Affaire Benalla : les cinq temps forts de l’audition de Gérard Collomb

Le ministre de l’Intérieur a assuré qu’il n’était pas au courant de la présence d’Alexandre Benalla place de la Contrescarpe le 1er mai.

 Gérard Collomb, ce 23 juillet, lors de son audition à l’Assemblée nationale.
Gérard Collomb, ce 23 juillet, lors de son audition à l’Assemblée nationale. LP/Olivier Corsan

    « Je jure de dire toute la vérité et rien que la vérité ». La main levée, Gérard Collomb a prêté serment lundi matin à 10 heures. Venu à l'Assemblée nationale pour être auditionné sur l'affaire Benalla, le ministre de l'Intérieur a fait face pendant deux heures et demie aux caméras et à plusieurs dizaines de députés de la commission des Lois, constituée en commission d'enquête parlementaire.

    Quand le ministre de l'Intérieur a-t-il appris l'existence de la fameuse vidéo tournée le 1er mai place de la Contrescarpe? Pourquoi n'a-t-elle pas fait l'objet d'un signalement? Sur tous ces points, les réponses de Gérard Collomb étaient attendues. Voici ce qu'il faut en retenir.

    Collomb était bien au courant des faits le 2 mai

    Avant de répondre aux questions des députés, le ministre de l'Intérieur a pris la parole pendant une quinzaine de minutes pour raconter notamment comment il avait pris connaissance dès le 2 mai de la vidéo montrant Alexandre Benalla frapper un manifestant.

    « Ce n'est qu'en rentrant en début d'après-midi que mon directeur de cabinet et mon chef de cabinet m'informent de l'existence d'une vidéo, de l'implication de M. Benalla, de la qualité de celui-ci », a assuré Gérard Collomb. « Ils m'indiquent avoir porté cette information à la connaissance du cabinet du président de la République. »

    « Je n'ai vu la vidéo avec Benalla que le lendemain »

    Après le 2 mai, Collomb « ne s'est plus occupé » d'Alexandre Benalla

    Le ministre l'affirme : dans la soirée du 2 mai, son directeur de cabinet « est prévenu qu'une sanction va être prise ». Le cabinet de la présidence et la préfecture de police ayant été mis au courant de la situation, Gérard Collomb a considéré que « les faits signalés étaient pris en compte à un niveau adapté et je ne m'en suis plus occupé ».

    A ses yeux, il ne lui appartenait pas de faire part à la justice de la conduite d'Alexandre Benalla. « C'est à ceux qui sont en responsabilité dans leurs administrations, au plus près du terrain, de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d'un signalement au titre de l'article 40 », spécifiant que tout fonctionnaire doit signaler un délit au procureur quand il en a connaissance.

    Pour Collomb, « ce n'est pas au ministre » de saisir la justice

    Collomb « ne connaissait pas » Alexandre Benalla

    Alexandre Benalla avait beau être chargé de la sécurité pendant la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron et Gérard Collomb être l'un des premiers macronistes déclarés, ce dernier a affirmé qu'il « ne connaissait pas » Alexandre Benalla.

    Le ministre l'a bien rencontré mais il a dit « ignorer sa qualité de conseiller du président de la République ». « La dernière fois que je l'ai croisé, c'était pendant la Coupe du monde de football », a encore expliqué Gérard Collomb.

    Collomb : « Je ne connaissais pas Benalla personnellement »

    Par conséquent, il n'a « jamais été informé » de la présence du chargé de mission du président place de la Contrescarpe le 1er mai ni celle de Vincent Crase, qu'il « connaissait encore moins ». « C'était la préfecture de police qui était sans doute informée de la venue sur la manœuvre de M. Benalla, pas forcément le préfet de police lui-même », a-t-il jugé.

    Le soir du 1er mai, le ministre de l'Intérieur a également raconté avoir croisé Alexandre Benalla et Vincent Crase dans la salle de commandement où il « est allé regarder avec le préfet de police la suite des opérations ».

    Pourquoi avoir tant attendu pour saisir l'IGPN ?

    Gérard Collomb a demandé à son directeur de cabinet de saisir l'IGPN (Inspection générale de la police nationale, communément appelée « police des polices ») après la publication de l'article du Monde, le soir du 18 juillet. « Celle-ci a été effective dans l'après-midi du 19 juillet », a rappelé le ministre.

    Pourquoi avoir attendu cet article ? « Parce qu'il apporte des éléments nouveaux et la découverte de nouvelles images où M. Benalla est équipé d'un brassard siglé police et doté d'une radio », affirme le ministre. Gérard Collomb « ne sait pas » qui a fourni ce brassard et cette radio, ni comment il a pu disposer d'un véhicule équipé d'un gyrophare.

    Collomb a parlé d'Alexandre Benalla « le moins possible » avec Macron

    Le ministre a-t-il directement abordé le cas d'Alexandre Benalla avec le président de la République le 2 mai ? Non, a fait savoir Gérard Collomb. Alors qu'Emmanuel Macron se trouvait en Australie, il l'a « seulement informé de la violence des événements du 1er mai ». « Je n'ai jamais évoqué au cours de réunions avec le président de la République le cas de M. Benalla », a-t-il ajouté.

    « Le président et moi avons parlé des faits le moins possible »

    Cependant, quelques instants plus tard, Gérard Collomb a reconnu « avoir rencontré le président de la République » le week-end dernier. Et au cours de cette rencontre, les deux hommes ont bien parlé de l'affaire Benalla mais « le moins possible. Le président était plutôt préoccupé par l'avancement de la réforme constitutionnelle ».

    La précision n'a pas manqué de déclencher quelques rires parmi les membres de la commission des Lois. « Je n'ai jamais évoqué le cas de M. Benalla (avec Emmanuel Macron) avant le 18 juillet », a-t-il ensuite résumé en répondant à une question du co-rapporteur LR Guillaume Larrivé.