« J’ai kiffé » : l’étonnante réaction du champion olympique d’épée Romain Cannone après son élimination des JO

Tenant du titre, le Français Romain Cannone a été éliminé dès les huitièmes de finale des Jeux olympiques de Paris. Un revers inattendu qui n’a pas plombé le moral du Français, souriant devant les médias.

Romain Cannone a été sorti dès les huitièmes de finale à l'épée masculine. LP/Jean-Baptiste Quentin
Romain Cannone a été sorti dès les huitièmes de finale à l'épée masculine. LP/Jean-Baptiste Quentin

    Il avait créé la sensation aux Jeux olympiques de Tokyo en remportant une médaille d’or inespérée. Trois ans plus tard, le Français Romain Cannone a de nouveau créé la surprise aux JO de Paris, mais bien moins bonne pour la délégation tricolore. Eliminé dimanche dès les huitièmes de finale (10-15) par le Kazakh Ruslan Kurbanov, 12e mondial, le champion du monde 2022 est cependant arrivé, détendu et avec le sourire, devant les médias. Il a positivé sur cette sortie prématurée au terme d’une saison marquée par les tensions entre la fédération et lui.

    On ne vous sent pas trop déçu. Quel est votre sentiment après cette élimination ?

    ROMAIN CANNONE. Je suis très heureux d’avoir participé aux Jeux olympiques dans un lieu mythique. J’ai vu une compétition au Grand Palais quand j’étais jeune. Je rêvais d’y participer. C’est une partie de mon rêve qui s’est accompli. Franchement, j’ai kiffé. Dès mon premier match, je ne me suis pas senti complètement fermé. Du coup, j’étais très fier de m’exprimer. Je pense que tout le monde ne peut pas faire ça aux Jeux olympiques avec la pression.

    Kurbanov a fait un gros match. Il n’a pas voulu me laisser d’air au troisième relais. C’est très bien joué de sa part. L’escrime, c’est aussi une partie d’échecs. J’ai été surpris. C’est comme si on se faisait manger son fou et sa dame. Du coup, c’est plus dur après pour gérer la chose. Je suis fier d’avoir participé. J’ai vu mon oncle, ma famille, un volontaire qui fait de l’escrime à Saint-Maur (son club), un maître d’armes qui teste le matériel. Ce sont des petits détails que j’emporte avec moi. Ce que je souhaite, c’est que Yannick (Borel, le dernier Français en lice) aille jusqu’au bout pour que je donne le flambeau à la bonne personne.

    Avez-vous des regrets sur vos choix d’entraînements cette année (il a quitté l’Insep pour s’entraîner en club) ?

    Il ne faut pas avoir de regrets dans la vie. Moi, j’ai voulu kiffer, et je ne regrette rien, vraiment. Il y a eu de la belle escrime sur quelques touches, quelques belles touches, et c’est ce qui compte pour moi. Maintenant, j’ai envie d’aller chercher la médaille par équipes. Je sais qu’on a une équipe forte et qu’on est très soudés. On va voir où ça nous mène.

    Quelque part, est-ce que ça vous libère de ne plus avoir ce statut de champion olympique ?

    J’aurais bien voulu le garder. C’est un beau titre. La vie continue. Peut-être que ça sera différent au village olympique quand je serai à la cool dans ma chambre. Je n’ai pas de regrets. Je suis très content d’avoir participé même si j’aurais préféré aller plus loin.

    Vous ne réalisez pas encore ce qu’il vient de se passer ?

    Ben, qu’est-ce qu’il va se passer ? La vie continue, il y aura d’autres Jeux olympiques. C’est ça la magie des Jeux. Tout le monde est capable de gagner. Il y a les meilleurs, la crème de la crème. Ça serait trop facile d’avoir un seul favori sinon j’aurais mis je-ne-sais-combien d’argent sur des paris sportifs et je serais millionnaire. Ce qu’il faut faire en tant qu’athlète, c’est ne pas se faire manger par l’événement ou regretter de ne pas avoir fait ça.

    Il y a une raison à votre changement d’entraîneur sur la chaise entre le seizième et le huitième de finale (Hervé Faget a remplacé le manager de l’épée Gauthier Grumier, avec qui Cannone est en froid) ?

    Non. Peu importe l’entraîneur que j’avais avec moi. Je voulais profiter. J’ai essayé de donner de bonnes ondes à celui qui était derrière moi, comme eux essayaient de faire la même chose pour moi. Je n’ai pas reçu d’ondes négatives. J’en ai reçu des bonnes, notamment du public comme des coéquipiers avec qui je m’échauffais. Kurbanov a fait un bon coup. Je pense qu’il peut aller plus loin.