Salima Saa, la novice de Nicolas Sarkozy

Salima Saa, la novice de Nicolas Sarkozy

    En arrivant à la préfecture à Lille hier, Nicolas Sarkozy s'est arrêté pour lui faire la bise. La scène est passée inaperçue. Inconnue du grand public, Salima Saa fait pourtant partie de ces espoirs de la droite que le président couve du regard. On lui prédit même une place de choix dans sa campagne. Saa, c'est l'histoire d'une ascension express. En septembre, cette jeune femme demande une « audience » au président, en tant que patronne de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (l'Acsé). Elle a ses entrées à l'Elysée, où elle connaît le directeur de cabinet Christian Frémont. Elle fait passer des messages : « Je veux m'engager. »

    Le 14 octobre, elle se retrouve dans le bureau du chef de l'Etat. Elle lui parle politique de la ville et lui demande… une circonscription. Culottée! Hasard de l'agenda, elle le revoit trois jours plus tard lors d'un déjeuner sur les banlieues à l'Elysée. Très vite, on lui propose d'intégrer le groupe des « hussards », ces nouveaux visages de l'UMP avec qui Sarkozy parle de sa campagne. En décembre, la voilà investie candidate UMP pour les législatives à Roubaix. Une terre de mission. Et ce mercredi, Jean-François Copé l'a bombardée secrétaire nationale du parti en charge du développement urbain. Comprenez : des banlieues. Elle n'a pourtant pris sa carte UMP que cet été, après avoir milité un temps au Parti radical. « J'ai 40 ans et envie d'y aller à fond », sourit cette hyperactive. « Elle a la patate! » rigole le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, avec qui elle défriche des idées.

    A la tête de l'Acsé depuis un an — à titre bénévole —, elle a sillonné les quartiers difficiles. Trente déplacements, à raison de deux par semaine. Elle finance des associations, pousse des projets. « Je veux responsabiliser les gens pour qu'ils s'en sortent », explique-t-elle. Son adage? « Au lieu de leur donner du poisson, apprend leur à pêcher. » Confucius. Petite, elle a baigné dans le bain associatif et militant. « Je veux faire des choses pour mon pays. Mon truc, c'est de faire passer mes idées », dit-elle.

    Fille d'un militaire harki, ex-chef d'entreprise (elle a fondé en 2000 sa start-up Enviro2B.com avant de la revendre en 2002) devenue directrice commerciale du groupe Saur, spécialisé dans la gestion de l'eau et des déchets : le casting a tout pour plaire à l'UMP. Mais ne lui dites pas qu'elle est la nouvelle Rachida Dati. Elle « lutte tous les jours contre les préjugés ». Son modèle, c'est plutôt Nathalie Kosciusko-Morizet. Convaincue que Sarkozy sera réélu, elle veut mobiliser les abstentionnistes des quartiers. Elle a été « traumatisée » de voir Jean-Marie Le Pen au second tour en 2002. « Je veux que le président gagne, je vais tout faire pour! » clame-t-elle. Sarkozy apprécie, lui qui exècre les « planqués ». Il se retrouve un peu dans cette fonceuse qui parle « cash ». « Il la teste, la met en situation, à elle de faire le job », glisse un ministre. Saa l'a compris, elle multiplie les communiqués pour le défendre. Elle s'avoue « euphorique ». Ministre un jour? « Pourquoi pas… » sourit-elle.

    Née le 7 septembre 1971
    Depuis 2009 : membre du Haut Conseil à l'intégration.
    21 février 2011 : nommée présidente du conseil d'administration de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances .
    14 octobre 2011 : rencontre Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
    11 janvier 2012 : fraîchement investie dans la 8e circonscription du Nord (Roubaix-Wattrelos), nommée secrétaire nationale de l'UMP au développement urbain.