Les carrières menacent-elles le classement du parc du Vexin ?

Le président de la fédération française des parcs régionaux s’est rendu ce jeudi dans le Vexin où un projet de carrières à ciment inquiète. Il n’a pas hésité à dénoncer le manque de concertation de l’Etat sur ce dossier.

 Brueil-en-Vexin, jeudi. Michaël Weber (au premier plan), préside la fédération des parcs naturels régionaux. Il se montre inquiet des projets de carrières.
Brueil-en-Vexin, jeudi. Michaël Weber (au premier plan), préside la fédération des parcs naturels régionaux. Il se montre inquiet des projets de carrières. LP/Mehdi Gherdane

    Un déplacement et un soutien ferme. Ce jeudi, le parc du Vexin a reçu la visite de Michaël Weber, le président de la fédération des parcs naturels régionaux de France.

    À la tête de 53 parcs, ce responsable est venu constater, sur le terrain, les conséquences du projet de carrières à ciment. Pour rappel, Calcia envisage d'exploiter 74 ha de terre à l'intérieur d'une zone classée de 550 ha pour y extraire du calcaire.

    Du côté opposants, tous les voyants sont au rouge : le dossier a reçu l'avis favorable de l'enquête publique (avec des réserves). et la préfecture des Yvelines ne s'y est pas opposée.

    Une politique que Michaël Weber n'hésite pas à dénoncer, sans nuances. « Sur ce type de projet, nous n'avons pas d'opposition de principe car on peut très bien réaliser des carrières exemplaires, précise-t-il. Mais il faut le dire : la concertation a été moyenne. L'Etat ne doit pas oublier que la charte du parc naturel régional du Vexin l'engage aussi. »

    LP/Mehdi Gherdane
    LP/Mehdi Gherdane LP/Mehdi Gherdane

    « On peut imaginer exclure cette partie du périmètre »

    Devant les paysages du Vexin qui vallonnent sur des dizaines de kilomètres, le président émet des doutes sur les promesses de Calcia de limiter l'impact visuel de ses activités futures. À ses côtés, Bruno Caffin, le maire (DVD) de Brueil-en-Vexin et premier opposant au projet, souligne également les conséquences environnementales.

    L'élu ne cache pas, non plus, une inquiétude qui pointe depuis quelque temps : avec ces carrières, le Vexin pourra-t-il garder son label de parc naturel régional ? « La question pourra se poser au regard des conséquences de ces activités, reconnaît Michaël Weber. On peut imaginer aussi exclure cette partie du périmètre. »

    Le dossier est désormais dans les mains du ministre de la Transition écologique. Son avis est attendu d'ici à la fin du mois de juin mais les élus locaux se montrent pessimistes. « En cas de mauvaise nouvelle, la judiciarisation aura son utilité, prévient Marc Giroud, président du parc du Vexin. Sur le plan du droit, l'Etat n'a pas joué son rôle de protection de l'environnement. »

    UN DOSSIER VIEUX DE PRESQUE 25 ANS

    1914 : Ouverture d'une cimenterie à Gargenville. Le calcaire, qui permet de produire le ciment, est puisé à Juziers et Guitrancourt.

    Janvier 1995 : Face à l'épuisement des réserves souterraines, le gouvernement lance l'idée de la création d'une zone spéciale dans le Vexin pour y puiser du ciment.

    Mai 1995 : Création du parc naturel régional du Vexin.

    Septembre 1995 : L'AVL3C, une association opposée au projet, est créée.

    Mai 2015 : le projet est déclaré d'intérêt général.

    Septembre 2018 : les élus de la communauté urbaine rejettent le projet.