Etats-Unis : le bilan mitigé des promesses de Donald Trump

    Construction d'un mur à la frontière mexicaine, abolition de l'Obamacare ou encore l'Accord de Paris sur le climat... Après six mois passés à la Maison Blanche, où en sont les principales mesures du programme électoral de Donald Trump ?

     Alors que le milliardaire républicain est depuis près de six mois à la Maison Blanche, son taux d'opinions favorables est tombé de 42% en avril à 36% à la mi-juillet.
     Alors que le milliardaire républicain est depuis près de six mois à la Maison Blanche, son taux d'opinions favorables est tombé de 42% en avril à 36% à la mi-juillet. (AFP/SAUL LOEB)

      Il avait promis de raser gratis. Surmédiatisé, assiégé par les critiques et les scandales, Donald Trump est depuis le 20 janvier l'homme le plus puissant du monde. Passé des écrans de téléréalité à ceux des talkshows politiques, l'homme à l a fortune personnelle estimée à 3,7 milliards de dollars par le magazine Forbes dispose d'un sens aigu du spectacle. Profitant d'une campagne pour le moins fracassante, le magnat de l'immobilier avait multiplié les promesses, et pas des moindres.

      Parti dans le rôle du challenger, il a réussi son premier pari, être élu, mais depuis, le quarante-cinquième président des Etats-Unis est loin de faire l'unanimité. Sur son bilan et sur les nombreuses affaires qui le poursuivent, notamment pour ses relations avec la Russie de Poutine. Après avoir promulgué 14 abrogations de réglementations de l'ère Obama et signé quantité de décrets, il a pleinement usé de ses pouvoirs exécutifs. Sa côté de popularité est, cependant, exceptionnellement basse. Seul Georges Bush a réussi à faire pire, lors de son second mandat. Après six mois à la Maison Blanche, Donald Trump a-t-il pour autant appliqué son programme?

      Trois promesses tenues

      Accords internationaux. Le moins que l'on puisse dire est que Donald Trump ne porte pas les accords internationaux dans son cœur. La critique systématique qu'il en distille durant la campagne lui vaut d'être taxé de protectionniste, d'isolationniste et de populiste. Ce mépris assumé des accords a déjà fait deux victimes en six mois : l'Accord de Paris pour le climat et le Traité Trans-Pacifique, deux mesures phares de son programme international. Washington s'est immédiatement retiré de ce dernier après l'accession au pouvoir de Trump tandis que les négociations concernant le traité de l'Aléna vont commencer le 16 août avec le Mexique et le Canada. Inspiré par le protectionnisme, le discours économique du président avait séduit les classes touchées par la mondialisation dans les zones désindustrialisées.


      L'avenir de l'Accord de Paris est quant à lui plus flou, surtout depuis la récente visite du président américain en France. Selon Emmanuel Macron, le président américain «a compris le sens de ma démarche, notamment le lien qui existe entre réchauffement climatique et terrorisme. Il m'a dit qu'il allait essayer de trouver une solution dans les prochains mois». Soulignant avoir été «élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris», le milliardaire a qualifié cet accord de «très injuste» pour son pays puisqu'il permettrait, selon lui, aux autres nations de prendre un avantage sur l'industrie américaine.


      Cour suprême. Autre promesse du candidat Trump, et qui revêt une grande importance au vu du système judiciaire américain, la nomination d'un juge conservateur à la Cour Suprême. La Cour suprême des États-Unis est le sommet du pouvoir judiciaire et le tribunal de dernier ressort pour les affaires qui relèvent de la Constitution ou des lois et des traités. Neil Gorsuch, juge plutôt conservateur d'une cour d'appel fédérale âgé de 49 ans, a été choisi par le président pour remplacer Antonin Scalia, grande figure conservatrice décédée en février 2016. Sa nomination a été confirmée par le Sénat.


