Stéphane de Groodt : «Pour moi, Cannes, c’est un peu comme Noël»

Ancien pilote de course, passé par Canal+, Stéphane de Groodt est venu à Cannes présenter son deuxième court-métrage dans le cadre des Talents Adami. Drôle, porté par le sens des mots, il nous raconte ses désirs de cinéaste et sa vision de la Croisette, sans paillettes.  

Stéphane de Groodt : «Pour moi, Cannes, c’est un peu comme Noël»

    Comment est né votre court-métrage, «Qui ne dit mot», présenté ici à l'Adami ?

    Il est né par la fin. J'ai toujours été interpellé par le fait d'aller jusqu'au bout des choses, on peut dire que c'est Brel qui m'a inspiré sur ce coup-là. Se lever, y aller, dire «oui», être gourmand de tout cela. Le «oui» m'interpelle, il me fait réfléchir. L'engagement me plaît et je me suis demandé quel était le moment le plus fort où le «oui» prenait toute sa symbolique ? Et c'est tombé sur le mariage ! De cette fin, j'ai remonté jusqu'au début du film, dans ce sens-là.

    Ce n'est pas la première fois que vous réalisez, en quoi cette fois-ci a été singulière ?

    Ce qui ne m'a pas plu, ce sont toutes les contraintes de départ. Et puis très vite, j'ai été séduit par le fait de découvrir de jeunes comédiens. Il y a peu de fenêtres dans ce métier où l'on peut mettre les gens en avant, autre que soi.

    Quand on fait un long-métrage, on n'est pas là pour aider les comédiens, on est là pour raconter une histoire et généralement, une vedette ou un acteur comédien, c'est pour servir le film, pas pour l'aider lui ou elle ! Les courts-métrages nous servent plutôt à nous exercer au métier de réalisateur. Là, c'était particulier car le but était de mettre en avant de jeunes comédiens.

    On savait aussi, avant même que le premier mot du film soit écrit, que l'on allait être à Cannes, c'est dingue car ce sont quand même les seuls films de toutes les Compétitions qui sont assurés d'être au Festival de Cannes! (rires). Ça a donc été excitant, gratifiant, et je pourrais dire que j'ai présenté un film à Cannes.

    Est-ce que cette expérience vous a encore plus donné envie de faire des films ?

    J'avais déjà envie depuis longtemps et ça me donne envie de prolonger cette expérience. Je ne pensais pas faire un deuxième court-métrage, et tant mieux car j'ai appris plein de choses encore.

    Je pense orienter mon écriture maintenant sur un long-métrage. Les comédiens dans ce court pourront sans doute y participer, ils m'ont séduit. De ces 800 comédiens de départ, je ne m'attendais pas trouver ces 4 talents là, qui ont tous un avenir certain. Ils m'ont accompagné dans mon projet, au même titre que je les ai accompagné.

    Que représente le Festival de Cannes pour vous ?

    Pour moi, le Festival de Cannes, c'est un peu comme Noël. C'est un rendez-vous de famille, une sorte de fête du cinéma ! Je trouve ce lieu d'échanges, de découvertes, d'artistes, de fêtes et de glamour formidable. Je participe à tout ça, j'aime picorer et surtout, j'aime me retrouver au bord de la mer. Que ce soit pour un film ou comme l'année dernière pour Canal+, c'est toujours le même plaisir d'être à Cannes.

    Vous êtes un ancien pilote de course, est-ce que le Festival est comme un circuit où tout le monde va vite ?

    C'est un circuit avec des virages à négocier, d'une certaine manière. Tout est question de virage je crois, dans nos vies, dans nos parcours artistiques. Le virage nous permet d'aborder les choses, au fur et à mesure de ce que l'on est, avec plus ou moins d'assurance, avec des sorties de route parfois…

    Notre vie est un parcours où chaque jour est un nouveau virage. Cannes est une étape. Avant, je roulais pour gagner, ce n'est plus le cas maintenant. Maintenant, je roule pour rouler, pour le plaisir de l'escalade. C'est le chemin qui compte.

    Vous nous faites rire Stéphane de Groodt, mais qu'est-ce qui vous fait rire ici à Cannes ?

    Je trouve drôle en général ce qui n'est pas drôle. Je fonctionne comme ça, je suis en décalage, tout le temps. Et pour moi, être décalé c'est être dans le bon sillage. Si on se décale un peu on voit mieux les choses. C'est comme pour la montagne, on la voit mieux de côté, décalé, plutôt que pile dessus. Quand je faisais la course, je n'aimais pas trop être le premier car je n'avais aucune perspective. Je voyais tout, donc rien. Au second rang, j'avais une cible, un objectif. Pour le rire, c'est pareil. Je suis à contretemps, ce qui me fait rire ne fait généralement pas rire les autres.

    Quel moment cannois vous a le plus marqué ?

    Ce que je trouve bien, ce qui me rend très sensible, ce sont les gens qui font Cannes. Ceux qui sont au bord de la route, ceux qui sont avec leurs petites échelles devant les Marches. Dès que l'on sort de la voiture, on est en contact avec un public qui fait le cinéma. Il n'y aurait pas de film s'il n'y avait pas ces gens-là !

    Le cinéma, c'est un truc très aseptisé, très faux parfois, et tout d'un coup, ces gens nous ramènent à la vraie vie. Il n'y aurait pas de cinéma sans cette vraie vie. Et pas de vraie vie sans cinéma non plus! (rires). Plutôt que de voir les paillettes à Cannes, j'aime bien voir les gens dans l'ombre.