Paris : ne l’appelez plus « Petit Journal », mais Jazz Café

Club de jazz de renom, le Petit Journal Montparnasse (XIVe) a laissé place au Jazz Café, inauguré en novembre. Le gérant espère redynamiser un quartier où l’on ne fait plus la fête.

 Paris (XIVe). Le Jazz Café Montparnasse remplace le mythique club de jazz Petit Journal Montparnasse et accueille lui aussi des concerts live.
Paris (XIVe). Le Jazz Café Montparnasse remplace le mythique club de jazz Petit Journal Montparnasse et accueille lui aussi des concerts live. Patrick Martineau

    Et si vous profitiez des vacances pour aller écouter Angelo Debarre — virtuose du jazz manouche — ce samedi au… Jazz Café (XIVe) ? Vous ne connaissez pas ? Normal, le nom de cet établissement est encore « nouveau » et pourtant ce lieu est mythique pour les amoureux de cette musique venue du sud des Etats-Unis.

    Cerné par des travaux, des stations de bus et des boxes à louer, seul le Jazz Café Montparnasse égaye les trottoirs de la triste rue du Commandant René-Mouchotte avec ses néons rouges. Inauguré en fin 2017, l'établissement, à la fois restaurant et café-concert, a fait le pari de s'installer dans un quartier morne et délaissé.

    Mais pas n'importe où donc : à l'endroit même où le Petit Journal Montparnasse, temple du jazz, faisait danser les Parisiens dès son ouverture, en 1984. « Les grands jazzmen, comme Michel Petrucciani et Eddy Louiss, venaient sur cette scène, certaines stars se rejoignaient ici après leurs concerts », rappelle Aurore Voilqué, musicienne et programmatrice du Jazz Café.

    Aujourd'hui, après plusieurs changements de propriétaires et l' échec de la Dame Rose, le temps où intellectuels, artistes et simples amateurs de jazz se retrouvaient sur les banquettes du Petit Journal paraît loin. Le gérant, M. Belharet, reconnaît que le défi est grand : « De l'eau a coulé sous les ponts. Ramener la clientèle ici, c'est un chantier. Mais si on ne prend pas le risque, le quartier ne bougera jamais ».

    Et pour « ramener » la clientèle, le nouveau propriétaire a compris qu'il fallait aussi miser sur la qualité des mets, quand la plupart des grands clubs de jazz parisiens ne proposent pas à manger, ou très peu. « On veut en faire un lieu de concert et un restaurant ». Issu d'une famille de restaurateurs, M. Belharet recrute alors deux chefs cuisiniers qui ont fait leurs armes dans des hôtels réputés de la capitale. Les soirs d'affluence, ils peuvent servir 250 couverts.

    Il a fallu quatre mois de travaux pour changer complètement de décor. Fini le bois à tout-va, le rose bonbon, le bleu et le vert. Le Jazz Café s'est mué en bar feutré et élégant, au style Art Déco épuré. La magnifique verrière, « patte » historique du lieu, est conservée. « L'ADN du Petit Journal est toujours là, dans les murs et dans la tête des gens. On profite de cette notoriété, alors on n'a pas intérêt à se planter », résume le gérant.

    Mais hors de question de faire du copier-coller. Du nom « Petit Journal », qu'il ne pouvait pas reprendre, il garde l'idée de « petit », au sens humble du terme (même si le restaurant s'étale sur 500 m²). Et de l'expression « café-concert », il préfère retenir la notion de café, au sens populaire du terme. Chez lui, tous les concerts (du jeudi au samedi) sont gratuits.

    « On a voulu casser l'image du club de jazz prétentieux. Les étudiants peuvent se pointer avec 3 € et commander un demi en écoutant de la musique. Notre différence, c'est que le patron ne vient pas du milieu du jazz », argue Aurore Voilqué.

    A terme, le Jazz Café espère accueillir un artiste par soir et instaurer de manière régulière des dîners-concerts à prix fixe. Le défi sera alors tout autre : rester « populaire », malgré des entrées payantes.

    « J’y retrouve ma jeunesse ! »
    La programmation