Paris : la justice valide le projet de pisciculture au réservoir de Grenelle

Le tribunal administratif vient de débouter les détracteurs du projet d’aquaponie sur le réservoir d’eau non potable du XVe.

 Réservoir de Grenelle, rue de l’Abbe Groult (XVe). La bataille dure depuis plus de 3 ans entre les riverains, mobilisés contre le « bétonnage » du réservoir, et la fondatrice du projet d’aquaponie.
Réservoir de Grenelle, rue de l’Abbe Groult (XVe). La bataille dure depuis plus de 3 ans entre les riverains, mobilisés contre le « bétonnage » du réservoir, et la fondatrice du projet d’aquaponie. LP/E.S.

    De reports techniques en bataille juridique, le projet de ferme aquaponique refait surface sur le réservoir de Grenelle, rue de l'Abbé-Groult (XVe). Le tribunal administratif de Paris vient de débouter de leur recours les associations de riverains et de défense de l'environnement, qui avaient attaqué le permis de construire accordé en février 2018 à Green'elle, l'entreprise agricole lauréate d'un appel à projet « Parisculteurs » de la Ville de Paris. Combattue depuis plus de 3 ans mais jamais abandonnée, mise en sommeil alors que deux recours, d'abord gracieux puis plus procédural, menaçaient de le voir prendre l'eau, la ferme d'aquaponie pourrait voir le jour d'ici l'été, du moins ses premières installations, lancées « si tout va bien » aux abords du mois de mai sur cet ancien réservoir de 6 000 m2 classé « zone urbaine verte ».

    L'aquaponie est bien de l'agriculture urbaine

    « Si tout va bien », c'est notamment si les opposants ne font pas appel de la décision du tribunal administratif, rendue en fin de semaine dernière. Sur ce plan l'avocate de Cécile Roux, la fondatrice de Green'elle et porteuse de ce projet « d'économie circulaire saine et vertueuse », ainsi qu'elle le défend la pariscultrice, se veut plutôt sereine. « Le recours est rejeté de façon très claire et sur tous ses arguments, analyse Me Katia Leselbaum. L'avis du tribunal est d'ailleurs assez tranché sur plusieurs points, notamment en confirmant que l'aquaponie relève bien de l'agriculture urbaine telle qu'elle est définie par le Plan local d'urbanisme (PLU) dans ses zones urbaines vertes. Cela confirme la légitimité du projet. Après un jugement aussi favorable, l'on peut imaginer lancer les travaux après le délai d'appel », estime l'avocate de Green'elle. Et de souligner qu'« après tant d'années de procédures, la créatrice de Green'elle a continué de travailler son projet, y a apporté des évolutions techniques et y tient plus que jamais ».

    Des riverains toujours furieux

    Elle n'en a probablement pas fini avec les obstacles, tant les riverains de Respiration Paris 15 et de France nature environnement (FNE Paris) ne font pas la même lecture de la décision du tribunal. Les premiers dénoncent depuis toujours « non le projet d'aquaponie en soi mais son implantation dans ce lieu, qui est un non-sens », insiste Gérard Der Agobian, le vice-président de l'association, qui se dit « choqué » par le balayage radical des arguments de l'association. « Ce projet entraîne une dégradation du paysage, au contraire d'une valorisation ». L'autre point d'achoppement qui devrait conduire à une nouvelle saison juridique, relève du code de l'urbanisme : « la loi sur l'eau interdit de construire des installations de pisciculture à moins de 100 m d'habitations, rappelle Bernard der Agobian, qui conteste la dérogation préfectorale accordée au projet. Pour le coup, il y a des centaines d'habitants à bien moins que 100 m ! »

    Même déception chez FNE Paris, qui réfléchit aussi à faire appel et veut se donner « le temps de tout bien étudier ». « Notre position n'a pas changé, ce projet n'a rien à faire en ce lieu et nous espérons qu'il ne se fera pas », confirme sa présidente, Christine Nedelec.