Guerre à Gaza : les républicains convient Benyamin Netanyahou à s’adresser au Congrès américain

Ce discours qui aura lieu « bientôt » sera le quatrième du Premier ministre israélien à Washington devant les législateurs américains. La Maison Blanche n’a pas commenté cette invitation.

Mike Johnson, président républicain de la Chambre des représentants, est un soutien de Donald Trump, qui entretenait des relations chaleureuses avec Benyamin Netanyahou quand il était à la Maison Blanche. REUTERS/Amanda Andrade-Rhoades
Mike Johnson, président républicain de la Chambre des représentants, est un soutien de Donald Trump, qui entretenait des relations chaleureuses avec Benyamin Netanyahou quand il était à la Maison Blanche. REUTERS/Amanda Andrade-Rhoades

    Une réponse éminemment politique à la CPI ? Ou un pavé dans la mare électorale américaine ? Le patron des républicains à la Chambre des représentants Mike Johnson a annoncé jeudi soir que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou prendrait prochainement la parole lors d’une réunion conjointe du Congrès, dans un contexte de tensions accrues avec le président Joe Biden concernant la gestion de la guerre à Gaza par le dirigeant israélien.

    Alors qu’il prononçait un discours au dîner annuel pour le Jour de l’Indépendance organisé par l’ambassadeur d’Israël à Washington, cette année au National Building Museum, le « speaker », plus haut représentant républicain du Congrès et critique de la politique israélienne du président démocrate, a déclaré que « ce soir, je suis heureux d’annoncer… que nous accueillerons bientôt le Premier ministre Netanyahou au Capitole pour une session conjointe du Congrès ». Ce sera « une forte démonstration de soutien au gouvernement israélien au moment où il en a le plus besoin », a-t-il affirmé sous les applaudissements de son camp.

    Cette décision place les démocrates dans une position complexe : bien que Joe Biden ait maintenu son soutien à son allié israélien, il se montre de plus en plus critique à l’égard de la stratégie de l’État hébreu contre le Hamas et a suspendu une livraison de bombes si Netanyahou maintenait une grande opération terrestre à Rafah. Johnson, soutien de Donald Trump avec qui « Bibi » a toujours entretenu des relations chaleureuses, n’a d’ailleurs pas manqué de railler « certains dirigeants » qui ont cherché à retirer à Israël des « armes vitales ». Quant au chef de la majorité au Sénat Chuck Schumer, s’il a déclaré en mars que le dirigeant israélien s’était « égaré » et appelé à de nouvelles élections en Israël, il aurait, selon Johnson, donné son accord pour que le Congrès accueille Netanyahou.

    « Une forte démonstration de soutien au gouvernement israélien »

    Johnson n’a pas précisé de date pour ce grand discours, dont l’idée a aussi été portée par le représentant démocrate Pete Aguilar, qui n’est que le quatrième démocrate à la Chambre dans l’ordre des responsabilités. « En tant qu’Américains, nous réaffirmons notre engagement envers la souveraineté d’Israël », a-t-il déclaré, alors que le sujet de la guerre à Gaza et le soutien américain animent particulièrement la campagne électorale américaine.

    Johnson et Aguilar ont tous deux condamné la décision du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) cette semaine de demander des mandats d’arrêt contre Netanyahou, et son chef de la défense, Yoav Gallant. Le procureur a également demandé des mandats d’arrêt contre trois dirigeants du Hamas responsables de l’attaque sanglante du 7 octobre contre Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

    Interrogée pour savoir si elle avait été consultée sur cette invitation, la Maison Blanche a refusé de commenter. Les équipes du président ont aussi refusé de dire si le Bureau ovale profiterait de la venue à Washington de Netanyahou pour organiser une entrevue. Se rendre à Washington sans cette invitation ne ferait que souligner davantage la fracture entre les deux hommes, estime le journal Times of Israel.

    Les discours au Congrès sont un honneur rare, généralement réservé aux alliés les plus proches des États-Unis. En mars 2022, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’était exprimé devant les législateurs américains en visio-conférence depuis Kiev. Benyamin Netanyahou a déjà prononcé trois discours au Capitole, le plus récent en 2015. Cette année-là, les dirigeants républicains l’avaient invité sans consulter le président démocrate de l’époque, Barack Obama, alors que Netanyahou les rejoignait dans une tentative infructueuse de faire dérailler l’accord nucléaire international d’Obama avec l’Iran, qui sera dynamité par Donald Trump trois ans plus tard. Des dizaines de démocrates avaient boycotté sa prise de parole, et certains pourraient faire de même cette fois.