Communiqué

Les supermarchés pourraient en faire beaucoup plus pour l'environnement et le climat, d'après l’étude Superliste

22 novembre 2022

Les supermarchés belges pourraient agir davantage pour encourager une alimentation plus végétale et durable qu'ils ne le font actuellement. Leurs actions contre la déforestation et le gaspillage alimentaire restent également trop limitées. 

Pour l’instant, les supermarchés font principalement porter la responsabilité des choix alimentaires durables sur les citoyens, même si certaines initiatives vont dans la bonne direction. Telles sont les conclusions de l’enquête Superliste, menée par le think tank néerlandais Questionmark, avec le soutien de Rikolto et de Test Achats et en collaboration avec Bond Beter Leefmilieu, BOS+, Canopea, Écoconso et FoodWIN, auprès des cinq plus grandes chaînes de supermarchés en Belgique.

Les supermarchés ont fait un premier pas, mais ils sont encore loin d'en faire assez”, déclare Julie Frère, porte-parole de Test Achats. “Le mouvement vers un système alimentaire plus durable  peut, et doit être plus rapide”, indique Charlotte Linnebank de Questionmark. 

Enquête dans 5 supermarchés, 80 % du marché belge  

Que font les supermarchés pour promouvoir une alimentation plus végétale et les aliments produits durablement ? Comment luttent-ils contre la déforestation et le gaspillage alimentaire? C’est ce qu’a analysé l’enquête Superliste menée par le think tank néerlandais Questionmark, avec le soutien de Rikolto et de Test Achats et en collaboration avec Bond Beter Leefmilieu, BOS+, Canopea, Écoconso et FoodWIN auprès de Colruyt, Delhaize, Carrefour, Aldi et Lidl, qui représentent ensemble plus de 80% du marché belge. Ces supermarchés ont donc un impact majeur sur ce que nous mangeons au quotidien. L'étude Superliste a vérifié l'assortiment, l’aménagement, les promotions et les politiques internes des magasins. Les résultats démontrent que les supermarchés ratent de nombreuses occasions de mettre leurs engagements en pratique. 

 

Une trop faible incitation vers la transition protéique 

Manger moins de viande et plus d'aliments à base de plantes est une étape cruciale pour réduire l'impact environnemental de notre alimentation. Mais les supermarchés font encore trop peu pour faciliter la tâche de leurs clients. Deux plats cuisinés sur trois contiennent de la viande ou du poisson, et seuls 4% des plats cuisinés étudiés sont entièrement à base de plantes (vegan). Dans les dépliants promotionnels, 7 “offres riches en protéines” sur 10 des offres analysées ont pour ingrédient principal de la viande ou du poisson. Les produits à base de viande prêts à être consommés, comme les escalopes, les hamburgers et les saucisses, sont le plus souvent vendus en (extra) grandes portions, de plus de 100 (ou 150) grammes. Il existe des initiatives et des politiques intéressantes pour encourager une alimentation plus végétale, mais les objectifs concrets font plutôt défaut. Les supermarchés ne se sont pas non plus fixé d'objectifs pour augmenter la vente des protéines d'origine végétale.  

"Les supermarchés disposent de leviers cruciaux pour accélérer le passage à une alimentation plus végétale", déclare Heleen De Smet, de Bond Beter Leefmilieu. "Via l’aménagement du magasin, les recettes qu'ils recommandent et les promotions qu'ils organisent, les possibilités sont nombreuses, et les supermarchés doivent prendre leurs responsabilités.

 

Le durable n’est pas la norme 

Les supermarchés ne garantissent pas que l'ensemble de leur assortiment est produit de manière durable. Les consommateurs doivent donc rechercher proactivement les produits durables au sein d’une gamme d’aliments. Chez Aldi et Lidl, il n'y a même pas une seule option durable disponible dans la moitié des groupes de produits étudiés. De plus, les informations sur l'origine, le transport et les méthodes de culture des produits sont trop peu ou pas transparents. Pour s’améliorer, ils pourraient s’inspirer de certains supermarchés, par exemple via la certification du poisson. 

Au niveau de l’offre,  nous pensons qu’un grand potentiel d’amélioration consisterait en la généralisation d’un score environnemental (à l’image du Nutri-score) contribuerait à afin d’aider le consommateur”, déclare Corentin Roland de Canopea. “Si les supermarchés ont déjà fait un réel effort pour proposer des produits locaux, avoir un assortiment plus local et surtout, plus de transparence, par exemple sur l’origine des aliments, est très important”, dit Renaud De Bruyn d’Écoconso. 

