Rixe de Sisco : les frères marocains veulent être jugés hors de Corse

ILLUSTRATION. Le juge Nicolas Bessone le 18 août, lors du procès des cinq hommes.
ILLUSTRATION. Le juge Nicolas Bessone le 18 août, lors du procès des cinq hommes. AFP / PASCAL POCHARD-CASABIANCA

    Les avocats des frères marocains impliqués dans une rixe sur une plage de Sisco (Haute-Corse), qui avait attisé les tensions entre communautés sur l'île en août, ont annoncé avoir demandé le dépaysement de leur procès. Au total, cinq hommes doivent comparaître lors d'une audience programmée jeudi devant le tribunal correctionnel de Bastia, trois frères marocains de Furiani et deux villageois corses, soutenus par la population locale.

    «Le dépaysement est nécessaire pour avoir un débat serein, ainsi que pour la sûreté des prévenus», a déclaré Me Ouadie Elhamamouchi, qui défend Jamal Benhaddou, l'un des Marocains. «La sérénité des débats est mise en péril par les passions locales», a-t-il précisé, pointant également «l'ingérence du pouvoir politique corse» dans ce dossier. A l'approche de la comparution immédiate des cinq personnes le 18 août dernier, près de 300 Corses s'étaient réunis devant le tribunal de Bastia, rapportait Corse-Matin.

    L'hostilité corse pointée du doigt

    L'avocat craint également pour la sécurité des prévenus marocains : «Il peut y avoir dans la salle des gens qui ont participé à leur lynchage», a-t-il affirmé. Avocat d'autres membres de la fratrie, Me David Maheu a affirmé qu'il allait se joindre à cette demande de dépaysement, dont une source judiciaire a précisé qu'elle avait été faite auprès du parquet général de Bastia.

    Celui-ci peut statuer avant l'audience, et dans le cas contraire le tribunal correctionnel peut décider de renvoyer le procès à une date ultérieure, le temps que ce point soit tranché, précisent les avocats. Les frères marocains avaient été clairement accusés par le procureur de Bastia, Nicolas Bessone d'avoir été à l'origine des échauffourées, et devront répondre de violences en réunion avec armes.

    La rixe avait été suivie par des manifestations hostiles aux étrangers dans un quartier populaire de Bastia, où certains pensaient que les familles marocaines impliquées vivaient. Signe de la tension persistante, le parti indépendantiste Corsica Libera, dont le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni est un des dirigeants, a appelé à un rassemblement de soutien aux deux habitants corses de Sisco qui doivent comparaître jeudi.