Loiret : une ex-préfète condamnée pour prise illégale d’intérêts pour avoir soutenu un projet immobilier

Régine Engström a écopé d’une amende de 25 000 euros et une interdiction d’exercer une fonction publique d’un an avec sursis pour avoir appuyé un projet de son ancien employeur.

Le promoteur Nexity prévoyait de détruire une partie de la caserne désaffectée de Montargis. LP/Stéphane Frachet
Le promoteur Nexity prévoyait de détruire une partie de la caserne désaffectée de Montargis. LP/Stéphane Frachet

    Rattrapée par le conflit d’intérêts. Une ex-préfète de la région Centre-Val-de-Loire, Régine Engström, a été condamnée lundi à 25 000 euros d’amende et une interdiction d’exercer une fonction publique d’un an avec sursis pour avoir soutenu le projet d’un promoteur immobilier dont elle avait été salariée précédemment. La peine est quasiment conforme à celle requise en octobre devant le tribunal correctionnel de Paris contre la fonctionnaire, qui n’est plus préfète depuis août mais chargée de mission auprès du ministère de la Transition écologique.

    Régine Engström, 59 ans, était poursuivie pour prise illégale d’intérêt pour avoir soutenu un projet de Nexity dans une ancienne caserne désaffectée à Montargis (Loiret). Le promoteur prévoyait de détruire une partie du bâtiment du XIXe siècle pour y construire une résidence seniors haut de gamme. Or elle avait œuvré, avant sa nomination comme préfète en février 2021, comme directrice des partenariats stratégiques et de la responsabilité sociale et environnementale à Nexity.

    La prévenue n’avait certes aucun intérêt financier dans cette affaire, mais elle a compromis « son indépendance, son impartialité et son objectivité », avait estimé le représentant du parquet lors de l’audience. Dans sa décision, le tribunal a estimé que la préfète se devait d’être « particulièrement vigilante », d’autant qu’elle n’avait quitté son poste à Nexity pour arriver à la préfecture que quelques mois plus tôt. Il a mis en avant la particulière « exigence de probité » que l’on est « en droit d’attendre de la part d’une préfète », mais a cependant pris en compte son manque d’expérience et de « recul » dans cette fonction.

    Un déport pas « formalisé »

    À la barre, l’ex-préfète s’était défendue en assurant qu’« à aucun moment » elle n’avait « franchi de ligne rouge ». Dès son arrivée dans la région, elle s’était déportée sur ce sujet au profit du secrétaire général de la préfecture du Loiret et de la secrétaire générale aux affaires régionales (SGAR), avait-elle affirmé. Le déport n’a cependant pas été « formalisé », en tout cas avant le 11 mai 2022, à la suite d’une injonction de la Haute autorité de la transparence pour la vie publique et après la publication d’articles, notamment dans Mediapart.

    « Le tribunal n’a pas tenu compte de la réalité du dossier et de l’absence d’intervention de Mme Engström dans le processus de protection de la caserne de Montargis », ont réagi les avocats de la préfète, Maîtres Christophe Ingrain et Tristan Gautier. Ils ont fait appel du jugement.