Frappe sur l’hôpital de Gaza : vidéos, photos, audio... Israël publie des documents qui « accusent » le Djihad islamique

Tsahal accuse une erreur de tir du mouvement islamiste rival du Hamas. Des cartes et un enregistrement audio ont été dévoilés lors d’une conférence de presse.

De nombreux véhicules stationnés sur le parking de l'hôpital al-Ahli ont été calcinés. IconSport/DPA/Mohammad Abu Elsebah
De nombreux véhicules stationnés sur le parking de l'hôpital al-Ahli ont été calcinés. IconSport/DPA/Mohammad Abu Elsebah

    Des vidéos, une interception audio, des photos. Dans un exercice inhabituel, l’armée israélienne a dévoilé ce mercredi matin les « preuves » qui, selon elle, l’exonèrent de toute responsabilité dans la frappe sur l’hôpital al-Ahli de Gaza mardi en fin de journée, qui a fait des centaines de morts.

    « Les preuves, que nous partageons avec vous tous, confirment que l’explosion dans un hôpital de Gaza a été causée par le tir d’une roquette du Djihad islamique ayant échoué », a affirmé le porte-parole militaire Daniel Hagari lors d’une conférence de presse. « Cette analyse professionnelle est basée sur des renseignements, des systèmes opérationnels et des images aériennes, qui ont tous été recoupés », a assuré le contre-amiral.

    Mardi soir, le ministère de la Santé du Hamas a affirmé que 200 à 300 personnes, pour beaucoup des Gazaouis qui s’étaient réfugiés dans l’enceinte de l’hôpital al-Ahli, avaient été tuées dans une explosion près de l’hôpital. Des scènes de chaos ont été décrites, les secours ne parvenant pas à rassembler les victimes ni les soignants à leur venir en aide. La communauté internationale s’est émue de la violence de la frappe, appelant une fois encore à la protection des civils. Les pays arabes et le Hamas ont accusé Israël d’avoir appuyé sur le bouton, ce que l’État hébreu a vivement démenti. De nombreuses manifestations de protestation ont été organisées dans la foulée.

    VIDEO. Guerre Hamas-Israël : une frappe sur un hôpital de Gaza fait des centaines de morts

    « Il n’y a pas de cratères ici. Les murs restent intacts. Cela montre que ce n’est pas une munition aérienne qui a frappé le parking » de l’hôpital, a argué Daniel Hagari en montrant des visuels grossis à la presse. « Le seul endroit endommagé se trouve à l’extérieur de l’hôpital, sur le parking, où l’on peut voir des traces de brûlures », a-t-il poursuivi. La traînée de propulsion « encore visible » montre que le projectile a effectué une trajectoire courte. « À 18h59, une dizaine de roquettes ont été tirées par le Djihad islamique depuis un cimetière voisin. C’est à ce moment-là, à 18h59, qu’une explosion a été signalée à l’hôpital de la ville de Gaza », a déclaré Hagari.

    L’armée israélienne a également diffusé un audio, issu d’interceptions par le renseignement israélien, présenté comme une conversation entre deux membres du Hamas qui évoquent la responsabilité du mouvement rival Djihad islamique. « Selon nos renseignements, le Hamas a vérifié les rapports et a compris qu’il s’agissait d’une erreur de tir du Djihad islamique palestinien, puis il a lancé une campagne médiatique mondiale en gonflant le nombre de victimes », a-t-il accusé.

    Guerre des versions

    Dans l’enregistrement audio, on entend les deux hommes parler d’un cimetière situé derrière l’hôpital d’où aurait été tirée la roquette. Sur Google Maps, on distingue bien le cimetière et l’hôpital.

    L’officier a aussi fait valoir que les erreurs de tir étaient fréquentes : depuis le lancement de son offensive par le Hamas le 7 octobre, suivie d’une réplique implacable d’Israël, quelque 450 roquettes tirées depuis la bande de Gaza auraient ainsi échoué, retombant à l’intérieur du territoire où vivent 2,3 millions de Palestiniens.

    Le mouvement Djihad islamique, créé dans les années 1980, qui a parfois critiqué l’inertie du Hamas et du Fatah, a crié aux « mensonges » de « l’ennemi sioniste ». Le Hamas a de nouveau accusé Israël dans un communiqué de « chercher en vain de se dérober à sa responsabilité dans le massacre de l’hôpital en présentant une version mensongère qui n’a rien à voir avec la réalité et qu’il tente de promouvoir avec sa propagande ». Selon le mouvement, « cet horrible massacre a été perpétré à l’aide d’un arsenal militaire américain dont seul l’occupant (Israël, NDLR) dispose ».