SNCF : pourquoi la grève coûterait «20 millions d’euros par jour»

Selon le PDG Guillaume Pépy, le mouvement a déjà généré 100 millions d’euros de pertes pour la SNCF, soit 20 millions par jour.

 A la gare Saint-Lazare, ce lundi. La grève de la SNCF a un impact très fort sur le chiffre d’affaires.
A la gare Saint-Lazare, ce lundi. La grève de la SNCF a un impact très fort sur le chiffre d’affaires. REUTERS

    C'est un chiffre qui compte dans la bataille de communication que se livrent le gouvernement et les syndicats de cheminots. Alors que la grève à la SNCF se poursuit ce lundi, le PDG Guillaume Pépy a tenu à alerter l'opinion sur son coût financier. « La SNCF a probablement perdu une centaine de millions d'euros » depuis le début de la grève, a-t-il déclaré sur BFMTV. « Quand il y a très peu de trains comme aujourd'hui, la grève coûte 20 millions par jour », a-t-il précisé. « C'est l'équivalent de deux autorails neufs par jour. »

    200 millions d'euros provisionnés par la direction

    Le 8 mars, dans un entretien à Ouest France, le dirigeant avait avancé le même chiffre de pertes journalières, en se basant sur l'évaluation de la grève contre la loi Travail de 2016. Chaque jour avait alors engendré entre 10 et 20 millions d'euros de pertes, en fonction du niveau de mobilisation des salariés. Les 23 jours de grève avaient induit des pertes totales de 250 millions d'euros.

    Si le mouvement des cheminots dure 36 journées comme annoncé, le coût de la grève pourrait coûter cette fois entre 360 et 720 millions d'euros à la SNCF. Un manque à gagner astronomique qui s'ajouterait aux 55 milliards de dettes déjà accumulées par le système ferroviaire. Tablant sur un essoufflement du mouvement, la direction de la SNCF a provisionné 200 millions d'euros, comme le confie une source au Parisien.

    Que comprend cette somme de 20 millions par jour? Principalement la perte nette de chiffre d'affaires liée aux annulations de train. A la chute importante du nombre de billets vendus s'ajoutent les remboursements dus aux clients et les dépenses correspondant aux bus affrétés et aux nuits d'hôtel payées aux voyageurs.

    La grève induit également une perte en termes de droits de péage perçus par SNCF Réseau sur chaque train. En 2016, le manque à gagner était de 60 millions d'euros.

    La perturbation de l'organisation du temps de travail provoque enfin des surcoûts et des pertes de productivité. La remise en route de rames et de tronçon s'accompagne de dysfonctionnements et de longues procédures de vérification techniques.

    Dans la colonne des « économies », la SNCF ne verse pas l'ensemble de la masse salariale à ses 147 000 agents. « Les jours de grève ne sont ni payés ni transformables en jours de congés, ni même étalés. La maison ne fait pas crédit. C'est le cas depuis dix ans », rappelait Guillaume Pépy à Ouest France. En moyenne, chaque cheminot gréviste voit sa fiche de salaire amputée de 60 euros par jour.

    La SNCF n'est pas la seule perdante

    Un conflit qui s'enlise a aussi des répercussions économiques sur le long terme. Les voyageurs se détournent du train et lui préfèrent des solutions comme le car ou le covoiturage. Entre 500 et 3000 entreprises seraient directement affectées par la désorganisation de l'approvisionnement par fret, ce qui en conduit certaines à préférer le transport routier.

    La grève SNCF a enfin un impact direct sur certains secteurs. Les professionnels de l'hôtellerie et du tourisme craignent cette année une chute de chiffre d'affaires de 5 à 10 % en mai en raison des problèmes de trains.

    En revanche, les évaluations divergent sur l'effet de la grève SNCF sur l'ensemble de l'économie. En 2007, une étude du Medef estimait à 50 millions d'euros le coût quotidien de la grève des transports pour les entreprises d'Ile-de-France. Certains économistes ont affirmé que les grandes grèves de 1995 avaient coûté 1 point de PIB au pays. Une donnée contestée ensuite par l'INSEE qui avait qualifié de « négligeable » l'impact économique du mouvement social.