Européennes : non, Bové, Hue et Martinez n’appellent pas à voter Macron

Depuis plusieurs jours, des appels de leur part à soutenir le chef de l’Etat sont relayés sur les réseaux sociaux alors qu’ils datent de la présidentielle de 2017. Les deux responsables politiques s’en agacent.

 José Bové et Robert Hue, ici photographiés en septembre 2000, ne soutiennent pas Emmanuel Macron pour les élections européennes du 26 mai prochain.
José Bové et Robert Hue, ici photographiés en septembre 2000, ne soutiennent pas Emmanuel Macron pour les élections européennes du 26 mai prochain. AFP

    « C'est minable ». Au téléphone, José Bové est agacé. La raison de son courroux ? Ces derniers jours, de nombreux internautes ont relayé un prétendu appel de sa part à voter Emmanuel Macron… Le même phénomène concerne Robert Hue, ancien patron du Parti communiste français, ou le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez.

    En réalité, le député européen EELV a bien appelé dans une tribune parue Libération à « voter sans aucune retenue pour Macron », mais c'était le 27 avril 2017, soit pendant l'entre-deux tours de la campagne présidentielle.

    Idem pour Philippe Martinez : c'est un article du Monde, daté du 5 mai 2017 et dans lequel il souhaitait que « Macron fasse le score le plus haut possible » face à Marine Le Pen, qui refait surface, notamment diffusé par des comptes habitués à relayer des messages pro-Macron. Quant à Robert Hue, il avait annoncé le 10 mars 2017 son soutien au candidat Macron, dans Le Monde également.

    Or, si les internautes n'ouvrent pas l'article en question, ils peuvent penser que ce soutien a été annoncé lors de l'actuelle campagne des élections européennes. D'autant que certaines personnalités l'ont aussi relayé, comme le fondateur du site L'important, Claude Posternak, qui a posté mardi dernier : « Robert Hue soutient Emmanuel Macron :-) ».

    « Ce tweet était plutôt private joke [blague privée], le lien était clair et renvoyait à un papier de 2017. [...] Si vous suivez mes messages, vous devriez savoir que je ne joue pas avec les ambiguïtés », se défend-il, interrogé par le Parisien. Il a finalement supprimé son tweet ce samedi midi, après nous avoir répondu.

    /
    / AFP

    L'ex-ministre des Affaires européennes (2002-2004) Noëlle Lenoir a elle « liké » un message concernant José Bové.

    « C'est typiquement une fake news et une tentative de déstabilisation pendant la campagne », s'agace José Bové, contacté par Le Parisien. Le député européen EELV soutient la liste écologiste menée par Yannick Jadot et il participera d'ailleurs mardi prochain à un meeting de son parti. « Il n'y a aucune ambiguïté possible sur mon soutien », assène-t-il, espérant que la réunion publique de mardi soir permettra de « clarifier » les choses.

    « Scandaleux et détestable », s'agace Robert Hue

    Même agacement chez Robert Hue. « C'est scandaleux et détestable. Ils veulent me mettre mal avec mes amis qui ne soutiennent pas Macron. Ça me conduit a démentir alors que je n'ai rien demandé pendant cette campagne, mais le coup est fait », se désole celui qui n'a pas pris et « ne prendra pas » de position publique pendant cette campagne.

    Très discret depuis son retrait de la vie politique en 2017, Robert Hue avait indirectement réagi mardi via un communiqué du Mouvement des Progressistes (MdP), qu'il préside et a fondé en 2009, pour démentir ce supposé soutien.

    « Ce communiqué et sa formulation ont été faits en total accord avec lui. Il a été très malheureusement étonné de découvrir dans la presse, notamment sur BFM, qu'il soutiendrait Macron », nous indique l'actuel secrétaire général de ce parti, François Béchieau. La chaîne info a en effet publié mardi dernier un article relayant ce supposé soutien de Robert Hue à Emmanuel Macron, avant de très vite le retirer (mais on en retrouve la trace dans les archives d'Internet ).

    Philippe Martinez n'a pas pris publiquement position non plus pour l'une des listes de candidats.

    Quant à la loi anti-fake news, entrée en vigueur au début de l'année, José Bové ne voit pas très bien comment elle pourrait s'appliquer. « Les gens pourront toujours dire qu'ils ont juste partagé le message après avoir vu le titre et sans faire attention, on voit bien comment ils pourront utiliser toutes les failles », soupire-t-il.