«On va traîner ce boulet jusqu’en 2045» : le très cher stade Vélodrome coûte des millions à la ville de Marseille

Le Figaro Marseille 

«Le stade coûte plus de 10 millions d’euros à la ville chaque année, après prise en compte du loyer, payé par les contribuables et non par les usagers du stade.» Le constat de la chambre régionale des comptes est sans appel. Quinze ans après la signature d’un partenariat public-privé pour gérer le stade Vélodrome, propriété non pas de l’OM mais de la ville de Marseille, la facture est très salée pour la mairie et les habitants. Dans un rapport consulté par Le Figaro, qui sera officiellement présenté ce vendredi lors du prochain conseil municipal sur le montage financier lié au stade Vélodrome depuis 2013, de nombreux dysfonctionnements démontrent le gouffre économique d’une telle infrastructure pour la mairie de Marseille.

En 2010, le précédent maire, Jean-Claude Gaudin, avait signé avec Arema, une filiale de Bouygues, ce partenariat public-privé courant jusqu’en 2045 dans le cadre des travaux de modernisation du stade, dont le montant était chiffré à l’époque à 457 millions d’euros. Depuis fin 2018, l’OM a repris la gestion quotidienne du stade, à travers une de ses filiales baptisée «Mars 360». 

Or, selon la chambre régionale des comptes, la ville n’a pas pris la peine de renégocier ses emprunts bancaires, qui financent en partie ce dispositif, alors que les taux d’intérêt étaient plus avantageux. «Les taux obtenus ont été inférieurs à ceux anticipés lors de la négociation du contrat, minorant le coût des emprunts d'une vingtaine de millions d'euros, note la chambre régionale des comptes. En n'actionnant pas le mécanisme prévu au contrat, la commune s'est possiblement privée de réaliser des gains sur le coût de financement du contrat.» Au total, la commune supporte chaque année une annuité de 2,7 millions d’euros au titre des emprunts contractés pour financer la phase de construction. 

Remboursement injustifié

Pire encore : depuis des années, la ville rembourse les impôts sur les sociétés pour Arema, autrement dit ses bénéfices. Coût de l'opération pour la mairie de Marseille : pas moins de 8,5 millions d'euros. La chambre régionale des comptes s’étrangle. Et pour cause : Arema n’est presque jamais bénéficiaire, mais continuait à percevoir ces sommes. «Arema, dont le résultat est majoritairement déficitaire depuis sa création, n'a payé au total que 78.567 euros d'impôt sur les sociétés de 2014 à 2022», souligne le magistrat financier. 

Faire fonctionner le stade Vélodrome coûte également cher. Au lancement de ce partenariat, les frais de fonctionnement devaient coûter 10 millions d’euros par an, soit trois fois moins que le coût actuel. «Les grands évènements (coupe du monde de rugby, Jeux olympiques) renchérissent encore ce coût puisque la ville doit payer leur organisation et indemniser le club et l'exploitant du stade pour le manque à gagner durant ces compétitions», déplore la chambre régionale des comptes.

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D’autre part, le loyer que verse l’OM à la ville, bien que revu à la hausse par Benoît Payan et ses équipes, reste largement insuffisant selon le magistrat financier. La chambre régionale des comptes préconise en effet depuis des années le paiement d’un loyer de huit millions d’euros par les équipes de Franck McCourt, propriétaire du club. Lors d’un conseil municipal en décembre 2023, le maire de Marseille avait annoncé s’être conformé aux exigences du magistrat financier. Une affirmation fausse selon le rapport, confirmant les craintes des écologistes et de l’opposition. «Le loyer annuel demandé n'a pas été de huit millions d’euros comme la ville s'y était engagée mais de cinq à six millions d’euros, soit un surcoût de deux à trois millions d’euros annuels pour la commune», déplore la chambre régionale des comptes. 

«On considère le rapport de la chambre régionale des comptes comme un plus et pas comme un moins, car il y avait des choses qu'on ne savait pas, reconnaît l’adjoint au maire en charge des finances, Joël Canicave. On va traîner ce contrat comme un boulet jusqu'en 2045. Mais nous allons suivre les recommandations du rapport de façon non pas à le rendre moins nocif mais à faire mieux.» Dans les couloirs de l'hôtel de ville, l’entourage du maire Benoît Payan assure de son côté que des discussions ont été lancées avec les équipes de Franck McCourt pour pouvoir récupérer les sommes qui sont dues à la mairie.