Marseille : un chercheur de l’IHU condamné pour agression sexuelle, harcèlement moral et sexuel

Cet homme de 49 ans, a été condamné ce lundi à de la prison ferme et ne pourra plus exercer de fonction d’encadrement.

Le bâtiment de l'IHU de Marseille, en juin 2021. AFP/ Nicolas TUCAT
Le bâtiment de l'IHU de Marseille, en juin 2021. AFP/ Nicolas TUCAT

    Éric Ghigo, chercheur au sein de l’institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille (IHU) a été condamné ce lundi matin par le tribunal correctionnel de Marseille à 18 mois de prison dont 12 avec sursis pour agression sexuelle, harcèlement moral et harcèlement sexuel sur une ingénieure et une étudiante de l’IHU, selon une information de La Provence.

    La peine ferme de six mois devra être effectuée sous le régime du bracelet électronique à domicile. Les 12 autres mois sont assortis d’un sursis probatoire pendant deux ans avec obligation de travail, de soins et d’indemniser les victimes. Il lui est aussi interdit d’exercer toute fonction d’encadrement, précise le journal.

    Le 5 mai dernier, le tribunal correctionnel avait requis trois ans de prison avec sursis probatoire contre cet un ancien directeur de recherches au CNRS. Révoqué en 2017, Éric Ghigo avait reconnu devant les juges de Marseille être coutumier des blagues graveleuses, comme quand il lançait à la volée : « Il est 16 heures, c’est l’heure de la pipe. C’est qui qui s’y colle ? » De même, il a reconnu pouvoir s’emporter : « Je suis pète-sec, il faut travailler, j’ai toujours visé l’excellence », a-t-il expliqué, se défendant cependant du moindre geste ambigu.



    Face à lui, une jeune Tunisienne venue en 2015 faire son stage de fin d’études au sein de son unité de recherches a raconté, en pleurs, les remarques blessantes, les critiques féroces sur son travail, puis les tentatives de l’embrasser, ces mains glissées sous sa jupe, ou ces moments où il se frottait contre elle. « Il est devenu agréable quand il a commencé à me toucher, à me caresser, il n’y avait plus de reproches sur le travail », a témoigné la jeune femme, restée silencieuse durant plusieurs mois : « Qui allait croire la jeune stagiaire étrangère contre son directeur de stage ? »

    Un complot selon la défense

    Une autre plaignante, Tunisienne elle aussi, arrivée dans le laboratoire en 2008 pour son doctorat, a fait le récit d’années d’humiliations mêlant les propos obscènes ou les textos l’invitant à « passer sous le bureau ». Le président du tribunal a également lu les témoignages à charge de quatre autres jeunes femmes passées dans le laboratoire.

    Informé de ces faits en juin 2015, Didier Raoult avait déplacé Éric Ghigo deux étages plus bas, dans un bureau en open space. Plusieurs témoins, anciennes stagiaires et cadres actuels de l’IHU, ont par contre démenti ce management agressif. « Les blagues d’Éric n’ont jamais embêté personne, on en parlait entre nous, on les trouvait nulles, pas drôles du tout, mais il n’était pas un patron tyran », a expliqué une jeune femme de 29 ans dont Éric Ghigo a été le directeur de thèse.

    Réclamant la relaxe de son client, Me Brice Grazzini avait évoqué un possible complot et des accusations dictées par la jalousie d’une des plaignantes et du patron du laboratoire. Pointant un dossier selon lui « plein de contradictions et d’interrogations », les faits jugés intervenant à une période difficile marquée par la maladie de son épouse, il a indiqué que son client faisait appel de cette décision.