Féminicide de Christine Bailly dans le Bas-Rhin : 29 ans de réclusion pour son ex-compagnon

Le corps de cette aide-soignante de 58 ans avait été retrouvé en septembre 2020 au sous-sol de sa maison dans une mare de sang. Le quinquagénaire avait avoué le meurtre.

Le verdict est légèrement en-deçà des 30 ans de réclusion, assortis de 20 ans de sûreté, réclamés par l’avocate générale. (Illustration) LP/Olivier Corsan
Le verdict est légèrement en-deçà des 30 ans de réclusion, assortis de 20 ans de sûreté, réclamés par l’avocate générale. (Illustration) LP/Olivier Corsan

    Bruno Peter a été condamné vendredi par les assises du Bas-Rhin à 29 ans de réclusion pour l’assassinat de son ex-conjointe Christine Bailly, une peine « lourde » dont les enfants de la victime espèrent qu’elle contribuera à « éveiller les consciences » en matière de féminicides.

    Cette aide-soignante de 58 ans avait été découverte le 26 septembre 2020 au sous-sol de sa maison de Wissembourg (Bas-Rhin) gisant dans une mare de sang, la gorge tranchée et le corps lardé de coups de couteau. Bruno Peter, en fuite, avait été interpellé deux jours plus tard dans le Sud-Est.



    Selon l’avocate générale, Ève Nisand, Bruno Peter, 53 ans, a « basculé » le 18 septembre 2020 après avoir appris que le nouveau compagnon de Christine, qu’il avait surveillé et fait surveiller, venait de passer la nuit chez elle.

    Une « trahison » pour celui qui tuera la quinquagénaire quelques jours plus tard, selon la magistrate, balayant l’hypothèse d’un passage à l’acte sous l’effet d’un anxiolytique, évoquée par l’accusé mais récusée par des experts.

    Un acte prémédité

    Preuves de la préméditation, selon elle : l’achat d’une bombe lacrymogène pour « gazer » Christine et d’un couteau pour la tuer ; la lettre dans laquelle il disait avoir « décidé de (la) tuer » ; la préparation de sa cavale en retirant une forte somme en liquide et en remplissant sa voiture d’affaires pour pouvoir « durer »…

    Bruno Peter a commis un « crime de possession », « méticuleusement » prémédité, il a tué Christine « parce que son objet lui échappait » : elle « avait osé le quitter » et « fréquent (ait) un autre » homme, a martelé Ève Nisand.

    Bruno Peter « a tué » Christine Bailly et « a tout préparé », a reconnu son conseil Matthieu Dulucq. Jeudi, son client avait dit avoir tué son ex-compagne et préparé son geste mais soutenu qu’il n’était « pas décidé » à commettre le crime lorsqu’il est arrivé chez elle, au motif de récupérer un barbecue : selon lui, il aurait « disjoncté » lors d’une conversation qui aurait mal tourné. « Je regrette profondément mon geste », avait lancé à la Cour avant le délibéré cet ancien technicien.

    Une sanction « adaptée »

    Le verdict, rendu après un délibéré express d’un peu plus d’une heure, est légèrement en deçà des 30 ans de réclusion, assortis de 20 ans de sûreté, réclamés par l’avocate générale.

    À l’énoncé de la peine, Bruno Peter, 53 ans, est resté impassible tandis que les proches de la victime se sont avancés vers le banc des parties civiles pour le fixer.

    La sanction est « lourde » et « adaptée » à ce crime « sauvage », a estimé le conseil des enfants de la victime, Francis Metzger. À l’image de l’avocate générale et d’une experte psychologue, il s’était interrogé sur la potentielle « dangerosité » de Bruno Peter s’il venait à se retrouver, après sa détention, dans une situation de rupture semblable à celle vécue avec Christine Bailly.



    « La peine est conséquente et nous semble méritée », même si « l’impact » de la mort de « notre mère sur nos vies ne s’exprime pas en nombre d’années », a estimé le fils de la victime, Nicolas. « J’ose espérer que ça puisse éveiller les consciences » en matière féminicides « et qu’on continue (à) appliquer des peines conséquentes », a abondé sa sœur, Perrine.

    En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France. Le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti a récemment avancé le chiffre de 94 féminicides en 2023, contre 118 en 2022, une baisse accueillie avec prudence par les associations féministes.