Dans les coulisses de la « grande marche » de Macron

LE FAIT DU JOUR. Le ministre de l'économie prépare activement le terrain avec son mouvement «En Marche».  

    Un vulgaire porte-à-porte ? En coulisses, la « grande marche » d'Emmanuel Macron, qui doit débuter le 28 mai, fait pouffer les responsables du PS. « C'est vachement moderne », ironise en petit comité Jean-Christophe Cambadélis.

    Le dispositif n'a pourtant rien à envier aux techniques marketing les plus pointues. Macron compte interroger 100 000 personnes pour nourrir un futur plan d'action. Près de 12 000 militants se sont déjà portés volontaires pour recueillir ces « verbatims », selon le mouvement En marche. Pour cette opération, Macron s'est offert les services de Liegey Muller Pons (LMP). Une start-up spécialisée en stratégie électorale, à laquelle le PS a fait appel à plusieurs reprises, notamment pour la campagne de François Hollande en 2012. Elle se targue de lui avoir fait gagner quelque 300 000 voix en frappant à 5 millions de portes. « Les techniques numériques sont encore plus puissantes qu'à l'époque », s'enthousiasme le cofondateur Guillaume Liegey, qui s'est familiarisé avec ces nouveautés en participant à la campagne de Barack Obama en 2008. Depuis, l'expert mise sur « l'alliance des data, des logiciels et du travail de terrain ».

    Les « data », quésako ? Avant d'envoyer ses volontaires sur le terrain, LMP compile les données de l'Insee et les résultats électoraux par bureau de vote. Objectif : déterminer à quelles portes frapper. « D'habitude, le porte-à-porte du PS, c'est aller voir les gens qu'on connaît pour leur dire d'aller voter pour nous », raille Philippe Chalumeau, secrétaire d'une section PS à Tours, qui s'est porté volontaire pour coordonner une équipe de « marcheurs ». Un logiciel lui indiquera à quelles portes sonner pour prévenir ses militants. Une fois sur les paliers de porte, les questions (« citez une initiative concrète autour de vous qui mérite d'être déployée à grande échelle », par exemple) apparaîtront sur son smartphone grâce à une application, qui fera remonter en direct les réponses au siège.

    Reste un point crucial : le recrutement et la formation des militants. Car, relève Guillaume Liegey, « s'il n'y a personne sur le terrain, tout ça ne sert à rien ». Prière donc de bichonner les volontaires. Militer doit être « facile et sympa », dit-il. Le samedi, dans les locaux de LMP, on cultive la bonne ambiance façon start-up. « Ce n'est pas une leçon magistrale, on fait des jeux de rôle, on va sur le terrain ensemble », décrit Liegey. « On sent qu'on vous fait confiance et, du coup, on a encore plus envie de donner », confie Aziz François Ndiaye, chef d'entreprise quadragénaire, revenu emballé de sa formation.