 

Une déforestation encore trop peu maitrisée 
La production de soja pour l'alimentation animale, l'huile de palme et le cacao sont responsables d'une grande partie de la déforestation mondiale. En général, on retrouve un manque de transparence sur l'origine de ces ingrédients. Les supermarchés ont également développé peu de plans d'action pour réduire le risque de déforestation et de conversion des terres dans la chaîne d'approvisionnement. Souvent, les plans d'action existants se concentrent uniquement sur les marques du supermarché et offrent rarement de meilleure garantie contre la déforestation.

"La déforestation continue de s'intensifier à l'échelle mondiale à un rythme effréné", souligne Pieter Van de Sype de BOS+. "Les supermarchés peuvent contribuer à mettre fin à cette situation, notamment avec une politique d'achat qui va au-delà des marques des distributeurs et de la certification. Une telle politique peut encourager les fournisseurs à s'assurer que TOUS les produits ne participent plus à la déforestation."  

Pas d’objectifs concrets pour lutter contre le gaspillage alimentaire  
Les supermarchés commencent à prendre des mesures pour lutter contre le gaspillage et les pertes alimentaires, mais des définitions claires, des objectifs mesurables et des rapports sur ces objectifs font le plus souvent défaut. Delhaize a été le seul supermarché à publier un plan d'action comportant ces trois éléments. Avec une approche plus ambitieuse et des objectifs ciblés, les autres supermarchés pourraient mieux rendre compte de l'impact de leurs actions contre le gaspillage alimentaire.
"Ce n'est qu'à l'aide de chiffres concrets qu'un détaillant peut prendre des mesures ciblées pour réduire ses pertes et faire des choix financièrement judicieux", déclare Gil Op de Beeck de FoodWIN. "Lorsqu'il s'agit de cartographier les déchets alimentaires, les grands gagnants sont, en plus de notre planète, les détaillants eux-mêmes. Et cette prise de conscience semble se développer progressivement.

Leaders et retardataires 
Avec des scores respectifs de 14,6% et 12,4 %, Lidl et Delhaize arrivent en tête, bien que leurs scores soient encore trop faibles et les différences entre les supermarchés minimes.  Les supermarchés diffèrent le plus fortement au sein des sous-thèmes étudiés comme la transition protéique, l’agriculture durable (y compris la déforestation) et le gaspillage alimentaire. Au niveau de la transition vers une alimentation plus végétale et plus de légumes, Delhaize fait nettement mieux que Lidl, Aldi et Carrefour. Delhaize a également une longueur d'avance dans sa politique de lutte contre le gaspillage alimentaire. Par contre, dans ses campagnes pour l'agriculture durable et contre la déforestation, Delhaize est à la traîne, alors que Carrefour, Aldi et surtout Lidl sont en tête. Colruyt se situe dans la tranche médiane pour chaque thème. Mais dans l’absolu, chaque supermarché a encore une grande marge de progression. 

S’inspirer des bonnes pratiques 
"Les supermarchés reconnaissent leur responsabilité dans le développement d’un système alimentaire durable, ce qui se traduit par des initiatives prometteuses", déclare Jelle Goossens, porte-parole de Rikolto. "Si nous combinions les bonnes pratiques de tous les supermarchés belges, nous ferions immédiatement un grand pas en avant."
Ce constat est partagé par Julie Frère, porte-parole de Test Achats, pour qui "les supermarchés ont fait un premier pas, mais ils sont encore loin d'en faire assez pour inciter les consommateurs à faire des achats durables. Acheter de manière durable devrait devenir un choix logique. Et à cet égard, il y a encore beaucoup de place pour l'amélioration."
Charlotte Linnebank, directrice de Questionmark, ne dit pas autre chose : "Le monde réclame à grands cris une production et une consommation alimentaires plus durables. Les supermarchés ont à la fois la possibilité et la responsabilité de jouer un rôle majeur dans ce domaine. L’enquête Superliste offre aux supermarchés un aperçu des meilleures pratiques dont ils peuvent s’inspirer les uns des autres, ainsi que des domaines dans lesquels ils sont à la traîne et doivent donc progresser.

Le jeudi 8 décembre, le consortium Superliste organise le "Superdialogue", un débat public entre supermarchés, politiques, ONG, scientifiques et citoyens. En outre, Rikolto, en collaboration avec KU Leuven, UGent, Gondola et The Shift, lance un réseau d'apprentissage pour les supermarchés afin de partager les bonnes pratiques et les nouvelles connaissances scientifiques sur la durabilité dans le commerce de détail. 

Lisez les principaux résultats sur www.superliste.be.  
Téléchargez le rapport complet ici
Dossier de presse avec figures

Accès presse

Pour avoir accès à tous les contenus en tant que journaliste, nous vous demandons de nous envoyer un e-mail.