      Deux mesures avortées

      Mur avec le Mexique. C'était la mesure la plus emblématique de sa vision du monde. La volonté et la détermination affichées durant la campagne pour construire un mur à la frontière avec le Mexique a grandement forgé l'image de Trump à l'international. Finalement, il s'agit surtout d'une tempête dans un verre d'eau. Plus grand monde ne croit à ce projet faramineux estimé à près de 20 milliards. Donald Trump souhaitait que le Mexique mette la main à la poche pour financer la construction, ce dernier refuse catégoriquement. De son côté, le Congrès américain ne veut pas entendre parler d'un mur qui plomberait lourdement le budget de l'Etat.


      Obamacare. Autre promesse vouée à l'abandon, abroger puis remplacer l'une des lois les plus symboliques de Barack Obama : l'Obamacare. Elle constitue le principal volet de la réforme du système de protection sociale dans le pays. Trump compte désormais «laisser Obamacare s'écrouler» puis revenir à la charge avec un nouveau projet de loi. Après son investiture, Donald Trump signe pourtant un décret dans l'objectif d'abroger le texte démocrate. Un décret d'autant plus symbolique qu'il s'agit du premier signé depuis son entrée en fonction. Face à l'opposition de la Chambre des représentants, pourtant à majorité républicaine, le texte est finalement retiré le 24 mars, à la demande du nouveau président, qui essuie là son premier grand revers politique. Après déjà moult rebondissements, le Sénat n'a pas réussi à récolter cette semaine le nombre de voix nécessaires à l'adoption de la réforme du système de santé.

      Plusieurs mesures demeurent inachevées

      Relations avec la Russie. Durant la campagne, le milliardaire candidat a multiplié les compliments envers le président russe Vladimir Poutine, assurant qu'il améliorerait les relations avec Moscou. Leur premier grand entretien a eu lieu à Hambourg (Allemagne) en marge des rencontres du G20. Les deux homologues ont pu discuter de l'Ukraine, de la Syrie, de la lutte antiterroriste, de la cybersécurité ou encore de la Corée du Nord. Si les relations entre les dirigeants semblent être au beau fixe, de nombreuses affaires entâchent cette normalisation des rapports entre les deux pays. Ainsi, plusieurs enquêtes sont toujours en cours concernant des soupçons de collusion de membres de son équipe de campagne avec des responsables russes et accusations d'ingérences de Moscou dans le processus électoral.


      Le combat contre l'Etat Islamique est pourtant un dénominateur commun entre les deux puissances, et devrait les rapprocher. Sur ces questions stratégiques, les positions assumées sont surtout le reflet du rapport de force sur le terrain. Après l'engagement russe en Syrie, les rebelles, soutenus par les Etats-Unis, ont perdu du terrain et ont permis le maintien de Bachar al-Assad à la tête de l'Etat. Depuis, les djihadistes ont été vaincus à Mossoul, en Irak, et sont maintenant encerclés dans leur capitale autoproclamée, Raqqa en Syrie. Les promesses de réduire au néant l'EI et d'améliorer les relations avec le rival russe sont ainsi a moitié respectées.


      Muslim ban. Le candidat Trump avait créé la polémique en appelant «à l'arrêt total et complet de l'entrée des musulmans aux Etats-Unis». Ses efforts pour interdire temporairement l'entrée des ressortissants de six pays à majorité musulmane (Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen) et de tous les réfugiés ont été contrariés par plusieurs décisions de justice. Cependant, la Cour suprême a autorisé fin juin une entrée en vigueur partielle de ce décret controversé : les ressortissants de ces six pays pouvant prouver une «relation valable avec une personne ou une entité aux Etats-Unis» ne sont plus écartés d'office. Si sa côte de popularité est en berne et que son bilan semble mitigé, Donald Trump semble tenir le coup aux yeux de ses électeurs. Selon un sondage Reuters/Ipsos publié ce jeudi, 90% des électeurs de Trump seraient prêts à revoter pour lui.