Meurtre d’Alexia Daval : Jonathann livrera-t-il ses derniers secrets devant le juge ?

Le juge d’instruction qui entendra ce jeudi le mari d’Alexia Daval va tenter de cerner les dernières zones d’ombre de ce meurtre.

 Jonathann Daval, lors de son mariage avec Alexia, le 23 juillet 2015.
Jonathann Daval, lors de son mariage avec Alexia, le 23 juillet 2015. DR

    Confondu par des éléments matériels, à bout d'explications, il avait fini par craquer. Il y a un mois, Jonathann Daval reconnaissait avoir tué son épouse Alexia et mis en scène sa disparition, le 28 octobre à Gray (Haute-Saône). Une effroyable vérité livrée en fin de garde à vue et encore remplie de zones d'ombre. C'est pour les éclairer que l'homme de 34 ans est entendu ce jeudi matin par le juge d'instruction en charge du dossier.

    Répondra-t-il aux questions ? Jonathann Daval est « respectueux des institutions », assure son avocat Me Randall Schwerdorffer et devrait coopérer. Détenu dans une maison d'arrêt dont son avocat tait le nom pour préserver sa sécurité, il bénéficie d'une surveillance accrue puisqu'il est en phase de « décompensation », assure Me Schwerdorffer. « Il s'était construit une réalité dans laquelle il n'est pas l'auteur des faits, décrypte-t-il. S'avouer que cette réalité n'existe pas, c'est très dur. »

    Comment Alexia est-elle morte? « Le décès est probablement lié à une asphyxie, sans que l'on en connaisse encore le mécanisme », avait prudemment déclaré la procureure de Besançon (Doubs). L'autopsie n'aurait en effet pas mis en évidence de façon nette, sur le cou d'Alexia, les marques typiques d'une strangulation à mains nues. Jonathann avait expliqué avoir, lors d'une dispute, tenté de « maîtriser » son épouse avant de « perdre le contrôle »… tandis que son avocat avait cette formule ambiguë et polémique : « il a accidentellement occasionné la mort de sa femme ». Comment, avec quoi, et combien de temps l'a-t-il étranglée? Un point crucial qui doit notamment déterminer si Jonathann a eu l'intention ou non de donner la mort… Pour l'heure, l'informaticien a en tout cas été mis en examen pour meurtre sur conjoint et risque la prison à perpétuité.

    A-t-il bénéficié de complicités? Le scénario livré pour l'instant par Jonathann Daval est cohérent avec les éléments matériels : trahi par le « tracker » de sa voiture professionnelle et la bonne ouïe de son voisin, il a confirmé avoir chargé le corps dans le véhicule dans la nuit du 27 au 28 octobre, puis être allé le déposer au bois d'Esmoulins, plus tard dans la matinée. Des traces de pneus compatibles et des morceaux de draps appartenant au couple y ont aussi été découverts. Jonathann Daval devra toutefois préciser ses faits et gestes, par exemple dans quelle position il a déposé le corps, pour vérifier qu'ils coïncident avec les constatations médico-légales… et ainsi exclure l'intervention d'un tiers.

    Qui a brûlé le corps d'Alexia ? Jonathann « n'a jamais essayé de mettre le feu au corps d'Alexia », avait déclaré son avocat. Il est toutefois établi que celui-ci a été brûlé à plusieurs endroits, notamment au niveau du bassin. Pour faire croire à un crime sexuel ? C'est l'une des hypothèses des enquêteurs, qui pensent par ailleurs que son auteur a probablement manqué de combustible… S'agit-il de Jonathann ? Le poids symbolique d'un tel aveu était sans doute trop lourd pour lui au moment de sa garde à vue, pensent les gendarmes. L'homme sera donc prioritairement interrogé sur ce point, afin d'écarter l'idée d'une complicité.

    Y a-t-il eu préméditation ? Le SMS envoyé à la sœur d'Alexia, sa dépouille vêtue d'un jogging et cachée sous des branchages, les apparitions ici ou là pour se fabriquer un alibi le matin de la « disparition »… Jonathann Daval a fait montre d'un sang-froid certain après la mort de son épouse. A-t-il pu en être de même en amont ? Dans le couple, la crise couvait depuis des semaines — en attestent les SMS agressifs d'Alexia au sujet de leurs difficultés à concevoir un enfant. « Il savait que sa voiture de fonction avait un traceur, et c'est celle-là qu'il a choisie par exemple. On ne peut pas faire plus pour se faire prendre », souligne Me Schwerdorffer, pour qui « on n'est pas là face à un assassin ».

    VIDÉO. Retour sur la chronologie de l'affaire