Viaduc écroulé à Gênes : trois ouvrages similaires dans le monde

Ces trois ponts restent aujourd’hui des exceptions de par leur structure qui date des années 1960.

 Le viaduc de Gênes (Italie) qui s’est effondré mardi 14 août 2018.
Le viaduc de Gênes (Italie) qui s’est effondré mardi 14 août 2018. AFP/ANDREA LEONI

    Le drame du pont de Gênes (Italie) conduit aussi à s'intéresser à son concepteur. Riccardo Morandi, ingénieur italien décédé en 1989, est à l'origine de ce projet inauguré en 1967. «C'était quelqu'un de très réputé qui a beaucoup construit dont des choses absolument remarquables, il a par exemple inventé une méthode de construction des ponts en arc qu'on ne fait plus aujourd'hui pour des raisons économiques», indique au Parisien l'ingénieur des ponts et chaussées Michel Virlogeux qui a notamment conçu le viaduc de Millau.

    Quant au pont à haubans de Gênes, il a été conçu sur un modèle original en une succession de structures indépendantes en béton et des pylônes en V renversé. Morandi a construit deux autres ponts du même type, au Venezuela (inauguré en 1965) et en Libye (1972). Le premier s'est d'ailleurs aussi en partie effondré, mais pour des raisons qui n'ont rien à voir avec le cas de Gênes car c'est un pétrolier de 200 mètres de long qui était rentré dans un pylône. «C'est très différent, le bateau est venu taper une pile et avec sa vitesse le pont s'est écroulé, il n'y a pas de défaut de structure du pont mais le bateau n'avait pas à être là», précise Michel Virlogeux.

    Autre différence avec Gênes, le pont au Venezuela s'est effondré au niveau des viaducs d'accès et pas de la partie principale. Cinq personnes avaient tout de même perdu la vie dans la catastrophe. Mais ce viaduc du Général Rafael-Urdaneta reste aujourd'hui très fréquenté, tout comme celui de Wadi el Kuf, en Libye.

    «Grâce à cette conception, un seul pylône est tombé»

    Ces trois ponts restent cependant aujourd'hui des exceptions de par leur structure qui date des années 1960. «Les idées développées à la même époque par les ingénieurs allemands pour ce type de ponts à haubans étaient beaucoup plus efficaces donc presque personne n'a repris le système et les idées de Morandi car ça consomme beaucoup plus de matière et coûte plus cher», poursuit Michel Virlogeux.

    Cette conception originale peut-elle alors expliquer l'accident de Gênes ? Michel Virlogeux juge au contraire que la structure du pont composé de plusieurs parties indépendantes a eu des effets bénéfiques. «Grâce à cette conception un seul pylône est tombé et heureusement car sinon il aurait pu y avoir une cassure en chaîne et beaucoup plus de morts», conclut l'expert.