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Est-il plus écologique de magasiner en ligne ou en magasin?

Par Maxime Johnson
Stokkete/Shutterstock.com

Quelle option est la meilleure pour la planète : acheter en ligne ou visiter les commerces? La question est plus complexe qu’elle en a l’air! La réponse dépend de plusieurs facteurs, comme le moyen de transport utilisé, l’emballage des articles et le nombre de produits achetés à chaque transaction.

Le simple fait d’acheter une chemise en boutique génère beaucoup de gaz à effet de serre (GES). À sa sortie du manufacturier, ce vêtement a généralement été livré chez un exportateur, puis transporté par bateau jusqu’au Canada, où il a séjourné dans l’entrepôt chauffé d’un distributeur (sinon deux), pour finalement terminer sa course dans un commerce bien illuminé où vous êtes allé le chercher, possiblement en auto.

Il en va de même si vous l’achetez en ligne. À moins de faire affaire directement avec un artisan, la même chemise passera elle aussi par une série d’entrepôts, de bateaux et de camions, avant d’aboutir dans une fourgonnette de livraison qui arpentera votre ville.

Des dizaines d’études ont évalué l’impact environnemental de ces deux modes d’achat au cours des dernières années. « En moyenne, selon ces études, l’achat en ligne génère deux fois moins d’émissions carbone que l’achat en boutique », précise Heleen Buldeo Rai, chercheuse à la Vrije Universiteit Brussel, en Belgique, qui étudie cette question depuis 2014.

La principale raison pour expliquer cette différence : un camion qui effectue 100 livraisons en une journée est plus efficace que 100 personnes qui se déplacent dans un magasin.

L’emplacement des boutiques, le moyen de transport utilisé par les consommateurs et l’optimisation de l’emballage par les commerces en ligne peuvent toutefois affecter les émissions de GES et, même, dans certains cas, changer la donne du tout au tout.

Voici ce que vous devez savoir sur l’empreinte environnementale de vos achats et sur les façons de la réduire.

Avantage au commerce électronique, mais…

Ainsi donc, la livraison génère généralement moins de GES que les déplacements effectués vers les commerces. « Cependant, la plupart des études tiennent pour acquis que les consommateurs font leurs achats en voiture à essence, alors qu’il existe d’autres façons de se déplacer », fait remarquer la chercheuse Heleen Buldeo Rai.

Une étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiée en 2021 a justement tenté d’évaluer l’incidence des comportements des consommateurs et des commerces sur leurs émissions de dioxyde de carbone (CO2). Selon les chercheurs, faire ses emplettes à pied permettrait de réduire ses émissions de 69 %, rendant ainsi le magasinage en boutique plus écologique que le commerce en ligne.

Or les émissions de GES ne sont pas le seul facteur à considérer : « Les camions qui circulent dans les rues à cause de la livraison affectent le fonctionnement des villes », souligne Gérard Beaudet, professeur en urbanisme à l’Université de Montréal. Une fourgonnette arrêtée dans une petite rue peut bloquer la circulation, par exemple. Par ailleurs, plus un véhicule est volumineux, plus il a le potentiel de causer des blessures en cas d’accident.

Le commerce électronique génère aussi une trop grande quantité d’emballages, qui finissent aux poubelles ou, idéalement, au recyclage. D’ailleurs, la quantité de carton ondulé – celui qui est utilisé dans les boîtes de livraison – à être recyclée au Québec (c’est-à-dire sortant des centres de tri de la province) a augmenté de 43 % entre 2018 et 2021 seulement, selon RECYC-QUÉBEC. « Une part du carton supplémentaire est probablement due au commerce en ligne », soulève une porte-parole de l’organisme.

Un service de livraison qui pourrait se verdir

L’avantage du commerce électronique sur le magasinage en personne risque de se creuser encore plus au cours des prochaines années.

« Les entreprises de logistique innovent beaucoup », estime Heleen Buldeo Rai. Déjà, au Québec, plusieurs entreprises ont par exemple commencé à offrir la livraison par vélos-cargos électriques; pensons ici à FedEx, à Courant Plus et à Purolator. « On dépose les boîtes et les enveloppes le matin dans un petit entrepôt de quartier, puis les vélos livrent les petits colis pendant la journée », explique Nabil Ghazou, gestionnaire principal à FedEx Express Canada. Ces véhicules, qui roulent 10 mois par année, sont encore rares et réservés pour l’instant à des quartiers densément peuplés de Montréal et Gatineau, mais ils pourraient être utilisés ailleurs; du moins, c’est ce qu’espère Nabil Ghazou.

