Dossier

Tout savoir sur les PFAS

05 janvier 2024
Guide complet sur les PFA, les polluants éternels

Que sont les PFAS et pourquoi sont-ils préoccupants ? Tout sur ces substances omniprésentes, leur impact sur l'environnement, les risques pour la santé et les moyens d'éviter de s’y exposer.

Que sont les PFAS ?

Les PFAS (acronyme anglais de « per- and polyfluoroalkyl substances ») sont des composés chimiques artificiels utilisés depuis les années 1940 pour leurs propriétés ignifuges, antitaches, antiadhésives, émulsifiantes et hydrofuges. Il existe des milliers de composés PFAS différents. Ils peuvent être solides, liquides ou gazeux.

Quels sont les produits contenant des PFAS ?

En réalité, il serait plus simple de mentionner dans quoi ils ne sont pas présents. Les PFAS ou composés perfluorés sont utilisés dans d'innombrables produits de tous les jours, tels que les revêtements antiadhésifs pour les ustensiles de cuisine, les emballages de restauration rapide comme les boîtes à pizza et les gobelets en carton, les vêtements de plein air dans des textiles imperméables comme le Gore-Tex, la mousse anti-incendie, le fil dentaire, le mascara résistant à l’eau, les sprays imperméabilisants, le gazon artificiel, les téléphones portables, etc.

Si vous voyez des substances commençant par « fluoro » ou « perfluoro » dans la liste des ingrédients d’un produit, cela indique la présence de PFAS.

Quel est le danger des PFAS pour l'environnement ?

L'inquiétude croissante suscitée par les PFAS provient de leur persistance dans l'environnement et de leur impact sur la santé humaine. Du fait de la solidité de la liaison carbone-fluor qui caractérise leur composition chimique, les PFAS ne sont pratiquement pas dégradables dans l'environnement. C'est pourquoi on les qualifie souvent de « polluants éternels ».
On estime, par exemple, qu'il faut plus de 40 ans au PFOS, l'un des composés les plus connus, pour réduire de moitié sa concentration dans un site contaminé.

À partir d’où les PFAS se répandent-ils dans l'environnement ?

La production de PFAS, leur application dans diverses industries et l'utilisation de mousses ignifuges (résistantes au feu) peuvent libérer des PFAS dans l'air, le sol et les eaux souterraines et polluer l'environnement.

Les sites présentant un risque potentiellement élevé de contamination aux PFAS sont les suivants :

  • Les sites où les PFAS sont produits. En Belgique, il s'agit notamment de 3M à Zwijndrecht et de Chemours (anciennement Dupont) à Malines. Les rejets d'eaux usées et les fuites peuvent contaminer l'air, le sol et les eaux souterraines sur ces sites et aux alentours.
  • De nombreuses industries utilisent des PFAS. La galvanoplastie (processus qui vise à appliquer un mince revêtement métallique à la surface d’un objet) et les procédés visant à rendre le papier et les textiles résistants à l'eau et à la graisse présentent le risque le plus élevé de propagation des PFAS. Les stations-service, les terminaux pétroliers, les usines chimiques, les imprimeries, les usines de peinture, de laque, de plastique et de fabrication de meubles sont également des points chauds pour les PFAS.
  • Les endroits où de la mousse ignifuge est ou a été utilisée, comme les casernes de pompiers ou les sites militaires.
  • Les décharges, les stations d'épuration et les incinérateurs de déchets.

Comment les PFAS se propagent-ils dans l'environnement ?

  • Les PFAS peuvent pénétrer à travers le sol dans les eaux souterraines et se répandre dans l'environnement. Par le biais de cette contamination du sol et des eaux souterraines, les PFAS peuvent atteindre les cultures agricoles, et se retrouver dans les aliments pour animaux et donc dans la chaîne alimentaire.
  • Par le biais des rejets d'eaux usées industrielles dans les rivières et les canaux, les PFAS peuvent s’introduire dans notre eau potable. Par l'intermédiaire des rivières, ils sont également transportés vers les mers et les océans, où ils sont absorbés par les poissons, les crustacés et les mollusques, et se retrouvent donc à nouveau dans notre alimentation.
  • Les PFAS peuvent également se répandre dans l'air et se retrouver sur le sol ou dans les eaux de surface sous forme de précipitations.
  • Enfin, les opérations de terrassement et de dragage effectuées dans des zones contaminées peuvent également être des sources de propagation des PFAS.
    Combinée à leur nature hautement persistante, l'utilisation généralisée de ces composés chimiques conduit donc à la contamination de tous les environnements : l'eau, l'air et le sol.

Comment sommes-nous exposés aux PFAS ?

En raison de l'omniprésence des PFAS, nous pouvons y être exposés n'importe où, que ce soit à l'extérieur ou à l'intérieur, sur le lieu de travail, ou par le biais de ce que nous mangeons ou de notre eau potable.

Les PFAS peuvent pénétrer dans notre corps de la manière suivante :

  • par les aliments et l'eau potable : les aliments sont la principale source d'ingestion de PFAS par l'homme. La concentration la plus élevée se trouve dans le poisson et les crustacés ;
  • en utilisant des poêles dont le revêtement antiadhésif est endommagé et en consommant des boissons et de la nourriture (principalement de la restauration rapide) dans des récipients en carton destinés à la vente à emporter ;
  • par l'ingestion de particules de poussière contaminées, par exemple lorsque les enfants portent des objets à la bouche ;
  • par inhalation : en respirant des particules de poussière provenant de sols contaminés par des PFAS ou de moquettes/meubles traités aux PFAS, ainsi que de l’air contaminé à proximité de l'industrie ;
  • par le cordon ombilical et le lait maternel ;
  • dans une bien moindre mesure, par contact cutané avec les PFAS présents dans les vêtements et les cosmétiques.

