A Suresnes, la grande aventure de l’hôpital Foch racontée dans un livre

L’établissement célèbre ses 80 ans d’existence à travers un ouvrage qui vient de paraître. Et lance pour 2018 une nouvelle campagne de mécénat.

 Suresnes, hôpital Foch. Nurserie de l’hôpital dans les années 1950.
Suresnes, hôpital Foch. Nurserie de l’hôpital dans les années 1950. (Archives Fondation Foch.)

    Le 25 octobre 1936 était inauguré en grande pompe sur le flanc du Mont-Valérien un nouvel hôpital par le président de la République, Albert Lebrun, le président du Conseil, Léon Blum, et l'ambassadeur des Etats-Unis. Il sera opérationnel l'année suivante et fête donc ses 80 ans de bons et loyaux services.

    A cette occasion, un ouvrage de 130 pages « 1937-2017, l'histoire d'un hôpital »* vient de paraître. Richement illustré, il présente les témoignages de celles et ceux, fondateurs, médecins, infirmières, qui ont fait et font de cet établissement - privé mais participant au service public - un hôpital unique, à la fois de proximité et à la pointe du progrès scientifique.

    1929, naissance de la Fondation franco-américaine du Mont-Valérien. L'américain Bernard Flursheim et le ministre français Justin Godard lancent le projet de construction d'un hôpital de 350 lits et obtiennent de la veuve du maréchal Foch, décédé cette année-là, qu'il porte son nom.

    Suresnes, 1933. Visite du chantier du futur hôpital Foch. (Archives de la Fondation Foch).

    La fondation acquiert les terrains de l'ancien château Worth, démoli par les fils du célèbre couturier. Ils ont vendu la propriété à condition que le pavillon anglo-normand soit conservé. Il abrite toujours les directions de l'hôpital et de la fondation. Deux riches héritières américaines, Consuelo Balsan et la princesse de Polignac, apporteront les fonds indispensables.

    1937, « un hôpital modèle pour les classes moyennes ». « Justin Godard et Bernard Flursheim, mais aussi Henri Sellier, le maire de Suresnes, estimaient qu'il fallait des hôpitaux dans la banlieue de Paris », raconte Jean-Louis Bühl, actuel président de la Fondation Foch, toujours propriétaire de l'hôpital. « A l'époque, il n'y avait pas encore de sécurité sociale. Une partie de la population n'était pas assez pauvre pour bénéficier de l'aide sociale et pas assez riche pour payer l'hôpital. »

    Suresnes, le 25 octobre 1936. Inauguration de l'hôpital par le président de la République, Albert Lebrun, le président du Conseil, Léon Blum, l'ambassadeur des Etats-Unis en France, et la veuve du Maréchal Foch, qui a accepté de donner le nom de son époux à l'hôpital. (Archives Fondation Foch.)

    En février 1938, la gazette « Réalités françaises » explique que cet « hôpital modèle pour les classes moyennes » et « accessible aux bourses modestes » a vu le jour pour une grosse moitié avec des subventions d'Etat (plus de 20 millions d'anciens francs) et pour le reste grâce aux dons de particuliers français et américains.

    1945-1949, « l'hôpital de la SNCF ». Occupé pendant la Seconde Guerre mondiale par les militaires français puis allemands, l'établissement de soins est géré à la Libération par l'Assistance publique. « L'AP récupère l'hôpital et considère que la Fondation n'existe plus… Justin Godard, son fondateur, mettra des années à en obtenir la restitution », poursuit Jean-Louis Bühl. En 1949, la gestion est confiée à la Caisse de prévoyance de la SNCF, raison pour laquelle il est resté longtemps pour beaucoup de gens « l'hôpital de la SNCF », constate-t-il.

    Cinquante ans plus tard, sa situation financière est fragile, faute d'investissement, malgré plusieurs extensions et une réputation qui ne cesse de croître grâce à la qualité de ses médecins. En 1960, c'est à Foch que sont réalisées les premières greffes mondiales de reins entre patients (non jumeaux). L'histoire de ces avancées médicales est racontée avec passion par les plus grands spécialistes dans l'ouvrage consacré aux 80 ans de Foch*.

    Suresnes, vue aérienne de l'hôpital Foch dans les années 1960 (Archives Fondation Foch).

    1995, « l'intervention de Simone Veil a été décisive ». A la fin de la mission confiée à la Caisse de la SNCF, le ministre de la Santé, Simone Veil, a l'idée de créer une association ad hoc pour gérer l'hôpital et conseille de faire appel aux collectivités territoriales. La ville a accepté à condition de ne pas participer financièrement. Mais des projets communs sont menés, notamment la création d'une maison médicale de garde en 2011.

    De 2009 à 2015, la Fondation Foch a versé 40 M€ à l'hôpital. « Nous avons notamment participé au financement du pôle imagerie, du scanner, du centre de simulation, du centre d'AMP (Assistance médicale à la procréation) pour 1,2 M€, au projet de réhabilitation ex vivo des greffons pulmonaires pour 300 000 € », cite Jean-Louis Bühl.

    « La Fondation bénéficie de la générosité de 10 000 donateurs réguliers, de tous âges, et reçoit des legs, qui se sont élevés à 4 M€ en 2015-2016. Ce sont souvent d'anciens patients ou familles de patients, ou encore des habitants de Suresnes, attachés à leur hôpital, à ce qu'il représente, et qui n'ont pas de descendant. » Des dons dont l'affectation est aujourd'hui clairement identifiée : « Nos comptes sont certifiés et nous avons reçu cette année le label « Don en confiance », décerné par un organisme indépendant », se félicite Jean-Louis Bühl.

    2018, nouvelle campagne d'appel aux dons. L'hôpital doit aller de l'avant, se moderniser, la numérisation et la robotisation exigent des investissements onéreux, rappelle le président de la fondation, justifiant une nouvelle campagne et la recherche de grands mécènes.

    Cette année, 447 donateurs ont financé une partie du spectromètre de masse, un matériel coûteux (429 000 €) qui permettra de valider les analyses des molécules dans l'haleine des patients, afin de diagnostiquer de nombreuses maladies. Mais la collecte continue.

    * Disponible depuis le 12 décembre au service communication de Foch.