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Nicolas Hulot a peut-être compris le coup du chantage à la démission...
Nicolas Hulot a peut-être compris le coup du chantage à la démission...
Francois Mori/AP/SIPA

Démission de Nicolas Hulot : coup de com' ou réalité ?

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La menace d'une démission imminente de Nicolas Hulot plane-t-elle vraiment, ou s'agissait-il plutôt d'un coup politique pour peser dans les discussions sur les futurs dossiers du ministre de l'Ecologie...

Partira, partira pas ? Quand France Inter annonce, ce mercredi dans un indiscret, que Nicolas Hulot pourrait être sur le point de claquer la porte du gouvernement, c'est l'effervescence dans le milieu politico-journalistique : le ministre phare d'Emmanuel Macron s'éteindrait après moins de six mois ! Sur la même radio, ce jeudi 12 octobre face à Léa Salamé, l'écologiste est venu dégonfler ce qu'il a appelé des "rumeurs urbaines", s'étonnant de découvrir dans les médias ses "propres états d'âme". Et d'assurer : "Tout va bien. (...) Nous avançons, plus que pas à pas. Ce qui est très important, c'est de ne pas avoir de petites ambitions mais des grandes ambitions quitte, parfois, à prendre un peu plus de temps (...) Aujourd'hui, je me sens très utile".

L'épée de Damoclès reste néanmoins suspendue au-dessus du gouvernement, estime un cadre important de LREM, macroniste de la première heure et qui nous résume d'une formule l'équation Hulot : "La question avec lui, ce n'est pas de savoir s'il va démissionner mais quand il va démissionner !" Une crainte alimentée par l'étiquette absolutiste du personnage. Pascal Durand, compagnon de route de longue date, soulignait ainsi auprès de Marianne dès la nomination de Hulot au gouvernement, que "Nicolas, lui, arrive seul. Il ne dépend d'aucun parti, il est totalement autonome. Et s'il voit qu'il perd tous les arbitrages qui sont pourtant inscrits dans le projet de Macron, il n'hésitera pas une seule seconde pour claquer la porte".

Or justement, depuis son arrivée en Macronie, le successeur de Ségolène Royal à l'Ecologie est loin de gagner à tous les coups... "Je vois bien que sur les arbitrages, que ce soit sur les hydrocarbures, sur le nucléaire, sur les état généraux de l'alimentation, c'est dur pour lui", constate aujourd'hui Pascal Durand, qui prévient : "Après des années à se tenir à l'écart des fonctions politiques, Nicolas n'a pas accepté de devenir ministre pour passer les plats". Dans un entretien au Parisien l'intéressé ne dit pas autre chose : "Il est beaucoup trop tôt pour faire le bilan (...). Le moment venu, j'évaluerai mon utilité. Si je m'aperçois à ce moment-là que je ne fais qu'accompagner la misère, alors je retournerai chez moi."

Je vois bien que sur les arbitrages, que ce soit sur les hydrocarbures, sur le nucléaire, sur les état généraux de l'alimentation, c'est dur pour lui
Pascal Durand

Or selon David Cormand, le patron d'EELV, la situation de l'écologie en France n'a pas franchement avancé depuis le mois de mai. "Nous ne sommes pas dans la politique des petits pas, là, mais dans la marche arrière ! Par rapport aux engagements de la COP 21, les choix de la France sont des reculs", critique-t-il. Un autre écologiste se montre encore plus grinçant : "Macron a délégué la représentation de l'écologie à Hulot, les arbitrages aux lobbies".

Hulot, un politique comme les autres ?

Pourtant, Nicolas Hulot est toujours à son poste. Ce qui pose cette question : la rumeur d'une prochaine démission aurait-elle été stratégiquement propagée par son propre camp ? Histoire de peser dans les futures discussions sur Notre-Dame-des-Landes, par exemple. Sur ce sujet, ce jeudi matin, le ministre a glissé l'air de rien : "On connaît ma position, chaque chose en son temps. D'ici décembre (...) je prendrai mes responsabilités, quand la décision sera prise". A bon entendeur...

Alors, Nicolas Hulot serait-il devenu un politique comme les autres ? "Franchement, Nicolas est quelqu'un d'assez unidimensionnel, ce n'est vraiment pas le genre à faire des coups de billard à quatre bandes" contredit, sceptique, l'un de ses proches. Même si celui-ci note tout de même un changement d'attitude chez son camarade la dernière fois qu'ils se sont croisés : "J'ai été surpris, il s'est assez bien coulé dans son personnage de ministre. On sent qu'il aime ça". Au point, peut-être, de s'être pris au jeu.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne