Allemagne : les forces spéciales de la police de Francfort dissoutes pour propagande nazie

Vingt policiers dont dix-huit membres des commandos d’intervention spéciaux de la région de Hesse échangeaient sur des forums des photos de Hitler, des croix gammées et tenaient des propos xénophobes.

Des membres de la police spéciale allemande lors d'une intervention à Cologne. (Illustration) REUTERS/Thilo Schmuelgen
Des membres de la police spéciale allemande lors d'une intervention à Cologne. (Illustration) REUTERS/Thilo Schmuelgen

    Le spectre du nazisme continue de hanter l’Allemagne. L’unité des forces spéciales de la police de Francfort va être dissoute après la mise au jour de groupes de discussion diffusant de la propagande néonazie entre certains de ses membres.

    « La conduite inacceptable de plusieurs agents et de leurs supérieurs » au sein des commandos d’intervention spéciaux (SEK) du Land de Hesse « a rendu sa dissolution totale nécessaire », a déclaré jeudi le ministre de l’Intérieur de cette région de l’ouest de l’Allemagne, Peter Beuth (CDU).

    Mercredi, la police fédérale a perquisitionné les domiciles de six policiers. Dans la foulée, le parquet de Francfort a annoncé soupçonner vingt personnes, tous des policiers, dont dix-huit membres des forces spéciales, d’être impliquées dans ces forums de discussions, actifs entre 2016 et 2019.

    Croix gammées, portraits de Hitler, insultes à caractère xénophobe… Dix-sept d’entre eux sont accusés d’avoir diffusé des contenus incitant à la haine raciale ou partagé des images de propagande néonazie. Trois autres, des officiers, sont accusés d’entrave à la justice ; en tant que supérieurs, ils auraient dû arrêter ou sanctionner les discussions dont ils étaient informés et ne l’ont pas fait.

    Des hommes âgés de 29 à 54 ans

    Or « des exigences morales particulières » sont attendues de la part de ces professionnels, a martelé jeudi le chef de la police, Stefan Müller. « Ceux qui ne satisfont pas à l’ensemble de ces exigences n’ont rien à faire dans ces unités », a-t-il déclaré.

    L‘enquête a commencé en avril par des allégations contre un officier de 38 ans du commando de déploiement spécial SEK à Francfort, accusé d’avoir partagé du contenu illicite, notamment de la pornographie juvénile. La fouille de ses deux téléphones portables et de son ordinateur avait permis de découvrir certains des forums racistes aujourd’hui en cause. Tous sont des hommes, âgés de 29 à 54 ans. Les 19 policiers en activité ne sont pas autorisés à exercer leurs fonctions. Le vingtième est à la retraite. Une équipe d’experts a été chargée de restructurer l’unité d’élite.

    Plusieurs scandales de ce type ont secoué ces derniers mois la police allemande ainsi que l’armée, entraînant des mises à pied et des réorganisations internes. En mai 2020, des militaires soupçonnés de projeter un attentat contre des personnalités politiques allemandes avaient été arrêtés. Ils étaient proches des mouvances néo-nazies toujours actives en Allemagne. Un mois et demi plus tard, était décidée la dissolution partielle des KSK (Kommando Spezialkräfte, unité des forces spéciales), à la suite de plusieurs scandales sur la proximité des militaires avec l’extrême droite.

    Mardi, Franco A., ex-officier de l’armée allemande âgé de 32 ans, a comparu devant un tribunal de Francfort. Il est poursuivi pour s’être créé une fausse identité de demandeur d’asile, en 2017, dans le but de planifier une attaque terroriste, espérant qu’elle soit ensuite imputée aux migrants.