Boulogne-Billancourt porte plainte après la panne géante d’électricité

Quelque 21000 clients avaient subi la coupure de la CGT Energie, le 30 novembre dernier, pendant une bonne partie de la journée.

 Boulogne-Billancourt, jeudi 30 novembre 2017. Coupure d’électricité géante à Boulogne. Le poste source du quai du Point-du-Jour a été coupé par la CGT Energies, visant les locaux de medias, dont Canal +
Boulogne-Billancourt, jeudi 30 novembre 2017. Coupure d’électricité géante à Boulogne. Le poste source du quai du Point-du-Jour a été coupé par la CGT Energies, visant les locaux de medias, dont Canal + (LP/A.L.)

    Boulogne, 10h30, jeudi 30 novembre. Le quartier du Point-du-Jour se retrouve soudainement privé de courant. Plus de feux tricolores, plus d'ascenseurs dans les immeubles. A midi, plus de fours pour réchauffer les repas des enfants dans les écoles. Des membres du syndicat CGT Energie ont coupé le poste source de la rue de Seine. Une action « sauvage » perpétrée simultanément sur différents sites français pour dénoncer les ordonnances réformant le Code du travail et les fusions dans le secteur de l'énergie. A Boulogne, ce sont notamment les locaux des chaînes de télévision des groupes TF1 et Canal + qui étaient visés. Le courant ne sera rétabli qu'en fin de journée.

    «Je suis encore choqué par la violence de cette action »

    Furieux, le maire (LR) de la ville avait alors vivement critiqué un acte « scandaleux et honteux ». Sa colère n'est pas retombée : il a déposé plainte auprès du procureur de la République de Nanterre. « Je suis encore choqué par la violence de cette action, réagit Pierre-Christophe Baguet. Elle a touché 21000 clients d'Enedis, à Boulogne, mais aussi Issy et Meudon. C'était une grève sauvage et cela aurait pu être dangereux. Il y a eu l'arrêt des feux tricolores, des personnes bloquées dans des ascenseurs ou des parkings… »

    La plainte est déposée contre X, et pas directement dirigée contre les membres du syndicat responsable de la coupure. « Personne n'a essayé de nous contacter au sein de la ville de Boulogne, indique Hervé Boquet, porte-parole du syndicat FNME-CGT. Nous sommes obligés parfois d'en arriver à ce genre d'actions pour nous faire entendre, mais, à ma connaissance, il n'y a eu aucune incidence sur les zones sensibles, type hôpital. »

    « Revenus à l'âge de pierre pendant presque une journée »

    Les services de la ville sont en train d'évaluer le coût que cet « incident » a représenté, afin d'estimer les préjudices subis. Et le maire lance un appel aux particuliers et professionnels touchés, pour qu'ils s'associent à cette plainte. Un appel auquel Arthur a répondu sans hésiter. « Nous sommes revenus à l'âge de pierre pendant presque une journée, se souvient ce commerçant du quartier. Au sein de notre société, nous n'avons rien pu faire pendant quatre heures, pas de coup de téléphone, pas d'ordinateur, et nous étions plongés dans le noir ».

    La clinique vétérinaire Europa s'est elle aussi retrouvée au chômage technique. « Heureusement, la coupure a eu lieu avant que les opérations chirurgicales commencent… sinon nous nous serions retrouvés avec des chiens ouverts sur les tables », indique une employée. Ici, les professionnels ne voient cependant pas l'utilité d'une plainte : « Ce n'est pas notre priorité. »

    Même avis pour Judith Shan, conseillère (PS) d'opposition. « Ce n'était peut-être pas la bonne méthode employée, car nos administrés ont souffert de cette situation. Mais je ne comprends pas l'utilité de porter plainte. »

    Les services juridiques de Boulogne continuent quant à eux de recenser les demandes de plaintes. « C'est un travail de fourmi qui va nous permettre d'étoffer le dossier », lance Pierre-Christophe Baguet. Qui « ira au bout de la démarche » pour « défendre l'intérêt général. »