A Chevannes, cet agriculteur inondé se bat pour sauver ses cultures

Chevannes, mercredi. Christophe Lanneau est un des agriculteurs les plus touchés du département. Il se bat depuis un mois pour « sauver » son exploitation.
Chevannes, mercredi. Christophe Lanneau est un des agriculteurs les plus touchés du département. Il se bat depuis un mois pour « sauver » son exploitation. (LP/C. CH.)

    Série (4/6). Nous les avions rencontrés il y a un mois, les pieds dans l'eau, au plus fort des inondations exceptionnelles qui ont balayé l'Essonne. Depuis, si les flots sont partis, les souvenirs et les galères sont toujours là pour ces sinistrés qui ont parfois tout perdu. Toute la semaine, nous partons à leur rencontre. Aujourd'hui, Christophe Lanneau, agriculteur à Chevannes.

    Certains jours, il est proche de la rupture. Mais Christophe Lanneau s'accroche coûte que coûte. Cet exploitant de Chevannes est l'un des agriculteurs les plus touchés du département. Pendant les inondations, les visites officielles se sont enchaînées sur la ferme des Messis où il travaille : la préfète, le sous-préfet d'Etampes, des élus, des agents des syndicats des eaux, des experts de la MSA (sécurité sociale agricole), des collègues, la chambre d'agriculture… Avec à chaque fois le même constat de désolation, les bâtiments inondés et des parcelles cultivées transformées en mares où seuls les canards se réjouissaient de la situation.

    Christophe Lanneau (avec la casquette) montrait le 13 juin dernier au représentant des Jeunes agriculteurs d'Ile-de-France la mare qui s'est constituée en plein milieu d'un de ses champs de betteraves. (LP/C. CH.)

    « Certains jours, il y avait même des personnes qui débarquaient mais qui ne se présentaient même pas, raconte Christophe Lanneau. Elles faisaient leur petit tour puis repartaient sans que je connaisse l'objet de leur visite. Je suis à saturation. Surtout en ce moment, où je dois recevoir les experts alors que je suis censé démarrer les récoltes. » Il y a une semaine, il se demandait si la moissonneuse-batteuse ne resterait pas embourbée dans les sols encore gorgés d'eau. Depuis, grâce aux quelques rayons de soleil et surtout au vent, les parcelles ont séché. Mais Christophe Lanneau n'en est pas pour autant serein.

    « J'ai perdu les deux tiers d'une de mes parcelles de colza qui a complètement pourri, détaille-t-il. Les betteraves sucrières ne sont guère mieux, elles risquent de végéter et surtout d'avoir un faible taux de sucre, ce qui est rédhibitoire. » Il redoute surtout le pire pour l'orge et le blé. « Je fais de la qualité normalement, mon orge est utilisée en brasserie et mon blé en meunerie. Mais mes céréales sont restées plus de dix jours sous l'eau. Je crains qu'elles ne soient même pas bonnes pour être vendues à la filière fourragère (NDLR : pour nourrir les animaux, avec des prix de vente très inférieurs). »

    Christophe Lanneau pourrait se dire que 2 016 est une mauvaise année et se projeter pour 2017. Mais il sait que les inondations risquent d'avoir des conséquences à moyen terme. « Cela aura des impacts sur la qualité du sol et donc sur les prochaines semences, pronostique-t-il. On a des risques de maladies également. Dans 6 mois, on pourra dresser un bilan plus précis mais je ne suis pas très optimiste. »

    Dans ces conditions, pas toujours facile de se motiver. « Jusqu'au 25 juin dernier, lorsque j'ouvrais mes volets le matin, je tombais sur cette mare qui avait envahi la cour, rappelle-t-il. Pendant trois semaines, l'eau est restée là à un niveau élevé. Mais à 40 ans, je n'ai pas le choix, je dois me battre pour sauver mon exploitation. Cette ferme, mon grand-père y travaillait, mon père aussi. Depuis que je suis tout petit l'agriculture est ma passion. C'est cette passion qui m'aidera j'espère à surmonter cette crue. »