Brûlée vive par son ex-conjoint : ce que l’on sait sur le féminicide de Mérignac

Son mari violent récidiviste, dont elle s’était séparée, lui a tiré dans les jambes, juste avant de l’immoler par le feu. Le couple avait trois enfants.

Le suspect, âgé de 44 ans, a été interpellé peu après les faits par la police (Illustration). LP/Mehdi GHERDANE
Le suspect, âgé de 44 ans, a été interpellé peu après les faits par la police (Illustration). LP/Mehdi GHERDANE

    L’innommable, en pleine rue. Mardi après-midi, une femme âgée de 31 ans, mère de trois enfants, est décédée après avoir été brûlée vive par son compagnon à Mérignac, en Gironde, a-t-on appris ce mercredi de source policière et judiciaire. Une enquête pour « homicide volontaire par conjoint » et « destruction par incendie » a été ouverte par le parquet de Bordeaux et confiée à la sûreté départementale de la police de Gironde.

    Peu avant 18h30, en pleine rue, l’homme a tiré dans les jambes de sa compagne qui s’est écroulée, après avoir quitté son logement en courant. « Alors que la victime était au sol, l’individu prenait un bidon dans une camionnette stationnée à proximité, aspergeait la femme d’un liquide et l’immolait par le feu », relate le parquet dans un communiqué. Le pavillon où vivait le couple a été également incendié dans des circonstances qui n’ont pas été précisées. On ignore si ces faits ont eu lieu avant ou après le meurtre.

    Âgé de 44 ans, celui-ci a été interpellé peu après les faits par la police et se trouve toujours en garde à vue ce mercredi. Ce sont des fonctionnaires de la Brigade anticriminalité qui l’ont rattrapé alors qu’il avait pris la fuite, « sans occasionner de blessé parmi les forces de l’ordre », indique la procureure de Bordeaux Frédérique Porterie, qui précise que « l’intéressé était porteur d’un fusil de calibre 12, d’un pistolet à gaz et d’une ceinture de cartouches ».

    Condamné pour violences conjugales l’an passé

    L’homme était séparé de cette mère de trois enfants âgés de 3, 7 et 11 ans, selon France 3, qui ajoute qu’il était le père du plus jeune. Selon des voisins interrogés par la chaîne, alors qu’il était visé par une interdiction d’entrer en contact avec son ex-compagne, l’homme était revenu au domicile peu après sa sortie de prison.

    Le quadragénaire était en effet déjà connu pour des violences conjugales. Le parquet, dépeignant un individu « défavorablement connu des services de police et de l’autorité judiciaire », rapporte qu’il a été condamné en juin 2020 en comparution immédiate pour « violences volontaires par conjoint » sur sa conjointe. Il avait écopé de 18 mois de prison (avec un mandat de dépôt), dont neuf mois avec sursis probatoire.

    Ce mercredi, des voisines de la victime exprimaient leur colère : « Elle avait trouvé la force de se séparer, au printemps dernier, quand son mari a été condamné à de la prison après l’avoir une nouvelle fois frappée. Mais il est ressorti en septembre ou octobre. Depuis, il la harcelait, l’espionnait, la suivait […] Il y a près de deux mois, il l’a une nouvelle fois agressée devant un supermarché. Il a réussi à la faire monter dans son fourgon et a tenté de l’étrangler. Elle est parvenue à s’enfuir », ont-elles assuré au journal Sud-Ouest, précisant que la « police avait été prévenue ».

    Des associations mettent en cause l’action de l’Etat

    « Le combat contre les violences conjugales et les féminicides continue », a assuré dans un tweet la ministre chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa se disant « horrifiée par ce crime ignoble ».

    Mais plusieurs associations ont mis en cause l’action de l’Etat. « En plus d’être multirécidiviste, il avait une arme à feu ! Encore ! Mais que fait Gérald Darmanin ? » a tweeté Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, qui demande le retrait systématique des armes à feu aux conjoints violents dès le premier signalement. « Inaction de l’Etat », a aussi réagi sur le réseau social l’association Osez le féminisme, estimant que « tout le monde savait qu’il était dangereux et armé ».

    En 2020, 90 féminicides ont été officiellement recensés en France, contre 146 l’année précédente. Le ministère de l’Intérieur a annoncé en février avoir demandé aux préfets de « systématiquement saisir les armes des conjoints violents dès la plainte », une mesure permise depuis le Grenelle contre les violences conjugales organisé en 2019, mais encore trop peu appliquée selon les associations. Un rassemblement à l’appel de plusieurs collectifs de défense des droits des femmes devait se tenir en début de soirée à Mérignac.