Procès Merah : la perpétuité requise en appel contre le frère du tueur

Les magistrats ont demandé à la cour d’assortir d’une peine de sûreté de 22 ans la condamnation d’Abdelkader, présenté comme «mentor et complice».

 Abdelkader Merah lors de son procès en appel.
Abdelkader Merah lors de son procès en appel. AFP/Benoit PEYRUCQ/ALTERNATIVE CROP

    « Le nom de Merah doit être associé à une sanction ferme car ce nom est brandi encore aujourd'hui comme une fierté par des candidats au djihad. » L'avocat général Frédéric Bernardo a requis mardi en appel la réclusion criminelle à perpétuité contre Abdelkader Merah, présenté comme le « complice » des sept assassinats perpétrés par son frère Mohamed en mars 2012 à Toulouse et Montauban. Trois militaires, trois enfants et un enseignant juifs avaient été tués avant que le tueur soit abattu par le Raid dans son appartement assiégé.

    En première instance, le frère du djihadiste toulousain avait été condamné à 20 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste, mais il avait été acquitté du chef de « complicité », la cour ayant estimé qu'aucun élément ne montrait qu'il « connaissait les objectifs visés et les crimes commis par son frère ». L'avocat général l'a présenté cette fois comme « un mentor et un virtuose de la dissimulation ».

    L'un impulsif, l'autre plus raisonné

    Lors d'un réquisitoire à deux voix, les magistrats Rémi Crosson du Cormier et Frédéric Bernardo ont dessiné le « parcours identique » de deux frères, « deux jeunes de la cité qui ont évolué dans une famille disloquée, ont le goût de la violence… et se radicalisent en prison ». L'un, Mohamed, « impulsif, agressif, prêt à l'action » ; l'autre, Abdelkader, « plus raisonné », qui « se voit en intellectuel » et sera « le mentor » qui armera le bras du tueur, selon l'accusation.

    Les magistrats ont demandé à la cour d'assortir la condamnation d'Abdelkader d'une peine de sûreté de 22 ans. Ils ont par ailleurs réclamé « entre 15 et 20 ans de réclusion criminelle » à l'encontre du deuxième accusé, Fettah Malki, un « délinquant multicarte » de 36 ans, condamné en premier ressort à 14 ans de prison pour avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles et un pistolet-mitrailleur, en ayant connaissance de sa radicalisation. Les avocats généraux ont en outre demandé l'inscription des deux condamnations au Fijait (Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions terroristes).

    Les avocats généraux doivent convaincre là où l'accusation a échoué en 2017 et s'attardent sur les faits qu'ils jugent constitutifs de la complicité : Abdelkader Merah, 36 ans, est accusé d'avoir « sciemment » facilité « la préparation » des crimes de son frère en l'aidant à dérober un scooter et à acheter un blouson qui ont été utilisés lors des faits. Il est également accusé d'avoir participé « à un groupement criminel affilié à Al-Qaïda prônant un islamisme jihadiste […] en appliquant à lui-même et à son frère Mohamed les recommandations de cette organisation dont il possédait les enseignements et les conseils opérationnels ».

    Abdelkader Merah a écouté, impassible, cette lourde charge. La défense plaidera mercredi, le verdict est attendu jeudi.