La veuve de Louis-Ferdinand Céline, Lucie Destouches, est décédée

58 ans après la mort de son illustre mari, Lucie Destouches s’est éteinte chez elle à Meudon.

 Lucette Destouches donnait des cours de danse à l’étage de la maison de Meudon tandis que son mari écrivait au rez-de-chaussée.
Lucette Destouches donnait des cours de danse à l’étage de la maison de Meudon tandis que son mari écrivait au rez-de-chaussée. Collection particulière David Alliot

    On l'appelait « Madame Céline ». Lucette Destouches, la veuve de Louis-Ferdinand Céline, s'est éteinte à 107 ans dans la nuit de jeudi à vendredi à Meudon (Hauts-de-Seine), où elle vivait depuis octobre 1951.

    Elle devrait être enterrée auprès de son époux, dans le cimetière des Longs-Réages à Meudon, à quelques centaines de mètres de son domicile. « C'était son souhait », indique le maire (UDI) de la ville, Denis Larghero.

    Lucie Almansor était devenue la compagne de Louis-Ferdinand Destouches, de son vrai nom, l'auteur de « Mort à crédit » et « Voyage au bout de la nuit » en 1935 et l'avait épousé en 1943. De retour d'exil au Danemark, où l'écrivain, accusé de collaboration pour ses écrits antisémites, a été emprisonné, le couple choisit de s'installer dans une bâtisse XIXe siècle.

    La maison vendue en viager l'an dernier

    Professeur de danse, elle donnait des cours à l'étage de la villa Maïtou, sur la route des Gardes. Céline, lui, trouva refuge au rez-de-chaussée. Il y rédigea sa trilogie allemande, « D'un château l'autre », « Nord » et « Rigodon ».

    Médecin de formation, il arrivait à l'écrivain d'endosser de temps en temps le costume de vétérinaire. Selon David Alliot, l'un de ses biographes, le docteur Destouches était connu du voisinage pour « soigner et accueillir dans son jardin les animaux errants ».

    Cette maison, usée par les années et le manque d'entretien, a été vendue en viager l'an dernier à un voisin américain. Lucette Destouches y demeurait toujours, 58 ans après la mort de son époux. Elle était entourée de trois personnes qui se relayaient 24 heures sur 24 pour la soigner et veiller sur elle.

    Il n'y aura pas d'hommage de la ville

    Comme ce fut le cas avec Céline, la ville n'organisera pas de cérémonie ni d'hommage pour sa femme, afin d'éviter toute polémique. Déjà, au moment de leur installation en 1951, des riverains dénonçaient l'arrivée de « Céline le nazi », racontait David Alliot.

    Lorsque l'écrivain est décédé, chez lui en 1961, sa veuve avait été prévoyante : elle fit graver leur pierre tombale de l'inscription « Louis-Ferdinand Céline, docteur L.F. Destouches, 1894-1961. Lucie Destouches, née Almansor, 1912-19.. ». Elle aura finalement résisté au XXe siècle pour s'éteindre en 2019.