Dans l’Oise, la justice donne raison aux anti-chasse à courre

Le tribunal de Compiègne a rejeté ce mardi les demandes de l’Office national des forêts, qui souhaitait faire condamner trois opposants à la vénerie. Une décision qui renforce la détermination de ces derniers.

 Stanislas Broniszewski, l’un des fondateurs du mouvement Abolissons la vénerie aujourd’hui (Ava), faisait partie des personnes poursuivies.
Stanislas Broniszewski, l’un des fondateurs du mouvement Abolissons la vénerie aujourd’hui (Ava), faisait partie des personnes poursuivies. LP/Stéphanie Forestier

    Il lit la décision du tribunal correctionnel de Compiègne avec un sourire jusqu'aux oreilles. Ce mardi, Stanislas Broniszewski, l'un des trois opposants à la chasse à courre que l'Office national des forêts (ONF) souhaitait faire condamner, ne peut que se réjouir.

    « La justice nous donne raison, on va continuer plus fort et sans cette épée de Damoclès au-dessus de notre tête ! » clame-t-il, devant une dizaine de personnes du collectif Abolissons la vénerie aujourd'hui (Ava).

    L'ONF réclamait 63 000 €…

    L'ONF s'était tourné vers la justice en juillet 2018, convaincu que les trois Compiégnois avaient enfreint la loi en empêchant la chasse à courre, qui lui loue des parcelles de forêt, de se tenir dans de bonnes conditions.

    Dans sa décision rendue ce mardi, le tribunal rejette donc « l'ensemble des demandes de l'ONF », y compris les 63 000 € de dédommagements demandés par le gestionnaire des massifs. Une somme qui devait servir à rembourser les veneurs, mécontents de ne pouvoir chasser.

    1500€ pour chacun des trois opposants à la chasse

    D'autant qu'ils paient le prix fort pour traquer le cerf dans les forêts de Compiègne et de Laigue : des sommes allant de 70 000 à 33 000 € par an. Ainsi, il y a six mois, les équipages de la Futaie des amies et de Rivecourt avaient respectivement reçu respectivement 7 000 et 3 000 € de remboursement de l'ONF, pour ne pas avoir pu chasser.

    À l'inverse, c'est finalement l'Office national des forêts qui a été condamné à verser 1 500 € à chacun des trois anti-chasse, en plus du remboursement des frais d'avocat. « On ne demandait pas d'argent », souligne Stanislas Broniszewski. Dans le doute, une cagnotte avait été lancée par Ava, en prévision d'une potentielle condamnation.

    Elle a permis de récolter 4 300 €. « Cet argent n'est pas perdu puisque nous avons une dizaine de procédures en cours dans toute la France. Nous pourrons aider à payer d'éventuels frais d'avocats », précise le responsable d'Ava. De son côté, l'avocat de l'ONF, Me Rémi-Pierre Drai, n'exclut pas de faire appel. « On a récupéré d'autres preuves depuis les plaidoiries », prévient-il.

    « On sera en forêt dès ce mercredi »

    Alors que la saison de chasse, qui doit s'achever fin mars, est encore très tendue, avec de nombreuses polémiques, les opposants se disent plus motivés que jamais, après cette décision de justice. « On sera en forêt dès ce mercredi, on n'a jamais perdu au tribunal », se réjouissent Léa et Catherine, deux membres d'Ava.

    De quoi inquiéter Alain Drach, le maître d'équipage de la Futaie des amis. « Ils entrent dans des zones où ils n'ont pas le droit d'aller. Je redoute que le cerf puisse les blesser, ce n'est pas le papa de Bambi! Il a tué un de nos rabatteurs en 2017 », rappelle le responsable.