Agression du journaliste Edwy Plenel : l’actrice et réalisatrice Maïwenn condamnée à 400 euros d’amende

Maïwenn Le Besco était jugée ce mardi par le tribunal de police de Paris pour avoir agressé le fondateur de Mediapart au mois de février 2023 dans un restaurant du XIIe arrondissement de la capitale.

Paris, ce mardi. Edwy Plenel (au centre) à son arrivée au tribunal de police de Paris. LP/Benjamin Derveaux
Paris, ce mardi. Edwy Plenel (au centre) à son arrivée au tribunal de police de Paris. LP/Benjamin Derveaux

    En cette soirée du 22 février 2023, c’est dans un restaurant du XIIe arrondissement de Paris qu’Edwy Plenel et son avocat et « très vieil ami » Me Jean-Pierre Mignard se sont donné rendez-vous pour dîner. Arrivé à la moitié de leur repas, le fondateur de Mediapart voit une femme, seule à table, se lever et s’avancer jusqu’à lui. Capuche sur la tête, elle l’attrape par les cheveux, lui bascule la tête en arrière et esquisse un crachat. Le tout « sans dire un mot », raconte le journaliste. « C’était une scène extrêmement violente », assure une femme, assise ce soir-là à quelques mètres de leur table.

    Alors que l’autrice de l’agression est déjà sortie, Edwy Plenel, lui, est en pleine « sidération ». Rapidement, le gérant de l’établissement lui fait savoir que cette femme n’est autre que la réalisatrice et actrice Maïwenn Le Besco. Près de 11 mois après ces faits, la comédienne de 47 ans a été condamnée à 400 euros d’amende par le tribunal de police de Paris, où elle était jugée ce mardi pour « violence n’ayant entraîné aucune incapacité de travail ». Elle devra aussi verser 1 euro à sa victime ainsi que 1 500 euros à Mediapart de dommages et intérêts.

    L’affaire Luc Besson en toile de fond

    L’affaire a été révélée après une plainte d’Edwy Plenel, déposée dans les semaines qui ont suivi son agression. Au préalable, il avait demandé à Me Mignard de joindre l’avocat de l’époque de Maïwenn et décédé en avril 2023, Me Hervé Temime, pour que l’actrice présente ses excuses et qu’« on en reste là ». « Il n’y en a jamais eu », déplore le journaliste à la barre. « J’ai déposé plainte par question de principe. On ne peut pas régler des différends par la violence physique », poursuit ce dernier qui indique avoir agi « au nom de Mediapart ».

    Le différend en question ? La publication par son média en 2021 d’un article reprenant des extraits d’une audition de Maïwenn devant les policiers dans le cadre de l’affaire des accusations de viol à l’encontre de son ex-mari et père de leur fille, Luc Besson. Des extraits tronqués, selon la comédienne, qui ne « reflète en rien » ce qu’elle a dit aux enquêteurs. Selon la quadragénaire, qui s’en est déjà expliquée dans la presse, l’article en question était d’autant plus douloureux pour elle que son autrice, rencontrée deux ans plutôt, ne l’aurait pas prévenue de la parution.

    « Le sang est monté »

    Devant le tribunal, la réalisatrice confirme les faits. « Je dînais toute seule et j’ai remarqué que M. Plenel se trouvait sur ma droite et qu’il m’observait de temps en temps, relate-t-elle. J’ai repensé à tout ce que Mediapart m’avait fait et, à un moment, le sang est monté. » Quant à la question d’avoir craché ou non à la figure du directeur de publication, elle assume que c’était sa volonté. « Mais le crachat n’est pas sorti comme j’aurais voulu. » Et de qualifier ce geste de « politique et symbolique ». « Je ne sais qu’on ne se fait pas justice soi-même (…) Mais je ne m’excuse pas et ne regrette pas. »



    Une absence de regrets qui interroge l’avocat des parties civiles, Me Pierre-Emmanuel Blard. « Qu’est-ce qui nous dit que si elle croise Marie Turchi [journaliste de Mediapart à l’origine de l’article en question], contre qui elle a eu une dent, elle ne l’agressera pas ? ». Du côté de la défense, on déplore que « la vie privée de Maïwenn Le Besco » ait été « mise à nu » par « un article publié sous le manteau » qui l’a plongée dans un « état de sidération ».

    « Malgré le caractère légitime de la presse, cela n’empêche pas la souffrance », souligne son avocat Me Jean Aittouares, qui a réclamé « une dispense de peine », en vain. À l’issue de l’audience, où le président du tribunal avait imploré qu’elle ne se transforme pas en « tribune médiatique », Edwy Plenel s’est félicité d’un « exemple de principe ». « On ne tape pas sur un journaliste au prétexte qu’un article nous déplaît », rappelle-t-il. « Laisser cette loi de la jungle proliférer, c’est ouvrir une boîte de Pandore dont tous les journalistes pourraient être victimes. »