Exclue de l’Eurovision, la Biélorussie fustige une décision «politiquement motivée»

Le pays a été exclu en raison de la controverse suscitée par les chansons proposées, alors que la Biélorusse est secouée par un mouvement de protestation inédit.

C'est l'Ahoy arena à Rotterdam, aux Pays-Bas, qui accueillera le concours cette année. REUTERS/Piroschka Van De Wouw
C'est l'Ahoy arena à Rotterdam, aux Pays-Bas, qui accueillera le concours cette année. REUTERS/Piroschka Van De Wouw

    Le groupe choisi pour représenter la Biélorussie, Galasy Zmesta, avait proposé une première chanson intitulée « Je vais t’apprendre », provoquant la colère de l’opposition en raison de paroles telles que « je vais t’apprendre à rentrer dans le rang », une référence à peine voilée à la répression des manifestations contre le pouvoir. Conséquence : « Malheureusement, le Bélarus ne participera pas » au concours de l’Eurovision, qui se tiendra à Rotterdam, a annoncé vendredi soir l’Union européenne de Radio-Télévision (UER) après la controverse suscitée par les chansons proposées par ce pays secoué par un mouvement de protestation inédit. Ce samedi, la Biélorussie a dénoncé une décision « politiquement motivée » après avoir été exclue par les organisateurs de la prochaine édition de l’Eurovision, le concours de chant qui se tiendra en mai prochain aux Pays-Bas.

    Cette première chanson avait été rejetée par les organisateurs de l’Eurovision, tout comme la deuxième, qui « enfreint elle aussi les règles de la compétition, qui garantissent que le concours n’est pas instrumentalisé ou discrédité », a indiqué l’UER dans un communiqué. La deuxième chanson proposée par Galasy Zmesta était plus nuancée, mais le meneur du groupe a révélé ce samedi à l’agence de presse russe Ria Novosti que la signification de cette fable sur un lapin, des poulets d’élevage et un renard « est tout à fait évidente ».

    Des troubles politiques d’envergure

    « Que l’Europe aie peur d’autoriser une chanson sur scène sur des lapins - c’est une honte finale et absolue », a dénoncé vendredi soir sur Telegram la société bélarusse de radiodiffusion. Ivan Eïsmont, qui dirige le comité de sélection pour l’Eurovision du Bélarus, a pour sa part fustigé ce samedi auprès de Ria Novosti une disqualification « politiquement motivée ». La Biélorussie, pays autoritaire niché entre Russie et Union européenne, est secoué par des troubles politiques d’envergure depuis la réélection contestée en août du président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994.

    Des manifestations d’une ampleur sans précédent ont eu lieu quasiment chaque week-end pendant des mois, pour la plupart sévèrement réprimée par la police. Des milliers de personnes ont été arrêtées et les meneurs de la contestation ont été emprisonnés ou contraints à l’exil. L’UE a imposé des sanctions envers M. Loukachenko et des hauts responsables de son gouvernement. L’Eurovision, qui attire chaque année des millions de téléspectateurs, avait été annulé en 2020 en raison de la pandémie de coronavirus.