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IL FAUT RESTER "CHARLIE" !

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IL FAUT RESTER "CHARLIE" !

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Les Français sont un grand peuple. Nous l'avions oublié. Ils l'avaient oublié. Et puis, tout à coup, l'espace d'un week-end, cette formidable explosion de patriotisme, la Marseillaise et les drapeaux tricolores, depuis longtemps confinés aux terrains de sport, les cris de «vive la France» qui éclatent d'un peu partout. La République et ses valeurs, que d'aucuns avaient décrétées ringardes, revendiquées avec force, avec conviction. Oubliées, les fausses pudeurs du cosmopolitisme. Et les signes politiques, tous les signes politiques, gentiment priés d'aller se faire voir ailleurs.

Gentiment. Dans les manifs politiques, syndicales ou culturelles, il est de bon ton d'afficher une virilité bourrue. Dimanche, c'était autre chose : les gens, imaginez-vous cela, étaient polis. Ils se respectaient. Ils se considéraient. Quand ils se heurtaient malgré eux, ils s'excusaient ; ils faisaient place aux voitures d'enfant, aux vieilles personnes. Un million et demi de personnes ont défilé dans l'ordre, sans slogans imbéciles, sans une bousculade, sans un incident, sans casseurs de fin de parcours. J'ai vu non loin de moi une vieille dame en astrakan, svelte et droite, défiler auprès d'un «jeune» habillé en rappeur, pantalon bouffant taille basse. C'était le métro à 18 heures. On avait, pour un jour, aboli les classes sociales, sans Marx, sans les sociologues, sans la révolution. A moins qu'il n'y ait là l'amorce d'une révolution. Ou mieux encore, tenez : le souvenir de la Révolution, qui n'a pas besoin de millésime et qui se contente d'une majuscule.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne