Seine-et-Marne : des heures derrière mon stand de brocante pour… 35 €

Nanteuil-lès-Meaux, le 25 septembre. Les habits se vendent pour la plupart à 1 € ou 2 €.
Nanteuil-lès-Meaux, le 25 septembre. Les habits se vendent pour la plupart à 1 € ou 2 €. LP/V.R.

    C'est la seule brocante qui se déroule une fois par an, dans ma rue. La fête de la Tarte en prunes, à côté de Meaux (Seine-et-Marne), m'oblige à trier cave, grenier et placards. Pas un luxe pour quelqu'un comme moi pour qui le rangement n'est pas le réflexe premier.

    Avec un stand devant chez moi, pas besoin de charger la voiture à 5 heures du mat. A 8 heures, dimanche dernier, je sors cartons de livres, de vêtements, de bibelots, une cuisinière d'enfant… J'ai réservé un emplacement de 8 m, avec ma copine Christine.

    A 8 h 30, je suis toute contente de faire ma première vente à… 3 €. J'ignore encore que ce sera mon record de cette journée pluvieuse. Une retraitée essaie les chaussures en cuir de ma fille. « C'est 3 € », lui dis-je pour la rassurer. Au lieu de se réjouir, la bougre grimace et tente une « négo » à 2 €. « Ah bah non, regardez, elles sont nickels ! » Elle me tend les pièces de mauvaise grâce et m'agace.

    (LP/V.R.)

    Les marchandages m'exaspèrent - même si je suis la première à les pratiquer quand je chine ! Je garde le sourire, le meilleur allié du vendeur.

    Les vêtements pour enfants partent à 1 € pièce. Un saladier en verre à 2 €. Je cède un lot de deux verres à 50 centimes à une dame en fauteuil roulant. Elle est toute heureuse, moi aussi.

    Une gamine de 5 ans chouine en tirant la main de son père : « Je veux le DVD de La nuit au musée. Je l'ai vu chez une copine qui habite à 5 heures de route d'ici. Il faut qu'on trouve ce film, papa, hein ? » La mission s'annonce ardue, le papa garde espoir.

    Un collectionneur cherche « des montres ou des bijoux en or ». Un autre des vestiges de la Grande Guerre. Christine papote avec sa voisine de stand, une amatrice de foulards, venue avec plus de 300 pièces.

    Babar grimace, Martine triomphe

    Mes romans s'écoulent bien, mais pas plus de 2 €. Je reste avec mon album de Babar de 200 pages, que j'ai osé afficher à 3 €. L'épais livre de Martine — huit histoires d'un coup, s'il vous plaît — part, lui, sans souci à 2 €. A 11 heures, les familles en poussette cherchent des jouets, une valeur sûre à vendre, comme les petits meubles, les vélos et luminaires. C'est pourtant une mamie fardée qui craque pour un vieux poupon en plastique à 1 € que je m'apprêtais à jeter.

    Pas d'acheteur pour les 200 pages de Babar. (LP/V.R.)

    Entre deux ventes, je papote avec des amis de passage. A 12 h 40, la « cata » vient du ciel. La pluie tant honnie s'invite, anéantit les cartons, inonde mon Cosy à 5 €. Je dégaine avec Christine des bâches transparentes. Une famille réussit à repérer mon plateau en bois à 1 €. Sous la pluie battante, on décide de tout remballer.

    Vers 16 heures, le retour du soleil me donne envie de chiner pour me consoler de ma squelettique recette du jour : 35 €. L'année dernière, j'avais donné les 200 € de gains à mes filles.

    Je me réconforte en dénichant un porte-monnaie Pylônes et cinq foulards à notre voisine de stand. Le tout pour 7 €. Ces bonnes affaires me font oublier un début de rhume et le monticule de cartons à ranger. En brocante, je préfère décidément chiner que vider mes placards.

    Un porte-monnaie Pylônes et cinq foulards à notre voisine de stand. Le tout pour 7 €. (LP/V.R.)