Travailleurs détachés : pourquoi il n'y aura pas d'accord à Luxembourg ce jeudi

La réforme européenne sur les travailleurs détachés devra attendre. Alors que les ministres européens des Affaires sociales sont réunis à Luxembourg, Paris et Berlin veulent aller plus loin que le principe retenu jusque-là.

ILLUSTRATION. Pour Paris et Berlin, la réforme de la directive européenne sur les travailleurs détachés ne va pas assez loin.  
ILLUSTRATION. Pour Paris et Berlin, la réforme de la directive européenne sur les travailleurs détachés ne va pas assez loin.   (LP/Florence Hubin)

    Les ministres européens des Affaires sociales se réunissent ce jeudi à Luxembourg sur la question des travailleurs détachés en Europe. Si après plus d'un an de négociations, une majorité des Etats est en passe d'accepter une révision de la directive des travailleurs de 1996, la France et l'Allemagne veulent durcir la législation davantage. Ce qui pourrait décaler la possibilité d'un accord, désormais envisagé à l'automne.

    Les mêmes salaires que la main d'oeuvre locale

    Le principe du détachement d'un travailleur permet à une entreprise de l'Union européenne d'envoyer temporairement en mission dans d'autres pays de l'Union ses salariés en payant les cotisations sociales dans le pays d'origine. Un système qui est pointé du doigt comme permettant le dumping social entre entreprises.


    Plusieurs nations comme la Pologne, la Bulgarie et la Hongrie ont d'abord fait de la résistance mais devant l'insistance de l'Allemagne et de la France, un terrain d'entente avec une position de principe a pu être trouvée. Il est prévu d'aligner les rémunérations des travailleurs détachés sur celles de la main-d'oeuvre locale. Par ailleurs, les salariés détachés devront avoir les mêmes avantages que leurs collègues du pays d'accueil comme le treizième mois, les primes, etc.

    Paris et Berlin en demandent plus

    Depuis son arrivée à l'Elysée, Emmanuel Macron a décidé de demander durcissement supplémentaire des règles. Ainsi, Paris et Berlin souhaitent désormais que le détachement soit limité à 12 mois alors que les Européens étaient prêts à s'entendre sur 24 mois. Emmanuel Macron a aussi demandé que des mécanismes soient mis en place entre les administrations pour pouvoir faire la chasse aux entreprises qui ne servent que de « boîtes aux lettres.» 

    Un accord à l'automne ?

    L'Allemagne est sur la même ligne que la France. «J'ai eu l'occasion de parler avec ma collègue française la semaine dernière et on va dire aujourd'hui ensemble qu'il faut des améliorations», a expliqué Andrea Nahles, la ministre allemande du Travail. Paris peut aussi compter sur le soutien du Luxembourg ou encore de l'Autriche...


    Si les pays de l'Est se montrent opposés à ces nouvelles propositions françaises, Paris espère convaincre dans les prochains mois les plus indécis, comme l'Italie, l'Espagne ou la Croatie. «Il y a de nouvelles propositions sur la table et il faut donc en parler. J'ai néanmoins confiance en la possibilité de trouver une majorité dans les mois qui viennent et d'avoir un accord à l'automne», a expliqué Marianne Thyssen, la commissaire européenne chargée de l'Emploi.