Essonne : la nuit cauchemardesque d’un couple victime de cambrioleurs

Aux alentours de trois heures du matin, à Viry-Châtillon, deux individus cagoulés ont fait irruption dans la maison du couple. Le mari, armé d’un fusil, les a mis en fuite en prévenant la police.

 Jean-Marc a connu son deuxième home-jacking en deux ans, malgré la sécurité renforcée de son pavillon.
Jean-Marc a connu son deuxième home-jacking en deux ans, malgré la sécurité renforcée de son pavillon. LP/J.M.

    Dix minutes traumatisantes. Il est presque 3h30, ce mardi, quand deux hommes cagoulés et gantés s'introduisent par la plus haute fenêtre située à l'étage du pavillon de ce couple, résidant d'un quartier pourtant assez tranquille de Viry-Châtillon. Nathalie* est endormie. D'un coup, elle est réveillée par un bruit sourd. En ouvrant les yeux, elle aperçoit « un torse noir et une tête habillée d'une cagoule », en train d'entrer par la fenêtre de sa chambre laissée entrouverte.

    Alors qu'elle essaie de repousser le malfrat, celui-ci la projette au sol, avant de la pousser violemment dans l'escalier. « Quand je l'ai vu j'ai hurlé. Puis il m'a poussée dans l'escalier. Arrivé au premier étage, il m'a simplement demandé où était le coffre. Puis m'a fait dévaler le second escalier », raconte Nathalie. Le cambrioleur demande à son complice de la surveiller. « Ils étaient très calmes, plein de sang-froid, et n'ont prononcé que trois phrases » durant leur home-jacking.

    Déjà traumatisé par un premier cambriolage

    Alors qu'il dormait en bas, Jean-Marc*, son mari, est réveillé par les hurlements et les bruits dans l'escalier. « Au début, je me demande ce qu'il se passe. J'essaie d'allumer la lumière, et là, pas de courant », constate le sexagénaire. En escaladant le toit de la maison, le malfaiteur s'est appuyé sur le compresseur de climatisation faisant tout disjoncter. « Je me lève et commence à avancer à tâtons, à la lumière de mon téléphone », explique Jean-Marc, avant de s'emparer de son fusil, jamais loin de lui depuis un précédent home-jacking avec séquestration survenue il y a près de deux ans dans ce même domicile.

    À l'époque, il avait été ligoté aux mains et aux pieds, veste sur la tête, pendant près de deux heures. « Ils faisaient ce qu'ils avaient à faire, tranquillement, et venaient même me proposer à boire », raconte-t-il avec ironie. Mais ce mardi, Jean-Marc ne verra même pas ses visiteurs. « Ils étaient dans la pièce d'à côté, j'entendais leurs pas. Mais je n'allais pas tirer à l'aveugle et blesser ma femme. Mais si j'avais pu… », glisse-t-il, encore très remonté.

    « Ils n'ont plus peur de rien »

    Dans le noir, Jean-Marc a eu le bon réflexe d'appeler le 17. « Je suis resté en ligne avec eux tout le temps, le téléphone dans une main, le fusil dans l'autre, en criant : Attention, j'ai un fusil et je vais tirer. » « Mais aucun des deux n'a réagi, coupe sa femme. Comme ils n'ont pas eu peur des caméras et des éclairages à détecteurs de mouvements qui entourent la maison. » « C'est peut-être ça le plus inquiétant. Ils n'ont plus peur de rien », reprend son mari.

    C'est quand ils ont entendu que Jean-Marc appelait la police que les deux malfrats ont pris la fuite. « On se tire, ils ont appelé les flics ! » « C'est la troisième phrase qu'ils prononceront durant ces dix longues minutes de home-jacking », affirme Nathalie. Dans la précipitation, ils repartiront les mains vides.

    Dix minutes plus tard, les agents de police arrivent et retrouvent notamment, de l'autre côté de la route, l'échelle que les deux visiteurs ont utilisée pour atteindre la fenêtre. Souffrant de multiples hématomes sur tout le corps, Nathalie s'est vue prescrire 15 jours d'incapacité totale de travail (ITT), auxquels va s'ajouter une nouvelle prescription pour ses deux côtes cassées. La police s'est saisie des bandes de la vidéo surveillance. L'enquête, quant à elle, est toujours en cours.

    (*) Les prénoms ont été modifiés

    LA VILLE VEUT ENDIGUER LE PHÉNOMÈNE DES CAMBRIOLAGES

    Si les cambriolages diminuent en Essonne, ils restent « la seule délinquance qui ne baisse pas » à Viry-Châtillon, confie le maire (Les Centristes) Jean-Marie Vilain. Pourtant, de nombreux moyens sont mis en œuvre pour tenter d'endiguer ces vols dans les maisons. « À Viry, nous avons considérablement augmenté le nombre de policiers municipaux. Avant, il y en avait six. Désormais, nous sommes à seize agents, et nous en disposerons de vingt avant la fin du mandat », affirme l'élu.

    De plus, la police municipale disposera bientôt de nouveaux locaux proches de la D445 pour intervenir plus rapidement. D'ici avril, quinze premières caméras doivent aussi être fonctionnelles à travers la ville, et quinze s'ajouteront d'ici la fin de l'année. « Et de plus en plus d'habitants adhèrent au projet voisins vigilants », conclut l'élu.