Quels sont les effets des PFAS sur votre santé ?

À l’heure actuelle, nous avons tous des PFAS dans le sang, mais nous ne savons toujours pas à partir de quelle concentration ils nuisent à notre santé. Il s'agit d'une famille de composés chimiques très vaste et très diversifiée, qui peut avoir des effets divers sur la santé.

Il est désormais scientifiquement prouvé que certains PFAS, notamment le PFOA et le PFOS, sont des perturbateurs endocriniens, mais il existe de nombreux autres PFAS couramment utilisés dont l'impact sur la santé est encore mal connu.

Des études montrent qu'une exposition chronique aux PFAS peut entraîner des déséquilibres hormonaux, des problèmes de reproduction, des retards de croissance et des troubles immunitaires. Il existe également un lien probable entre des niveaux élevés de PFOA et un taux de cholestérol élevé, une altération des fonctions hépatiques et thyroïdiennes, et des cancers du sein, des reins et des testicules.

Les effets sur la santé dépendent du type de PFAS, du niveau et de la durée d'exposition, et de la sensibilité individuelle. Les bébés, les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes ou qui allaitent et les personnes dont l'immunité est réduite sont ainsi plus vulnérables à l'exposition aux PFAS.

La difficulté réside dans le fait que les effets des PFAS sur la santé ne se manifestent pas immédiatement, comme c’est le cas lors d'un empoisonnement. Il est donc nécessaire de prendre des mesures préventives et de promouvoir le développement de produits chimiques sûrs afin de réduire la contamination future.

En savoir plus sur l'impact des PFAS sur la santé

Comment limiter l'exposition aux PFAS ?

Comme ils sont vraiment partout, il est impossible d'éviter complètement l'exposition aux PFAS. Cependant, le fait de connaître leurs sources vous aidera à la réduire. Voici ce que vous pouvez faire pour être moins en contact avec les PFAS :

 

Plus de conseils pour réduire l'exposition aux PFAS

Réglementations et restrictions

Normes actuelles concernant les PFAS

Tant au niveau européen que belge, certaines mesures ont déjà été prises pour interdire la production des PFAS les plus toxiques et fixer des normes de rejet dans les permis d'environnement destinés aux industries.

  • Depuis le 1er janvier 2023, les normes européennes relatives aux PFAS dans les aliments sont en vigueur dans notre pays et fixent des niveaux maximaux pour les 4 PFAS les plus préoccupants (PFOA, PFOS, PFNA et PFHxS) dans les œufs, la viande, les crustacés et le poisson. L'AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire) est chargée du contrôle et de l'application de cette législation.
  • En 2020, l'EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) a fixé un seuil plus strict pour l'absorption des quatre principaux PFAS (PFOS, PFOA, PFNA et PFHxS) dans l'organisme. Toutefois, la dose hebdomadaire maximale tolérable (DHT) de 4,4 nanogrammes par kilogramme de poids corporel par semaine n'est qu'une recommandation.
  • En ce qui concerne l'eau du robinet, il existe une directive européenne qui entrera en vigueur en janvier 2026. Celle-ci fixe des niveaux maximaux pour les PFAS dans l'eau potable (500 ng/l pour tous les PFAS et 100 ng/l pour la somme des 20 PFAS identifiés dans la directive).
  • Pour les PFAS présents dans les emballages alimentaires en papier et en carton, la réglementation européenne de 2011 impose aussi des limites. Seul le Danemark a pris des mesures pour interdire les PFAS dans les matériaux en contact avec les aliments.

Plus sur la règlementation concernant les PFAS

Nos exigences adressées aux gouvernements et à l'industrie

Les réglementations actuelles sont beaucoup trop laxistes : elles ne suffisent pas à contenir, et encore moins à arrêter, l'accumulation des PFAS dans l'environnement et les organismes vivants. Et la proposition européenne visant à restreindre la production, l'utilisation et la commercialisation des PFAS pourrait ne pas entrer en vigueur avant 2026 ou 2027. 

Nous avons donc demandé aux Régions d'assumer leurs responsabilités et d'imposer des normes communes plus strictes concernant les PFAS dans l'eau du robinet avant 2026.

Le gouvernement devrait également financer la recherche scientifique sur les effets environnementaux et sanitaires de chaque PFAS et mieux surveiller la population dans les zones polluées ou à haut risque.

Les fabricants, quant à eux, devraient mener davantage de recherches sur des alternatives sûres sans PFAS.

Fazit

Il est actuellement difficile d'estimer avec certitude le risque global des PFAS pour l'environnement et la santé.

Premièrement, parce que le terme "PFAS" englobe des milliers de variantes moléculaires présentant différents risques potentiels pour la santé.

Ensuite, parce qu'ils sont généralement présents dans l'environnement à des concentrations plus faibles que celles étudiées en laboratoire, mais pendant des périodes beaucoup plus longues, ce qui entraîne une exposition chronique.

Enfin, parce qu'ils sont mélangés à une multitude d'autres polluants dans la nature et que cet « effet cocktail » a fait l'objet de très peu de recherches.

Ce qui est certain, c'est qu'il est grand temps d'agir. Étant donné qu'il s'est avéré extrêmement difficile et coûteux d'éliminer les PFAS déjà présents, la seule solution est d'arrêter progressivement leur production.

Si les rejets de PFAS ne sont pas considérablement réduits, les humains, les plantes et les animaux seront de plus en plus exposés et les concentrations toujours plus élevées auront des effets négatifs sur la santé de nombreuses personnes, ainsi que sur l'environnement. Même si nous interdisons les PFAS aujourd'hui, ceux qui sont déjà présents resteront dans l'environnement et dans notre corps pendant très longtemps et nous serons obligés de continuer à gérer la pollution historique.