Creil : face aux taxis clandestins, la colère monte

Les 22 taxis creillois poussent un coup de gueule contre la prolifération de cette concurrence illégale qui leur fait perdre une grande partie de leur chiffre d’affaires.

 Creil, ce mercredi. Les taxis locaux ne supportent plus cette concurrence déloyale.
Creil, ce mercredi. Les taxis locaux ne supportent plus cette concurrence déloyale. LP/Simon Gourru

    « Ce n'est pas difficile de les prendre en flagrant délit, ils ne se cachent même plus. » Attablé à la table d'un café du secteur de la gare de Creil, ce taxi creillois ne dissimule pas son désarroi. Depuis deux ans, le phénomène des taxis clandestins a pris de l'ampleur dans la commune du sud de l'Oise. Une concurrence déloyale pour les 22 chauffeurs sous licence de Radio Taxi Creil.

    120 000 € la licence

    Le procédé est simple, ces chauffeurs rabattent directement les clients dans la gare, en leur expliquant être stationnés un peu plus loin. Certains se présentent comme taxis, d'autres jouent sur les mots. « C'est complètement injuste, nous avons payé une licence à 120 000 €, plus la taxe de stationnement et les différentes charges, s'étouffe cet autre chauffeur. Chaque mois je dois rembourser 1 500 € et encore je suis propriétaire de ma voiture. Pour certains c'est 2 500 € par mois. Avec entre 10 et 15 heures de travail quotidien, forcément on se sent acculés. »

    Une nette baisse du chiffre d'affaires

    Pour ces taxis qui réalisent essentiellement des trajets locaux, « 10 km autour de la gare », cette menace clandestine représente aussi une baisse du chiffre d'affaires. « C'est énorme ! En soirée, cela représente 40 % en moins », souffle un taxi. Pourtant, selon lui, cette concurrence n'est pas due à une offre qui serait sous-dimensionnée. « Creil est la ville de l'Oise la plus desservie. Nous payons une image de prix élevés alors que les clandestins font parfois payer plus ! Sans compter qu'ils ne sont soumis à aucune obligation en termes de sécurité. »

    « Qu'ils viennent porter plainte »

    En 2013, après cinq mois d'enquête, cinq taxis clandestins avaient été interpellés par la police. « Mais aujourd'hui plus rien, alors que nous avons relevé les plaques des voitures concernées et les avons transmis au commissariat. » Pourtant le commissaire Noël Monteggiani assure ne pas en avoir été informé. « Je n'étais même pas au courant de cette situation! Qu'ils viennent porter plainte. Qu'ils nous saisissent officiellement et nous agirons. »

    Pour ces chauffeurs, il devient urgent de s'attaquer au problème. « Ils tuent notre travail et en plus viennent nous narguer. On ne peut plus laisser faire cela. »