En visite à Mayotte ce samedi 20 avril, la patronne des députés Rassemblement national s'est dite « fâchée » contre son allié allemand à Bruxelles, l'AfD, qui ferait mieux, selon elle, de « s'occuper des problèmes de l'Allemagne » plutôt que de questionner l'appartenance de l'archipel à la France.
Le groupe vit bien. De passage à Mayotte ce samedi 20 avril, Marine Le Pen a confié être « fâchée » contre son allié au Parlement européen, l'AfD (Alternative pour l'Allemagne), qui « ferait mieux de s'occuper des problèmes » de son pays au lieu de questionner l'appartenance de l'archipel à la France.
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Motif de cet agacement ? Une question écrite adressée au Bundestag, cette semaine, dans laquelle le premier parti d'extrême droite d'outre-Rhin appelle le gouvernement fédéral « à prendre position sur les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies selon lesquelles la France doit restituer l'archipel de Mayotte à l'Union des Comores ».
Parallèle « maladroit » avec la Crimée
Lors de la proclamation de l'indépendance des Comores, les habitants de Mayotte ont choisi de rester en France par deux référendums organisés en 1974 et 1976. Un troisième référendum, en 2009, avait ensuite fait de Mayotte un département.
Des faits historiques sur lesquelles la cheffe de file du RN à l'Assemblée nationale compte bien s'appuyer pour tenir tête à son homologue allemand. « Je vais leur expliquer la raison pour laquelle les Mahorais ont par trois fois déjà exprimé leur souhait d'être Français », a-t-elle assuré au cours de sa visite.
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Interrogé par l'AFP après le coup de gueule de Marine Le Pen, un porte-parole de l'AfD, Matthias Moosdorf, a déclaré que son parti n'avait « pas imaginé que le RN serait contrarié par cette question », qui viserait d'abord l'ambivalence pratiquée par le gouvernement allemand sur les référendums d'autodétermination – ce dernier n'a pas reconnu le résultat de celui organisé en Crimée en 2014.
« Ce parallèle avec la Crimée est particulièrement maladroit », a rétorqué la patronne des députés RN, martelant qu'elle souhaitait donner « quelques leçons de géopolitique » à ses alliés. À quelques semaines des européennes, les relations entre les deux partis du groupe « Identité et démocratie » au Parlement – déjà refroidies après la révélation d'un projet secret de « remigration » des Allemands « non intégrés » si l'AfD arrivait au pouvoir – sont plus tendues que jamais.