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Ophélie est gérante de l'hôtel restaurant Le Clemenceau. Pendant la campagne betteravière, l'hôtel est complet. Avec 3000 euros de facture d'électricité et de Gaz, Ophélie a du mal à se verser un salaire. Après un an ouvert 7 jours sur 7, elle s'accorde une semaine de vacances.
Ophélie est gérante de l'hôtel restaurant Le Clemenceau. Pendant la campagne betteravière, l'hôtel est complet. Avec 3000 euros de facture d'électricité et de Gaz, Ophélie a du mal à se verser un salaire. Après un an ouvert 7 jours sur 7, elle s'accorde une semaine de vacances.
© Jeanne Frank / Divergence pour Marianne

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À Étrépagny, entre sentiment d’abandon et peur de l’étranger, "on se défoule dans l’isoloir"

Grosse colère

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Lors du second tour de l’élection présidentielle, la commune de près de 4 000 habitants de l’Eure a voté à 60 % pour Marine Le Pen. Un vote par dépit tant ces Normands semblent déçus par l’État.


Dernier service avant une courte pause. La semaine prochaine, Ophélie sera en vacances. « Une première depuis un an », souffle la patronne du Clemenceau, ancien relais de diligence devenu bar-PMU à Étrépagny, commune de 4 000 âmes de l’Eure. Depuis qu’elle a repris l’affaire, la tenancière « ne se paie pas tous les mois », au point de regretter, parfois, son ancien statut d’employée. Et ce n’est pas faute d’enchaîner les heures, le rade au charme décati est ouvert 7j/7 de 7 heures à 19 heures. Mais la patronne croule sous les charges. Entre les chambres d’hôtel à l’étage accueillant les saisonniers pendant la période de la betterave, la salle à manger et son buffet froid séparés de la partie bar dont les murs couleur absinthe conservent les moulures apparentes, la facture d’énergie s’envole : « Il faut compter environ 3 000 euros par mois de factures d’électricité et de gaz pour chauffer les 400 m2. Je ne m’en sors pas ! » Alors, quand Bruno Le Maire annonce une hausse de 10 % d’électricité, elle voit rouge. « On tape toujours au porte-monnaie des petits pour donner aux grandes villes », soupire-t-elle. « On n’est pas persécutés mais presque. » A-t-elle voté RN, comme 60 % des résidents de la commune, en guise d’exutoire ? Entre un ballon de rosé servi et un dernier ticket de loto encaissé, elle n’en pipera pas mot. « Même si, je peux comprendre ce choix », glisse-t-elle avant de disserter sur deux France qui se font face et dont l’une semble oubliée par l’État… la sienne.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne