Départementales dans les Yvelines : à Mantes-la-Jolie, le « front républicain » pour le second tour, c’est du passé
Les différents candidats éliminés au premier tour peinent à communiquer lisiblement sur les consignes de vote. Beaucoup on axé leur campagne en opposition au LR sortant Pierre Bédier, mais il se refusent également à soutenir le Rassemblement national.
Surtout, ne pas donner l’impression d’appeler à voter le Rassemblement national. Au lendemain du premier tour des élections départementales sur le canton de Mantes-la-Jolie qui ont vu Pierre Bédier (LR) arriver en tête devant Cyril Nauth (RN), les vaincus rivalisent d’euphémismes pour les consignes de vote du second tour. Avec une obsession : éviter de favoriser le parti de Marine Le Pen.
Après une campagne consacrée à dénoncer le « système Bédier » ou à « en finir » avec l’homme fort des Yvelines, les défaits sont désormais devant un dilemme : faut-il faire barrage au RN quitte à favoriser Pierre Bédier ? Ou empêcher ce dernier au risque d’appeler à voter Le Pen ?
Pour répondre à ces questions simples, il faut toutefois se munir d’un décodeur. Le binôme Marc Jammet-Binta Sy (DVG) estime ainsi qu’ « aucune voix ne doit aller sur le candidat du Rassemblement national. Pour autant la candidature de Pierre Bédier ne peut pas représenter une issue », écrivent-ils dans un communiqué. Pour Khadija Moudnib (LREM), les électeurs ont le choix entre « la peste et le choléra ». Selon elle, « ces deux candidats mèneront le Mantois dans le mur ».
« En gros, c’est à vous de voir »
Chez Audrey Hallier et Dylan Guelton (union de la gauche avec les écologistes), « le vote RN n’est en aucune façon un moyen de combattre le clientélisme (…). Nos électeurs prendront leur décision (…) en faisant ce qu’ils estiment être le moins pire. »
Même si personne n’appelle formellement à voter Rassemblement national, il n’est plus évoqué, comme par le passé, de « front républicain ». Si bien qu’aucune consigne claire ne se dégage. « En gros, c’est à vous de voir », dit un élu local, dans un canton où l’abstention s’élevait à 72,48 % au premier tour.
« Cette posture n’est pas illogique, défend un bon connaisseur du milieu politique local. Personne, même s’il déteste Pierre Bédier, ne prendra le risque d’appeler à voter Cyril Nauth. C’est intenable politiquement, vis-à-vis des partis de tutelle et c’est le genre de décision qui peut vous poursuivre toute une vie. Quant à appeler à voter pour Pierre Bédier, c’est compliqué : l’essentiel de leur campagne a été concentré sur lui. Derrière les discours publics, j’aurais aimé que l’un d’entre eux nous dise ce qu’il va faire à titre privé. C’eut été plus courageux ! »