« Une grosse proportion des livraisons en ville sont des petites boîtes et du courrier. Le vélo-cargo y est à sa place », affirme Gérard Beaudet.

Certains croient aussi que le commerce électronique pourrait s’améliorer en s’attaquant au suremballage. « Amazon, notamment, y travaille. L’idée serait de demander aux manufacturiers de laisser tomber leurs propres emballages, afin que tout soit directement dans la boîte d’Amazon », indique Jacques Nantel, professeur émérite de HEC Montréal, qui prédit qu’une telle transformation pourrait survenir dans les cinq prochaines années.

« C’est sûr qu’une “canne” de soupe va toujours être livrée dans sa “canne”, mais les grosses entreprises comme Amazon pourront imposer cette façon de faire », ajoute-t-il.

Cinq conseils pour réduire l’empreinte de vos achats en ligne

Regroupez vos achats

L’emballage est l’aspect qui génère le plus d’émissions de CO2 dans la vente en ligne (45 % des émissions totales), plus encore que le transport et l’entreposage, selon l’étude du MIT. La meilleure façon d’améliorer le bilan énergétique du commerce électronique, c’est donc de regrouper vos achats, en vue de limiter le nombre de boîtes requises.

Oubliez la livraison le lendemain

Un délai de livraison plus long permet aux entreprises de mieux optimiser leurs itinéraires, en regroupant les commandes d’un plus petit territoire dans un seul camion. « C’est moins vrai dans les grandes villes », nuance toutefois la chercheuse Heleen Buldeo Rai, puisque les livraisons sont généralement nombreuses et rapprochées, surtout avec une grosse entreprise comme Amazon. 

Faites livrer votre paquet à un point de chute

Certaines entreprises de livraison permettent d’envoyer votre paquet à un point de chute, comme un bureau de poste ou une boutique spécialisée. Cette option est à considérer si cet endroit se trouve sur votre route, étant donné qu’elle permet de mieux optimiser les livraisons (les livreurs déposent plusieurs colis à un seul endroit).

Optez pour une livraison verte

C’est encore rare, mais certains commerces, par exemple Décathlon dans le Grand Montréal, permettent d’opter pour une livraison à vélo ou dans un véhicule électrique. D’autres, comme l’épicerie en ligne Vrac sur Roues (spécialisée dans les produits en vrac), proposent uniquement la livraison à vélo, été comme hiver.

Évitez les retours

Le retour d’articles représente un autre point faible du commerce électronique, puisqu’il génère une livraison de plus (généralement deux, si un autre produit est acheté) et que la marchandise retournée ne peut pas toujours être revendue. Vos pieds larges sont difficiles à chausser? Essayez les chaussures en magasin.

Cinq conseils pour réduire l’empreinte de vos achats en personne

Laissez l’auto à la maison

Le moyen le plus efficace pour réduire les émissions liées à un achat dans un commerce est d’aller à cet endroit à pied ou à vélo. L’adoption du transport en commun est aussi à privilégier, tout comme – dans une moindre mesure – l’utilisation d’un véhicule électrique.

Regroupez vos achats

Attendre d’avoir plusieurs achats à faire se veut la deuxième meilleure façon de réduire l’impact environnemental de votre magasinage, selon l’étude du MIT. À l’instar des déplacements à pied effectués pour se procurer quelque chose, ces achats peuvent même, dans certains cas, se révéler plus écologiques que les emplettes en ligne.

Privilégiez les commerces de proximité

Vous déplacer près de votre domicile permet de réduire vos émissions de GES et contribue à diminuer les autres effets négatifs de l’automobile (trafic, risques d’accident, etc.), puisque celle-ci est sur la route moins longtemps.

Planifiez en ligne

Faire une partie de votre planification à l’avance vous permet de vous rendre tout de suite au bon commerce plutôt que d’en visiter deux ou trois avant de jeter votre dévolu sur un article.

Évitez la surconsommation

Le conseil vaut autant pour les achats en ligne que pour ceux faits en personne, mais éviter la surconsommation – que ce soit en n’achetant pas quelque chose ou en optant pour des biens durables qui n’auront pas besoin d’être remplacés après quelques années – reste la meilleure façon de réduire l’empreinte environnementale du commerce. Après tout, l’achat le plus écologique est celui qui n’a pas été fait.

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