Sécheresse : vers une récolte «catastrophique» de pommes de terre en France

L’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT) redoute « la plus mauvaise récolte enregistrée depuis 2000», en recul d’au moins 20%.

La France a produit en 2021 environ 8 millions de tonnes de pommes de terre, pour un chiffre d’affaires de près de 4 milliards d’euros dans un secteur qui dégage un excédent commercial de plus de 500 millions d’euros. (LP/Arnaud Journois)
La France a produit en 2021 environ 8 millions de tonnes de pommes de terre, pour un chiffre d’affaires de près de 4 milliards d’euros dans un secteur qui dégage un excédent commercial de plus de 500 millions d’euros. (LP/Arnaud Journois)

    La récolte 2022 de pommes de terre s’annonce « catastrophique », en recul « d’au moins 20% par rapport à la moyenne des vingt dernières années », conséquence de la sécheresse historique qui a frappé la France, ont annoncé vendredi les producteurs. L’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), qui redoute « la plus mauvaise récolte enregistrée depuis 2000 », chiffre à « plus de 200 millions d’euros » les pertes pour les producteurs selon ses premières estimations, alors que débute la récolte.

    L’UNPT demande « une réunion d’urgence » au ministre de l’Agriculture, pour engager dès à présent de premières mesures d’aide « qui permettront à la France de conserver son rang de premier exportateur mondial de pommes de terre ».

    La France a produit en 2021 environ 8 millions de tonnes de pommes de terre, pour un chiffre d’affaires de près de 4 milliards d’euros dans un secteur qui dégage un excédent commercial de plus de 500 millions d’euros. Les producteurs évaluent les pertes à 1,5 million de tonnes, avec des pertes de rendements moyens de 20% mais qui pourraient aller jusqu’à plus de 30% voire 50% localement pour les pommes de terre non-irriguées, du fait « des chaleurs extrêmes corrélées à une forte sècheresse, qui ont littéralement stoppé le développement des tubercules ».

    La filière demande une aide de l’Etat

    « Sur mon exploitation, près de Compiègne (Oise), où je n’ai pas de système d’irrigation, l’impact est très fort: c’est 50% de production en moins », a déclaré Geoffroy d’Evry, le président de l’UNPT.

    Pour garantir la pérennité économique des exploitations et assurer les plantations pour 2023/2024, l’UNPT « appelle dès à présent à la revalorisation des prix payés aux producteurs et une meilleure répartition de la valeur ajoutée notamment avec la grande distribution, à l’assouplissement contractuel des volumes engagés non livrés par les producteurs (qui se voient infliger des pénalités si les volumes livrés sont inférieurs à ceux engagés, NDLR) et à l’amorce rapide d’une réflexion sur la mise en place d’un dispositif d’aide d’Etat exceptionnel ».

    « Les producteurs ne prendront pas seuls la responsabilité des pertes exceptionnelles engendrées par cet épisode climatique hors norme », prévient l’UNPT.

    « Il va y avoir une réévaluation des prix, mais pour éviter qu’elle soit trop importante pour le consommateur, il faut qu’il y ait une meilleure répartition dans la chaîne de la valeur », plaide Geoffroy d’Evry, soulignant qu’aujourd’hui, sur un kilogramme de pomme de terre acheté en supermarché, « 20% va au producteur et 50% au distributeur ».