«Sauvons nos monuments» : en Essonne, un match entre une église et une maison d’écrivain, à vous de voter

Le Parisien, la start-up Dartagnans et la région Île-de-France lancent la deuxième édition de l’opération «Sauvons nos monuments». En Essonne, les internautes ont jusqu’au 7 novembre pour choisir entre l’église de Chalou-Moulineux et la maison de Daudet à Draveil.

En Essonne, deux projets de restauration sont en lice, l'église de Chalou-Moulineux et la maison de Daudet à Draveil. LP/Cécile Chevallier
En Essonne, deux projets de restauration sont en lice, l'église de Chalou-Moulineux et la maison de Daudet à Draveil. LP/Cécile Chevallier

    L’opération « Sauvons nos monuments », lancée par le Parisien avec le soutien de la région Île-de-France et la start-up Dartagnans, poursuit son chemin. Pour cette deuxième édition, l’appel à projets a permis de présélectionner dix-huit monuments en Île-de-France et dans l’Oise nécessitant d’être restaurés. Élus grâce au vote des internautes, neuf d’entre eux bénéficieront d’une campagne de financement participatif, à raison d’un site par département. Vous avez jusqu’au 7 novembre pour vous prononcer en allant sur le site de « Sauvons nos monuments ».

    En Essonne, deux sites sont en lice pour profiter d’un joli de coup de pouce pour une restauration.

    À Chalou-Moulineux, l’église Saint-Aignan est en péril

    Chalou-Moulineux, le 22 octobre 2021. L'église de Chalou-Moulineux s'affaisse dangereusement. Un arrêté de péril a été pris et le choeur est condamné, soutenu par de gros étais en bois.
    Chalou-Moulineux, le 22 octobre 2021. L'église de Chalou-Moulineux s'affaisse dangereusement. Un arrêté de péril a été pris et le choeur est condamné, soutenu par de gros étais en bois.

    Il suffit de franchir la porte et de lever les yeux pour constater que l’édifice penche. Un affaissement qui lui donne un faux air de tour de Pise, mais qui traduit surtout l’urgence de la situation. À Chalou-Moulineux, 417 habitants dans le sud Essonne, la mairie se bat pour sauver l’église Saint-Aignan. Les travaux sont estimés à 360 000 euros. « La première phase est évaluée à 133 000 euros, précise Catherine Monnier, adjointe aux finances. Nous avons déjà environ 50 % de subventions, dont 5 000 euros remportés grâce au prix du Pèlerin 2020. Il nous faudrait au moins 25 000 euros. Plus on aura de dons, moins la commune aura à compléter. »

    Le village, dont le budget annuel total est de 350 000 euros, tient à son église inscrite à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques. « Elle témoigne de l’époque où la commune était le siège d’une commanderie des Templiers », rappelle Geneviève Mennelet, la maire (sans étiquette) de Chalou-Moulineux. Maxime Rondu, conseiller municipal, complète : « Les premières traces faisant mention de l’édifice remontent au XIIe siècle. En 1175, Adèle de Champagne, troisième épouse du roi de France Louis VII, en a fait don à l’ordre des Templiers, qui l’ont agrandie. Il semble que des travaux entrepris au XVe siècle et au début du XXe siècle l’ont fragilisée. »

    En 2014, un arrêté de péril a été pris. De gros étais en bois ont été posés pour limiter l’affaissement, mais des fissures continuent d’apparaître et de s’agrandir, et il y a toujours des risques de chutes. « Le chœur reste fermé jusqu’à nouvel ordre, regrette Geneviève Mennelet. Nous ne pouvons plus organiser de concerts, alors que l’église dispose d’une très belle acoustique. Des messes y sont encore célébrées environ une fois par trimestre. Plus tôt nous pourrons réaliser les travaux, plus vite cette église pourra de nouveau être un centre de vie du village. »

    À Draveil, la maison Daudet veut en finir avec l’humidité

    Draveil, le 21 octobre 2021. Depuis trente ans, Isabelle Guignard se bat pour faire vivre la maison Daudet et perpétuer l'oeuvre laissée par l'écrivain qui y vécut dix ans à la fin du XIXe siècle. Elle a besoin de 8 000 euros pour rendre étanche la maison.
    Draveil, le 21 octobre 2021. Depuis trente ans, Isabelle Guignard se bat pour faire vivre la maison Daudet et perpétuer l'oeuvre laissée par l'écrivain qui y vécut dix ans à la fin du XIXe siècle. Elle a besoin de 8 000 euros pour rendre étanche la maison.

    L’auteur des « Lettres de mon moulin » y a vécu les dix dernières années de sa vie. De 1887 à 1897, Alphonse Daudet vivait avec son épouse Julia dans cette demeure de Draveil située dans le quartier de Champrosay, rachetée et restaurée inlassablement depuis trente ans par Isabelle Guignard. Après déjà plusieurs travaux lourds et d’appels aux dons, la propriétaire a de nouveau besoin de la générosité du public. « Il nous faudrait 8 000 euros pour acheter du matériel permettant de rendre la maison étanche, détaille-t-elle. De l’enduit, de la peinture isolante, de la pâte à bois, du mastic, de la chaux… J’ai la chance de pouvoir compter sur des bonnes volontés, qui sont prêtes à retrousser leurs manches bénévolement. »

    Pour Isabelle Guignard, cette étape est devenue prioritaire avant de se lancer dans d’autres chantiers. « Ça ne sert à rien de continuer de rénover à l’intérieur tant que l’eau continue de pénétrer dans la maison, il faut l’imperméabiliser une fois pour toutes, estime-t-elle. On le doit aux 4 500 visiteurs que nous recevons chaque année. »

    En retapant cette demeure, estampillée « maison d’artiste », Isabelle Guignard s’échine aussi à perpétuer l’œuvre « trop méconnue » d’Alphonse Daudet. En particulier les contes. « Il a écrit beaucoup de romans ici, poursuit la propriétaire. Beaucoup de ses textes parlent de cette maison. Il y recevait Maupassant, Zola, Proust, Rodin, et son grand ami Edmond de Goncourt (l’un des créateurs de l’académie éponyme) s’y est éteint le 16 juillet 1896. »