Les malheurs de la résidence Robien

Les investisseurs croyaient avoir fait une bonne affaire avec l'immeuble Robien à Creil. Mais un dossier sur deux était faux et trois loyers sur quatre sont restés impayés.

Les malheurs de la résidence Robien

    «On ne veut plus de ce type de programme sur Creil, où aucun propriétaire n'habite sur place, avertit Jean-Claude Villemain, le maire. Dans ce style de copropriété, il y a toujours le risque d'une nouvelle Commanderie. »

    A Creil, la résidence Gambetta, rue Jules-Juillet, a 4 ans seulement et cristallise déjà les couacs du dispositif Robien. Les propriétaires avaient acheté sur plans un appartement pour le louer et profiter d'un crédit d'impôt. Les 96 logements sont donc occupés uniquement par des locataires. L'un d'eux a appelé le maire à l'aide. « Il habite Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes). Il ne peut pas récupérer ses loyers et veut vendre l'appartement. »

    « Une fiche de paie sur deux était fausse »

    « Il faudrait au moins 50 % de propriétaires occupants, explique le bailleur Oise Habitat. Sinon le programme a toutes les chances de partir à la dérive. Les gens ont acheté pour la rentabilité et non pour y vivre. Ils n'ont pas le souci de l'entretenir. » Le bailleur social a d'ailleurs récupéré d'anciens locataires de Gambetta qui accumulaient les dettes de loyers.

    Justement, dans le hall, un clerc d'huissier recherche sur les boîtes le nom de son débiteur. Il passe ici une fois par semaine.

    « Aujourd'hui, c'est pour le compte d'une banque. Au tout début, il n'y avait que ça, des impayés. Même les dépôts de garantie n'étaient pas versés. Alors les loyers ! » Fabienne Louis, responsable régionale chez Akerys, qui a commercialisé la résidence, le reconnaît : « Une fiche de paie sur deux était fausse, c'est propre à la ville de Creil ainsi qu'à la région parisienne. Depuis, nous prenons plus de garanties, nous exigeons quatre fois le montant du salaire et nous vérifions la véracité des informations auprès des employeurs. »

    Thierry, au rez-de-chaussée, a assisté au ballet des déménagements et expulsions. « Certains partaient avant. » Lui vient de changer de propriétaire. L'ancien, il ne l'avait jamais vu. Akerys tient le rôle d'agence de location et de syndic. Les bons payeurs avouent « qu'ils travaillent pour payer le loyer. Tous les ans, il augmente de 30 % », indique un jeune couple. D'autres s'entassent à sept dans un deux-pièces.

    Une situation dont ne veut plus la ville. A côté de la résidence, un nouvel immeuble se construit. La mairie a négocié avec le promoteur une mixité : les propriétaires-occupants côtoieront les locataires pour ne pas reproduire l'erreur de Gambetta.