par les cyclistes, comme des efforts sur l'accessibilité, avec des rampes ou ascenseurs pour accéder aux quais. Ou encore des progrès sur les informations en ligne.

    Aujourd'hui lors de l'achat de billets de train, il est encore très difficile de savoir si l'on peut réserver une place pour son vélo, même si la SNCF donne des conseils en ligne. Pour s'y retrouver, l'association CyclotransEurope propose également un guide téléchargeable gratuitement « Voyager en train avec son vélo ».

    Retrouvez tous les épisodes de la série Biclou.