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Claude Guéant a été interrogé par une commission d'enquête parlementaire à Bruxelles au début du mois de mai.
Claude Guéant a été interrogé par une commission d'enquête parlementaire à Bruxelles au début du mois de mai.

Claude Guéant placé en garde à vue... pour une autre affaire, le "Kazakhgate"

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L'ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy est soupçonné d'avoir joué un rôle d'intermédiaire en 2011 pour permettre à des hommes d'affaires proches du président du Kazakhstan d'éviter un procès. Laissé libre, Claude Guéant est cependant convoqué par le juge d'instruction en vue d'une mise en examen.

Les enquêteurs de la police judiciaire commencent à très bien le connaître. La semaine passée, Claude Guéant a une énième fois été placé en garde à vue et interrogé par la PJ, cette fois-ci dans le cadre d'une nouvelle affaire, le "Kazakhgate". Reparti libre de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), l'ex-ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy a cependant été convoqué par le juge d'instruction, et devrait être mis en examen d'après le Journal du dimanche.

Le dossier, encore relativement flou, remonte au 27 juin 2011. A l'époque, la France signe un contrat avec le Kazakhstan, qui lui achète 45 hélicoptères pour environ 2 milliards d'euros. Il pourrait y avoir un loup dans cette transaction : quelques semaines auparavant, en Belgique, le parlement avait voté une loi de "transaction pénale" permettant à trois ressortissants ouzbeks et kazakhs, proches du président du Kazakhstan, d'échapper à un procès en échange du paiement d'une amende. Les enquêteurs soupçonnent le pouvoir français d'avoir fait pression sur des parlementaires belges afin qu'ils votent la loi. La contrepartie de ce sauvetage politico-judiciaire, auprès du chef d'Etat kazakh Noursoultan Nazarbaïev : la signature du juteux contrat d'hélicoptères. Dans ce cadre, les policiers ont interrogé Claude Guéant sur les relations qu'il entretenait avec deux hommes déjà mis en examen : Jean-François Etienne des Rosaies, un ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, et Aymeri de Montesquiou, ex-sénateur UMP.

Claude Guéant, un homme d'affaires... judiciaires

Membre éminent de la sarkozie, Claude Guéant, 73 ans, était redevenu avocat en 2012 après avoir été successivement secrétaire général de l'Elysée puis ministre de l'Intérieur. En 2013, il est devenu conseiller stratégique d'un groupe minier opérant en Afrique. Surtout, depuis la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, son homme-lige va d'affaires judiciaires en affaires judiciaires : il est mis en examen dans deux dossiers, celui du financement libyen de la campagne électorale de 2007 et celui des sondages de l'Elysée. Dans l'affaire Kadhafi, son domicile a été perquisitionné et ses biens immobiliers saisis.

Surtout, en janvier 2017, Claude Guéant a été condamné à deux ans de prison ferme pour avoir reçu des primes en liquide sur des fonds destinés à des enquêtes policières, lorsqu'il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministre de l'Intérieur. Mentionnons également la mise en examen de Guéant dans l'affaire des "tableaux flamands", ou son rôle clef joué dans l'affaire Tapie-Crédit lyonnais d'après le parquet (même s'il a été épargné au moment des réquisitions). Le "Kazakhgate" vient donc s'ajouter à un historique judiciaire bien chargé.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne