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Emmanuel Macron a voté au Touquet ce 20 juin 2021.
Emmanuel Macron a voté au Touquet ce 20 juin 2021.
AFP

Régionales : abstention record, prime aux sortants, RN plus bas que prévu

Isoloirs vides

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Moins d'un tiers des Français ont voté ce dimanche 19 juin pour le premier tour des régionales et départementales. Ce scrutin a par ailleurs été marqué par les bons résultats des présidents de région sortants et un résultat moins bon que prévu pour le Rassemblement national.

À la fermeture des derniers bureaux de vote, à 20h, l'abstention atteindrait entre 66,1% et 68,6%, selon les estimations des instituts de sondage, soit un record d'abstention tous scrutins confondus en France hors référendum. L'abstention la plus élevée pour un premier tour des régionales datait de 2010 avec 53,67%. Le taux de participation était déjà en baisse à la mi-journée, s'établissant à 12,22 %. « Le niveau de l'abstention est particulièrement préoccupant », a jugé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Prime a été donnée aux sortants à gauche et surtout à droite, déjouant la plupart des sondages qui prédisaient une forte poussée du RN, finalement assez contenue. La majorité présidentielle, elle, reste à un étiage bas. La droite détient sept régions, enregistre de bons résultats, à commencer par Xavier Bertrand (ex-LR), en bonne posture pour conserver les Hauts-de-France et qui compte faire de ce succès une rampe de lancement pour l'élection présidentielle de 2022. Selon les estimations, Xavier Bertrand réunirait entre 39% et 46,9% des voix, très loin devant son concurrent du RN Sébastien Chenu (22,5% à 24,4%).

Même scénario pour le président d'Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez (LR), donné à plus de 45%, avec plus de 30 points d'avance sur la candidate des Verts Fabienne Grébert ou le prétendant du RN Andrea Kotarac.

Bureaux de vote fermés à Marseille

La désaffection électorale sans précédent a sans doute été aggravée par les nombreux incidents recensés tout au long de la journée, alors que la fin de la campagne avait déjà été marquée par les ratés dans la distribution des professions de foi et des bulletins de vote.

L'exemple de couac le plus inquiétant a été relevé à Marseille où les électeurs de 34 bureaux ont trouvé porte close à 8 heures ce dimanche, selon la préfecture. Une dizaine de bureaux n'a pas ouvert avant 11 heures. Une électrice du XIe arrondissement, Béatrice Reinische, a fait part à l'AFP de son désarroi. « A 09 h 00, dans mon quartier de la Valentine, il y avait un attroupement devant le bureau, le vigile nous a dit que c'était fermé, qu'il fallait repartir, sans plus d'info (...) Mon fils de 18 ans votait pour la première fois, mais il a dû partir loin de Marseille pour la fête des pères, il ne reviendra pas voter plus tard, c'est une atteinte à nos droits! » a-t-elle dénoncé.

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Contactée par l'AFP, la direction générale des services de la mairie de Marseille a expliqué avoir été confrontée à « un problème de mobilisation des assesseurs : sur 481 bureaux, 40 présidents ne sont pas venus récupérer leur sacoche samedi. »

La mairie a procédé à des réquisitions, parmi des fonctionnaires, mais sur les 40 présidents réquisitionnés, 20 manquaient à l'appel. L'opposition de droite à la mairie de gauche a jugé « absolument inacceptable de constater cette désorganisation qui aura sans doute un véritable impact sur le libre choix des électeurs et favorisera l'abstention », dénonçant « au mieux une faute grave, au pire, une tentative de tripatouillage électoral ».

Regrets de la municipalité de Marseille

Le député de Marseille Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) s'est indigné sur Twitter, faisant référence à l'absence d'accord entre son mouvement et les autres partis de gauche : « À #Marseille l'union de la gôche (sic)plus efficace pour ostraciser LFI que pour organiser la démocratie : 34 bureaux de vote fermés ! La honte. Que vaut une telle élection ? ».

« Nous regrettons que des Marseillaises et des Marseillais aient eu à patienter ce matin afin de pouvoir voter », a écrit pour sa part la coalition de gauche du Printemps marseillais, qui dirige la ville, dans un communiqué, fustigeant « l'attitude de la droite locale sur les réseaux sociaux et les médias visant à faire enfler une polémique ».

La sincérité du scrutin en question

La pénurie d'assesseurs a été constatée dans d'autres régions françaises : le premier adjoint au maire de Saint-Etienne (Loire), Gilles Artigues (UDI) a témoigné que « les habituels assesseurs militants étaient cette année en nombre insuffisants ». Grâce à une mobilisation par affichage et par SMS, une soixantaine de personnes ont été recrutées, sans qui « nous ne serions pas arrivés à tenir tous les bureaux ouverts de 8 heures à 20 heures ». Un problème qui risque de s'accentuer au second tour, estime le cabinet du maire LR : « Cela sera encore plus compliqué (...) pour mobiliser les assesseurs dont les candidats ne seront pas qualifiés dimanche prochain ».

A Cousolre (Nord), c'est un autre problème qui a été soulevé : « Nous avons constaté qu’il n’y avait pas de bulletin pour la liste d’union de la gauche et des écologistes », a déclaré à l’AFP Benjamin Saint-Huile, maire socialiste de la commune voisine de Jeumont et président de l’agglomération de Maubeuge, lui-même en troisième position sur cette liste. Très surpris que le Garde des Sceaux, qui a voté dans cette commune, n'ait pas relevé cette erreur, l'élu estime que « si sur les quatre premières heures de vote aucun électeur n’a pu choisir ce bulletin, cela pose la question de la sincérité du scrutin ».

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne