Principaux partenaires de la France en matière d’armement, les héritiers de Bismarck sont loin de toujours jouer franc-jeu, quitte à mettre nos coopérations en péril.
Non, rien de Rhin… Dans la partie de poker menteur qui oppose nos complexes militaro-industriels nationaux, les Allemands jouent pour ne rien regretter. Terre, air, mer, cyber : ils reviennent en force. Dernier exemple en date : les difficultés rencontrées par le Système de combat aérien futur, le Scaf, avion de combat censé remplacer le Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols à l’horizon 2040. Si un accord semble désormais proche, le PDG de Dassault, Éric Trappier, envoyait un mayday le 10 mars devant la commission Défense du Sénat. Selon lui, la voracité industrielle de nos voisins, désireux d’étendre bien au-delà des accords bilatéraux initiaux la part du made in Germany dans la conception, puis la fabrication, du Scaf, mettrait l’ensemble du projet en péril.
Le Scaf, qui réunit en fait un avion de combat, des drones et un « cloud tactique » (interactions approfondies entre combattants), doit être développé selon le principe du « best athlete ». Autrement dit, celui qui sait le mieux faire a les commandes dans son domaine de prédilection. Logiquement, c’est donc Dassault qui a hérité du pilotage du NGF, nom de code de l’avion au cœur du Scaf. Ce qui défrise à la fois l’État allemand, qui « refuse la proposition française d’assurer le leadership » selon Trappier, tout comme la branche germaine d’Airbus, laquelle « doit admettre que le leader est Dassault pour effectuer les arbitrages de maîtrise d’œuvre ».